Sorj Chalandon
Grasset, 2017
Choisir de parler des mineurs aujourd’hui, évoquer ces gueules noires, leur angoisse de partir au petit matin sans être certain de rentrer le soir, leurs poumons saturés de poussière, leur corps prématurément épuisé par un travail implacable, c’est évoquer un monde qui nous semble bien lointain, une époque qui nous renvoie à celle de Zola...
Et pourtant ! Chalandon ne remonte pas jusque-là, loin s’en faut. Aussi effarant que cela puisse (me) paraître - son roman se situe à une époque que j’ai connue (bon, j’étais toute petite, hein !). Aujourd’hui où l’on parle tant des conditions de travail, de pénibilité et même de qualité de vie au travail (sans toutefois se soucier de mettre toutes ces belles préoccupations en œuvre), on a du mal à imaginer qu’il y a quarante ans seulement, dans notre pays, on pouvait encore impunément mourir de son travail.
Le 27 décembre 1974, à Liévin, dans le Nord-Pas-de-Calais, 42 mineurs trouvaient la mort au fond d’une fosse. Sorj Chalandon, qui était alors journaliste, n’a jamais oublié ce drame. La faute à la fatalité ? Non, bien sûr. Plutôt à celle d’une course effrénée à la productivité et à la rentabilité. De manière délibérée, les consignes de sécurité n’avaient tout simplement pas été respectées. Mais que vaut la vie de quelques hommes au regard des gains que ceux-ci peuvent générer ?
De ce terrible événement, Sorj Chalandon a tiré un étonnant roman qui entraînera son lecteur de surprise en saisissement. Son héros, Michel, ne s’est jamais remis de la mort de son frère Joseph, descendu ce jour-là dans la mine qui allait, il le savait, finir tôt ou tard par le tuer, comme tous ses camarades. Venger ces victimes qui n’avaient pas les moyens de se soustraire à leur sort, tel est le projet de Michel, la mission que lui a assignée son père avant de mourir à son tour tragiquement. Michel mettra des années avant de pouvoir l’accomplir. Il lui faudra pour cela identifier et retrouver les vrais responsables, qui ont échappé à la justice et mènent désormais une vie bien tranquille. C’est du moins ce qu’il croit...
Mêlant admirablement drames intime et collectif, ce roman sur la violence du travail et sur la culpabilité nous parle d’un monde certes aujourd’hui disparu mais dont l’écho résonne pourtant d’une douloureuse actualité.
Eva s'est évidemment précipitée sur le roman de son chouchou ! Leiloona a beaucoup aimé également, de même que Brize... entre autres !
Du même auteur, j'avais déjà apprécié Profession du père
Du même auteur, j'avais déjà apprécié Profession du père
Encore un roman à lire, pfff... quand cela va-t-il s'arrêter ? ;-)
RépondreSupprimerMais jamais... heureusement !
Supprimer:-))
il confirme tout le bien que je pense de cet auteur!
RépondreSupprimerEt tu n'as pas encore lu celui-ci ?
SupprimerJe l'ai demandé dans la sélection Priceminister, sinon je le trouverai à la bibliothèque. J'ai très envie de le lire et c'est une première avec cet auteur.
RépondreSupprimerJ'espère qu'il te plaira. Bien sûr, je lirai ton billet avec intérêt (comme tous tes billets, d'ailleurs !)
Supprimer:-)
Je n'ai toujours pa lu cet auteur (j'ai Le quatrième mur dans ma PAL) et le sujet de ce roman ne me tente guère. ..
RépondreSupprimerBon, bah, Le quatrième mur alors ! De l'avis général c'était un excellent roman. Donc certainement une très bonne manière de faire connaissance avec cet auteur ;-)
SupprimerSera-ce mon premier chalandon? ^_^
RépondreSupprimerMais j'espère bien, très chère :-))
SupprimerJ'ai très envie de lire celui-ci (le sujet m'intéresse beaucoup). Après ma déconvenue avec "Le quatrième mur", j'ai envie de revisiter Chalandon!
RépondreSupprimerMais revisite, revisite, Marie-Claude !!!
SupprimerBon j'avoue que je ne l'ai pas mis dans mes priorités celui-ci. J'ai beaucoup aimé le quatrième mur et Profession du Père mais là, le sujet m'a fait hésiter... On verra quand j'aurai éclusé mes envies trop fortes pour attendre :-)
RépondreSupprimerAu contraire, le sujet m'attirait particulièrement, et j'avoue que le traitement m'a vraiment bluffée, je suis sûre qu'il pourrait te plaire. Mais je connais l'état de ta PAL et je n'ai pas vraiment d'autres arguments que ceux que j'ai développés dans mon billet, alors... Peut-être qu'à force de lire des billets élogieux... ;-)
SupprimerSorg Chalandon écrit toujours des romans très forts.J'avais beaucoup aimé le quatrième mur et j'ai dévoré celui-ci.
RépondreSupprimermerci de tes bonnes idées de lecture.
C'est un plaisir de les partager ! Merci pour ta visite et ton petit mot :-)
Supprimercomme j'ai hâte! le seule que je n'ai pas lu de Chalandon et je démarre la lecture dans 2-3 jours.
RépondreSupprimerViolette
Rendez-vous tout bientôt, alors ;-)
SupprimerJe l'ai rencontré la semaine passée lors d'un entretien dans une librairie à Bruxelles et il m'a beaucoup émue! Il parle comme il écrit avec ferveur et passion! Un homme admirable!
RépondreSupprimerJe vais bien sur lire ce roman surtout que mes grands-pères ont été des gueules noires...
Toutes les raisons de lire ce roman, en effet !
SupprimerQuant à moi, je fais l'inverse : après avoir lu le roman, je me suis programmé d'aller l'écouter prochainement en librairie ;-)
Finalement, je retiens ce titre à lire pour plus tard, surtout pour le sujet. Je le découvrirai avec Profession du père que j'ai acheté l'année passée. Il a bcp de succès sur les blogs!
RépondreSupprimerJ'avais déjà été très touchée par Profession du père... Belle(s) lecture(s) à toi :-)
SupprimerUn très bon roman et une belle écriture (comme d'habitude chez Chalandon).
RépondreSupprimerCe n'était que mon deuxième Chalandon... mais assurément pas le dernier !
SupprimerJ'ai adoré ce roman, une claque ! Je relirai cet auteur.
RépondreSupprimer:-)
SupprimerJ'avais déjà beaucoup aimé son précédent, Profession du père.