lundi 8 août 2016

Tout n’est pas perdu

Wendy Walker

Sonatine, 2016


Traduit de l’américain par Fabrice Pointeau


Vaut-il mieux oublier ou se souvenir des événements douloureux ? Wendy Walker en fait tout un roman.

Que serait l’été sans ses pavés et ses polars ? Je n’ai pas encore cédé aux sirènes des premiers, mais j’ai eu envie de m’offrir un polar pour bien entrer dans mes vacances.... Pour ce faire, je suis allée fureter du côté de chez Sonatine - mon fournisseur officiel en alternance avec Actes Sud noir. 
L’argument de Tout n’est pas perdu ne pouvait que me séduire : ici, point de serial killer ni a priori d’excès de violence ou d’hémoglobine. Pas vraiment tendre, toutefois : un viol, perpétré sur une toute jeune fille. Pour lui permettre de surmonter ce traumatisme, un traitement lui a été administré dans les heures qui suivirent afin de l’effacer de sa mémoire. Mais si son esprit a oublié ce qu’elle a enduré, sa mémoire émotionnelle reste intacte et son corps porte les stigmates de son supplice. Ignorer ce qu’elle a subi et se trouver dans l’impossibilité d’identifier son violeur la plongent dans des affres tout aussi douloureux que son calvaire lui-même et l’empêchent de dominer ses tourments pour poursuivre sa vie. Un psychiatre va donc l’aider à retrouver les souvenirs de cette funeste soirée.

L’action se situe à Fairview, dans le Connecticut. A mesure que le voile se soulève sur ce terrible événement, la suspicion de culpabilité se pose sur différents membres de la population. Dans une petite ville telle que celle-ci, tout le monde se connaît, ce qui rend l’enquête d’autant plus délicate à mener. Et puis chacun possède ses secrets qu’il n’a pas intérêt à voir révélés...
L’auteur alterne les points de vue pour mieux brouiller les pistes. Manipulations, incertitudes et éléments accablants sèment le doute dans l’esprit du lecteur...

Wendy Walker noue les fils d’une intrigue qui ne manque pas de sel. En outre, les recherches qu’elle a effectuées sur les mécanismes de la mémoire et leur possible manipulation apportent de la crédibilité à son roman. Malheureusement, j’avoue avoir été  gênée par son style un peu lourd. Elle truffe son texte de commentaires visant à nous  prévenir qu’il ne faut pas se fier aux apparences ou que quelque chose va intervenir pour renverser notre jugement - ce qui est quand même l’un des codes élémentaires du polar - comme si elle craignait qu’on n’aille pas au bout de notre lecture. On passera cependant sur cette maladresse, bien excusable dans le cadre d’un premier roman, pour n’en retenir que la qualité de l’intrigue.


22 commentaires:

  1. je l'ai dans ma PAL et j'étais impatiente de connaître ton avis! malgré les petits bémols, ton billet me donne très envie de lire ce roman! comme toi, je suis fidèle à Actes Noirs et Sonatine pour les polars...

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  2. En effet, Sonatine est un pourvoyeur souvent intéressant en matière de polars qui font la part belle à la psychologie (cf celui de Céleste Ng). Je pioche avec parcimonie, un de temps en temps, et peut-être pas celui-ci alors...

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    1. Sans être un indispensable, c'est une lecture intéressante. Mais si tu en lis peu, je comprends que tu orientes ton choix vers un autre titre.

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  3. Peur de rien, je fais les deux, pavé et polar ! Je note celui-ci, le thème de départ est intéressant (la mémoire de la tête et du corps).

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    1. Pavé en vue, bien sûr ! Mais je n'ai pas encore mis le cap dessus ;-)

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  4. Un titre à noter pour la bibliothèque ou la sortie en poche ! J'aime bien aussi les polars en été !

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  5. J'ai vu que ma biblio venait de le mettre en rayon, alors pourquoi pas ?

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  6. Le style serait sans doute rédhibitoire pour moi.

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  7. Je ne pourrai pas, pour les mêmes raisons que Valérie, je pense.

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  8. Je suis hésitante, car j'ai (trop) souvent de mauvaises surprises avec les éd. Sonatine.

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  9. ton bémol suffit à me faire fuir !

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    1. Toujours la même histoire, celle de la bouteille à moitié vide ou à moitié pleine ;-) Certains veulent tenter quand même et d'autres pas !

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  10. Ah bien moi c'est la construction narrative que j'ai trouvé géniale! Le fait que le psychiatre s'adresse au lecteur, comme s'il lui racontait toute l'histoire en privé, ainsi que les détails très intimes de chaque personne. Le traitement du sujet est crédible, et la manipulation des faits.. j'ai été captivée! Une adaptation au cinéma est prévue.

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    1. Oui, c'est en effet très crédible et il est vrai que c'est bien ficelé. Je vois très très bien une adaptation cinématographique.

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  11. Je l'ai vu passer ailleurs et le thème est intéressant .. après le bémol, bref on peut toujours tenter le coup mais ma PàL crie au scandale ! il attendra donc

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