Thomas B. Reverdy
Flammarion, 2018
C'est incontestable, Thomas B. Reverdy possède un grand talent. Déjà, dans ses précédents livres, j’avais apprécié la délicatesse de sa plume et la manière tout en finesse qu’il a d’installer une atmosphère.
Après le Japon et Détroit, il nous emmène à présent à Londres. Reverdy semble particulièrement s’intéresser aux moments de bascule, lorsqu’un individu choisit de disparaître ou qu’une ville sombre dans la crise.
Nous sommes dans les années 80 et Londres - et plus largement l’Angleterre - voit son taux de chômage augmenter, la précarité s’installer. Mais les syndicats sont encore puissants et certains individus choisissent de résister, tandis que Margaret Thatcher aiguise ses armes pour accéder au pouvoir...
Candice, quant à elle, mène deux activités de front. Elle travaille pour une société de courses afin de gagner le minimum de revenus lui permettant de se consacrer à la passion qu'elle nourrit pour le théâtre. Au cours de ses tournées à vélo, elle perçoit au sein de la ville les traces des tensions et du bras de fer qui se joue entre une population en lutte pour conserver un niveau de vie acceptable et la nette direction qui est en train d’être prise vers un libéralisme complètement débridé.
Au théâtre, elle joue Richard III. La conquête du pouvoir qui est au cœur de cette pièce fait écho à l’ascension de la Dame de fer. Chez l’un comme chez l’autre personnage, on observe un art consommé de la mise en scène. Le discours qu’ils renvoient, leur travail de séduction visent à asseoir leurs positions respectives.
Si ce parallélisme est particulièrement bien vu - en deux ou trois scènes, Reverdy montre parfaitement la conscience qu’a Thatcher, déjà, du rôle déterminant de l’image et son talent à la maîtriser pour parvenir à ses fins -, j’avoue toutefois avoir été parfois un peu désorientée. Entre peinture sociale, plaidoyer féministe, analyse du théâtre shakespearien et chronique plus intimiste, on navigue entre plusieurs eaux. J’ai eu le sentiment, à la lecture, que l’auteur hésitait entre différentes voies sans qu’aucune ne se dégage vraiment pour donner à l’ensemble une véritable cohérence.
Il y a pourtant de véritables morceaux de bravoure - tel l’abécédaire du libéralisme - et certaines scènes se révèlent particulièrement pertinentes, comme celles montrant Thatcher chausser des bottes en caoutchouc ou s’emparer d’un balai après avoir pris soin de convoquer les journalistes.
J'avais adoré Il était une ville. Tu es la deuxième personne à mettre en évidence quelques points négatifs ce qui m'intrigue et en même temps me fait dire qu'il faut peut-être que je passe mon tour pour cette fois.
RépondreSupprimerPas forcément... Ce livre présente aussi des qualités même s'il n'est pas exempt de faiblesses.
SupprimerMais j'aimerais bien lire ce billet que tu mentionnes. De qui est-il ?
Et hop : https://eterneltransitoire.wixsite.com/eterneltransitoire/single-post/2018/08/28/lhiver-du-mecontentement-londres-gercee-par-les-geves
SupprimerEffectivement, mon point de vue est assez proche de celui qui a écrit ce billet. Sauf que j'ai trouvé l'abécédaire brillant :-)
SupprimerJ'étais persuadée d'avoir déjà lu cet auteur tant son nom m'est familier mais il s'avère que non. Bien tentée par l'atmosphère et l'écriture, reste à savoir avec quel roman le découvrir ;-)
RépondreSupprimerPour moi, je dirais sans hésiter Il était une ville.
SupprimerJ'avais abandonné "les évaporés", je n'accrochais pas du tout ; je ne me sens pas prête à retenter un autre titre.
RépondreSupprimerDans ce cas, inutile d'insister...
SupprimerJ'ai Les évaporés dans ma bibliothèque depuis des années et je ne l'ai jamais ouvert... Je doute de le faire un jour!
RépondreSupprimerPeut-être que ce theme-ci pourrait me plaire davantage.
C'est un auteur à découvrir. Après, effectivement, reste le choix du thème...
Supprimerêje n'ai toujours rien lu de cet auteur. Peut-être que je ne vais pas commencer avec ce titre...
RépondreSupprimerIl n'y a aucune obligation à découvrir un auteur avec son tout dernier livre !
SupprimerJ'avais beaucoup aimé Il était une ville et Les évaporés mais le sujet de celui-ci ne me tente pas du tout. Et ton billet me confirme que je ne perdrais pas grand chose à ne pas le lire ;)
RépondreSupprimerSi tu aimes son style, tu le retrouverais sans doute avec plaisir, mais je ne vais pas dire que c'est un incontournable...
SupprimerBon j'avais bien aimé Il était une ville et la balade à Londres me tente bien... On verra d'ici quelque temps.
RépondreSupprimerRien ne presse ;-)
Supprimerj'ai beaucoup aimé "Les évaporés" alors pourquoi pas?
RépondreSupprimer"il était une ville" est dans ma PAL et je l'avais complètement oublié :-)
Des trois, Il était une ville est celui que je préfère :-)
SupprimerIl ne fait pas partie de mes priorités de rentrée, même si j'avais beaucoup aimé Les évaporés et Il était une ville...
RépondreSupprimerJe me vois mal insister... :-)
SupprimerC'est un sujet que je connais très bien pour l'avoir étudié à la fac. Alors, je me suis dit que c'était le moment de découvrir l'auteur. Quelle déception pour moi ! Je n'ai trouvé aucun charme à sa plume et cela m'a semblé creux.
RépondreSupprimerCe n'est pas son meilleur, selon moi. Peut-être, si j'avais commencé aussi par celui-là, aurais-je eu la même réaction ? Je trouve néanmoins qu'il a une plume, que j'avais particulièrement apprécié dans Il était une ville.
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