Paolo Giordano
Le Bruit du Monde, 2023
Traduit de l’italien par Nathalie Bauer
Le narrateur de ce roman est un journaliste italien venu à Paris en novembre 2015 pour couvrir un sommet sur le climat. Mais ce pourrait tout aussi bien être vous ou être moi : aux prises avec des difficultés affectives, il s’interroge sur l’avenir de son couple, mais aussi sur celui de la planète qui le préoccupe de longue date. Ses petites tragédies personnelles l’emportent pourtant trop souvent sur les conséquences de l’accumulation des gaz à effet de serre sur l’environnement, et force est de constater que ses comportements ne sont pas toujours à la hauteur de ses principes…
Lorsqu’éclatent les attentats du 13 novembre l’avenir s’assombrit encore. L’humanité met décidément bien de l’ardeur à créer les conditions de son anéantissement. Est-ce cette réflexion qui amène le narrateur à s’intéresser à la bombe atomique qui fut lâchée sur Hiroshima le 6 août 1945, dont les images lancinantes et les témoignages de rescapés ou de leurs descendants colonisent son esprit ?
Tandis qu’il mène son existence, rencontrant ses amis, partant en vacances avec sa compagne et faisant de nouvelles connaissances, ces questionnements, ces préoccupations et ces angoisses ne le quittent guère. « Où iriez-vous, en cas d’apocalypse, si vous deviez vraiment sauver votre peau », demande-t-il ainsi à Novelli, un expert du climat, qui désigne en retour la Tasmanie.
Il se dégage de ce roman une atmosphère singulière. Le lecteur chemine avec le protagoniste dans un monde qu’il ne connaît que trop bien, traversé par les questions du réchauffement climatique aussi bien que par celle du woman empowerment, où l’on est sommé de prendre position sur les réseaux sociaux, mais où l’on préfère fermer les yeux devant les pires menaces plutôt que de prendre les mesures qui s’imposeraient, et au sein duquel on se sent trop souvent désorienté, oscillant entre lassitude et fatalisme…
Un livre troublant, au ton très juste, dont l’écho risque de retentir bien longtemps dans l’esprit de ses lecteurs…
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