Il faut parfois attendre le bon moment pour lire un livre. Cela faisait maintenant quelques mois que ce roman s'enfonçait dans ma pal. Sa jolie jaquette m’avait charmée, mais l’atmosphère qui me semblait s'en dégager, empreinte d’une certaine nostalgie, ne correspondait pas à mon humeur de l'instant. Du moins jusqu'au week-end dernier.
J'ai soudain eu envie de cette forme de dépaysement qu'il promettait. Et en faisant le choix de donner à son récit deux héroïnes vivant à deux époques différentes, il m'offrait aussi de pouvoir faire un bond dans le temps, ajoutant en outre une note, légère, de surnaturel...
Tout se passe autour d’une maison située aux portes du désert australien, cette région écrasée par la chaleur et plutôt rétive à toute forme de vie. C’est pourtant là qu’Ann s’était installée avec son mari au début du XXe siècle, se mettant en tête de développer dans son jardin toutes sortes de plantations. Il faut dire qu’Ann n’a pas peur de l’adversité. En quittant Sidney et en épousant un fils d’immigrés irlandais contre l’avis de sa famille, elle a définitivement rompu avec la vie confortable mais sans éclat à laquelle elle était destinée.
Près d’un siècle plus tard, Valérie tombe sous le charme de cette maison désormais tombée à l’abandon et de son jardin où subsistent les restes d’une surprenante végétation. Venue des quartiers nord de Marseille, elle aussi a voulu quitter un univers dans lequel elle ne se sentait pas à sa place. Etudier l’histoire de l’art paraissait à ses parents et plus encore à ses frères une étrange lubie qui ne manquait pas de susciter leur incompréhension et leurs railleries. C’est au bout du monde qu’elle va s’efforcer de créer un festival d’art contemporain, aux côtés de son mari et de leur petite fille.
Comme Ann avant elle, en menant un projet paraissant totalement déplacé, elle doit déployer une énergie considérable et faire face à une certaine forme de condescendance. Sylvie Tanette conjugue le récit de ces deux femmes, désireuses de s’affranchir de leur condition et de réaliser leurs ambitions en dépit des contraintes ou des oppositions familiales. Elle pose sur ses personnages un regard tendre qui donne à ce roman une couleur très douce, comme une photo sépia, qui en d’autres circonstances aurait peut-être pu me laisser indifférente mais à laquelle j'ai été aujourd’hui très sensible.
J'ai fait une petite recherche sur l'auteure, apparemment c'est son deuxième roman et le premier a l'air très bien aussi. Je note.
RépondreSupprimerOui, elle a écrit un premier roman, qui remonte déjà à plusieurs années. Mais je ne l'ai pas lu. Je ne sais pas s'il est dans le même esprit...
SupprimerJe n'étais pas d'humeur sépia, moi... il m'a laissée totalement indifférente ce roman :-)
RépondreSupprimerJe dirais que c'est vraiment un roman d'atmosphère. Du coup, tout dépend, me semble-t-il, de l'état d'esprit dans lequel on le lit. Comme je le dis dans mon billet, je pense que j'aurais très bien pu passer à côté...
SupprimerL'auteure est française, donc ? mais le roman dépaysant, ce qui pourrait me convenir.
RépondreSupprimerOui, elle est française, comme l'une de ses deux héroïnes.
SupprimerDéjà, quand je vois le mot "jardin" dans un titre, je dresse l'oreille. En plus en Australie .. je le garde dans un coin de ma tête. Je suis de plus en plus persuadée que la rencontre avec un livre est vraiment une affaire de bon moment. Il ne faut pas hésiter à laisser de côté et à reprendre plus tard. (Aifelle)
RépondreSupprimerAh oui, ça c'est absolument évident ! Même si d'autres critères entrent bien entendu en compte...
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