Laszlo Krasznahorkai
Cambourakis, 2024
Traduit du hongrois par Joëlle Dufeuilly
Prix Nobel de littérature 2025
Il y a de cela quelques années, j’avais déjà tenté de m’immerger dans l’univers de Krasznahorkai. Immersion est le terme tout à fait approprié pour évoquer la lecture de l’oeuvre de cet écrivain, avec sa dimension métaphysique et ses phrases d’une longueur ravalant celles de Proust (ou de Mauvignier, tiens !) au rang de timides exercices de style (la première se termine page 48). Refus d’obstacle avec Guerre & Guerre que j’avais abandonné en cours de route. Un prix Nobel plus tard, alors qu'une nuée de titres fleurissaient sur les tables des libraires, ne voulant pas mourir idiote, j’ai retenté l’expérience. Au moins, avec Petits travaux pour un palais et ses 117 pages au compteur, je ne prenais pas le risque de tomber d’épuisement sur la ligne d’arrivée. Et avec un héros bibliothécaire, j’allais être en bonne compagnie…
Bon. Vous me voyez venir, dire que j’ai connu l’éblouissement serait mentir. Pas tant en raison du rythme des phrases, auquel on s’acclimate somme toute assez vite, mais parce que cette plongée dans l’univers mental d’un individu cynique et misanthrope me laissait perplexe. Certes, le monde dans lequel nous vivons est volontiers obscène, souvent immoral et abject ; certes, l’intelligence et le geste artistique y sont largement discrédités ; certes encore il est plus que difficile d’y trouver sa place et de se sentir en adéquation avec lui. Mais il règne chez Krasznahorkai une forme d’absurdité à laquelle je suis définitivement réfractaire (rappelez-vous ma récente lecture de L’Etranger).
J’y aurai toutefois découvert un architecte américain dont j’ignorais jusqu’au nom, Lebbeus Woods, disparu en 2012, dont la réflexion (pour le peu que j’en ai entrevu) semble tout à fait originale et intéressante, et les croquis fascinants. A défaut de susciter chez vous l’envie de lire Krasznahorkai (d’autres le font très bien), je vous renvoie donc vers ses travaux !

J'en ai un dans ma PAL depuis un bon moment : "Au nord par une montagne, au sud par un lac, à l'ouest par des chemins, à l'est par un cours d'eau". Je le vois régulièrement, mais hésite toujours. L'avantage c'est qu'il n'est pas gros non plus. Ton billet du jour ne m'encourage guère.
RépondreSupprimerJe n'avais en effet pas mentionné son art du titre ;-)
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