mercredi 28 mars 2018

Avant que naisse la forêt

Jérôme Chantreau

Les Escales, 2016



Un livre chantant les vertus envoûtantes de la nature, la puissance des arbres, l’appel irrépressible de la forêt : voilà bien vers quoi je ne me serais certainement pas tournée de moi-même. Mais puisqu’un tel roman m’était offert, j’étais très curieuse d'en faire la découverte. Moins sans doute pour le texte lui-même que pour mieux faire connaissance avec la personne qui m’en avait fait le précieux présent...

Pourtant, Jérôme Chantreau installe une atmosphère par laquelle je me suis d’emblée laissée happer. Quelque chose de très personnel et d'intimiste. Un univers, en somme, auquel je ne me suis pas sentie étrangère. Car ce roman est aussi - et peut-être avant tout - celui de la mémoire, de l’enfance perdue, des souvenirs que l’on tente de retrouver lorsque ce qui les constitue a définitivement disparu.

Lorsqu’on fait la connaissance d’Albert, le narrateur, il vient d’apprendre le décès de sa mère et part veiller son corps dans la maison qu’elle avait choisi d’habiter au coeur du domaine sylvestre familial. Ce qui ne devait être l’affaire que de quelques jours, le temps de préparer la cérémonie funèbre, devient un voyage sans retour, un voyage aux tréfonds de la mémoire, personnelle, maternelle, ancestrale. Un voyage initiatique où le narrateur va peu à peu se dépouiller de tout pour renouer avec ses racines et recevoir le legs de sa mère. 
Et que reste-t-il désormais de celle-ci, si ce n’est quelques disques dont l’écoute lui permet d'en ressentir fugitivement la présence ? Quelques disques et l'attachement profond, viscéral qu'elle avait pour la forêt, ainsi que la complicité qu'elle entretenait avec ses mystérieux habitants.

Avec ce roman aux accents oniriques, hallucinés parfois, Jérôme Chantreau nous entraîne dans les replis les plus secrets et les moins accessibles de l'existence, nous offrant ainsi un texte aussi singulier qu’ensorcelant.











8 commentaires:

  1. C'était un 68 "promotion automne 2016" :-)
    Une écriture à laquelle nous nous étions laissées prendre, à notre grande surprise. Et un auteur hyper sympa ce qui ne gâte rien.

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    1. Je n'étais pas encore entrée dans la danse. Mais 68 un jour, 68 toujours... voilà qui se vérifie !
      :-))

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  2. Ton billet a éveillé ma curiosité au point que je suis allée jeter un œil aux premières pages du livre (version numérique) et c'est vrai qu'on est tout de suite capté par l'ambiance, l'écriture : on t'a fait là un bien beau cadeau :).

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  3. J'avais laissé un commentaire, où s'est-il donc envolé ? Les avis étaient assez contrastés quand ce livre est sorti, tu me donnes envie de le découvrir.

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    1. Quant à moi, j'étais complètement passée à côté, je n'en avais même pas entendu parler... Il me semble que c'est un texte que tu pourrais apprécier.

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  4. Moins enthousiaste que vous; sous prétexte de connaissances sylvicoles, l'auteur délaie son propos sur l'amour de la forêt.
    J'ai été agacée par les longueurs et le genre "bobo" d'Albert.
    danielle

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    1. Pour ma part, j'ai apprécié son écriture, l'atmosphère qu'il distille.
      J'aurais pu être d'accord avec vous si le roman avait été plus long. Mais là, j'ai trouvé le rythme était le bon. Bref, contre toute attente, je me suis laissée prendre... Mais je peux comprendre que le charme n'opère pas... :-)

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