samedi 7 mars 2020

La femme révélée

Gaëlle Nohant

Grasset, 2020



De Gaëlle Nohant, je n'avais jusqu'à présent rien lu. Ce n'était pourtant pas faute de connaître les avis plus qu'enthousiastes qu'elle suscite depuis son premier roman. Il était donc plus que temps d'aller y voir de plus près...

Et je confirme ce que tous lui reconnaissent : son talent de conteuse est incontestable, elle nous embarque sitôt les premières pages lues. Il faut dire que son personnage de femme se libérant de ses entraves pour vivre en accord avec ses convictions est à la fois séduisant et bien dans l’air du temps. Mais dans les années 50, époque à laquelle se situe le roman, ce n’était pas une mince affaire. Surtout lorsqu’on était, comme Eliza, mariée à un homme riche et influent. Puisque celui-ci lui refuse le divorce, elle est contrainte de fuir Chicago. Elle gagne alors Paris, laissant derrière elle son petit garçon à peine âgé de 10 ans.

Dans la capitale française, sous l’identité de Violet, elle pourra développer sa passion pour la photographie, captant inlassablement l’expression des laissés-pour-compte et le visage de ceux que la vie a meurtris... et qui la renvoient sans doute à sa propre douleur. Car elle ne se pardonne pas l’abandon de son fils et n’attend que le jour où elle pourra le retrouver.

A travers cette histoire, Gaëlle Nohant brosse un joli portrait de femme qu’elle associe, dans une seconde partie, à celui d’une Amérique en proie au racisme, dépeignant les faubourgs de Chicago et l’hypocrisie d’une société prétendument ouverte au mouvement des droits civiques.

Emancipation féminine et ségrégation raciale sont des questions complexes qui ne cessent d’irriguer la littérature et donnent parfois des oeuvres d’une très grande force. Si l’on reste ici sur un roman assez lisse, de facture très classique, celui-ci m’a néanmoins offert avec son intrigue impeccablement menée et son héroïne attachante un fort agréable moment de lecture. Et ça, c’est toujours bon à prendre !

24 commentaires:

  1. Contrairement à toi j'ai déjà lu Gaëlle Nohant, découverte avec La part des flammes (très "Dumasien", un vrai bonheur) puis Légende d'un dormeur éveillé inspiré par la vie de Robert Desnos, qui m'a donné un peu plus de mal au tout début avant de m'emporter totalement dans le sillage de son héros. Alors je lirai celui-ci, bien sûr.

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    1. En fait, je n'avais pas réussi à entrer dans La part des flammes (mais je n'avais pas beaucoup insisté, non plus...) : tant qu'à lire une structure romanesque très classique dans un cadre XIXe, autant lire un vrai auteur du XIXe...
      Je suis certaine que tu auras plaisir à lire ce nouvel opus :-)

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  2. Je suis allée à une rencontre avec elle vendredi soir à l'Armitière, mais je ne l'ai jamais lue. C'est quelqu'un de très agréable et simple, ton billet est tout-à-fait conforme à l'idée que je me suis faite du roman.

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  3. J'aime beaucoup ce que fait Nohant. La légende du dormeur éveillé m'a fascinée et son tout premier m'avait vraiment plu aussi.

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    1. De nombreux lecteurs l'apprécient ! Il faut dire que c'est une lecture fluide et agréable.

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  4. Je retiens "roman assez lisse de facture très classique" et du coup, je me demande si cette auteure me plairait. Tu me diras, je n'ai qu'à essayer pour savoir, c'est vrai !

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    1. J'aime les écritures plus personnelles, qui, par leur forme, s'attachent à révéler une vision du monde, un univers... Mais, quand l'auteur a du talent, un bon roman classique, à l'histoire bien menée, ça peut aussi être très plaisant.
      Comme tu le dis, il ne te reste qu'à essayer ;-)

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  5. Je suis aujourd’hui dans le même état d'esprit que toi quand tu as commencé ce roman... Mais tu m'as donné envie de découvrir (enfin!) cette auteure.

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  6. Bonsoir,
    Autist Reading m'a dit que tu avais chroniqué ce livre en même temps que moi alors je viens te lire.
    Pour ma part j'ai eu du mal à m'attacher à Violet/Eliza et j'ai trouvé que Gaëlle Nohant avait un peu fait trop ellipses dans son histoire...
    Mon livre préféré de l'auteur "Légende d'un rêveur éveillé" dans lequel on ne rentre pas au départ facilement mais qui m'a finalement emportée.
    Bises

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  7. Seule la fin m'a plu, j'ai trouvé le début vraiment long.

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    1. Ah oui ? J'aurais pour ma part tendance à avoir un petit faible pour la première, le côté plus socio-historique de la seconde, bien qu'intéressant, m'ayant paru un peu plus artificiel. Comme quoi, à chaque lecteur sa sensibilité...

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  8. Jamais lu Gaëlle Nohant moi non plus. Mais commencé avec ce titre ne serait sans doute pas une mauvaise idée.

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    1. Je ne sais pas si c'est exactement ton registre de prédilection... mais rien de tel que d'essayer pour le savoir !

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  9. Lu et beaucoup aimé Légende d'un dormeur éveillé, me reste à découvrir enfin La part des flammes avant de peut-être me lancer dans celui ci !

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    1. Il paraît en effet que cette Légende était un très bon livre... qu'il me reste à découvrir ;-)

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  10. Je suis d'accord avec toi. Au vu de ma lecture du précédent roman de Gaëlle Nohant, on est sur une facture romanesque assez classique. Mais c'est agréable de se laisser embarquer, malgré tout, par une conteuse de talent de temps à autre, même si elle ne révolutionne pas la littérature !
    Ce roman-là me tente bien - honnêtement, c'est en lisant ton billet que je découvre vraiment de quoi il parle car je trouve l'illustration de couverture et le titre assez laids. Cela m'avait rebutée jusqu'ici...

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    1. En fait, en ce moment, je me tourne pas mal vers ce type de roman. Pour diverses raisons, parmi lesquelles celle qui nous est commune à tous, je n'ai pas l'esprit suffisamment serein pour lire des choses plus pointues...

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  11. Jamais lu encore Gaëlle Nohant, pourtant j'ai son précédent dans ma bibliothèque ainsi que celui-ci mais je ne sais pas, je n'arrive pas à m'y mettre...

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    1. Hmmmm... En même temps, je ne suis pas complètement certaine que cette écriture très lisse soit ta tasse de thé... Mais bon, tant que tu n'as pas essayé...

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    2. Je démarrerai par quelques pages et en fonction je verrai si je poursuis ou pas ahah

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