dimanche 25 août 2019

Belle infidèle


Romane Lafore

Stock Arpèges, 2019



Ne vous laissez pas abuser par ce titre qui pourrait vous laisser croire qu’il s’agit d’un roman à l’eau de rose. Il est vrai que l’expression de «belle infidèle» est aujourd’hui largement tombée en désuétude. Comme l’auteure nous l’apprend, elle fait référence à certaines traductions faites au XVIIe siècle d’œuvres de l’Antiquité qui privilégiaient la beauté du texte produit à la fidélité à l’original. Or, de traduction il est amplement question dans ce premier roman de Romane Lafore, qui doit s’y connaître en la matière, étant elle-même éditrice de romans étrangers et traductrice.


Le héros de ce roman, Julien Sauvage, jeune trentenaire, exerce également cette profession. Il est plutôt abonné aux ouvrages pratiques, qu’il se résigne à traduire en attendant d’écrire lui-même le roman dont la rupture amoureuse avec la belle Laura, dont la blessure peine à se refermer, pourrait lui offrir la matière. Aussi, lorsque l’une des  grandes éditrices de la place de Paris - dont nous est offert un savoureux portrait - l’appelle pour lui demander de traduire en urgence le premier roman d’un jeune prodige italien qui pourrait bien se voir décerner le prestigieux prix Strega (l’équivalent de notre Goncourt), la surprise est de taille ! Impossible de refuser une telle proposition... 

Julien s’attèle à la tâche. Mais à mesure qu’il avance dans son travail, il est gagné par le trouble. L’héroïne ressemble furieusement à Laura et l’histoire fait étonnamment écho à la sienne. Et puis son amie Valérie, qui l’a lu dans sa version originale, retrouve également dans les traits de l’un des personnages ceux de l’un de leurs amis communs, le vieux gérant de la librairie italienne de Paris, dont elle aimerait connaître le passé au temps des années de Plomb...

Romane Lafore se plaît à ouvrir les pistes, à semer les indices, à sonder les hypothèses. Existe-t-il une relation entre l’auteur et son traducteur ? Ou bien chaque lecteur est-il tenté de chercher un miroir dans le texte qu’il lit ? A travers une intrigue bien menée - quoique parfois peut-être légèrement alambiquée - elle nous offre un savoureux jeu de chat et la souris entre auteur et lecteur, au sein duquel le traducteur, qui endosse les deux rôles, doit à tout prix éviter de se perdre...




9 commentaires:

  1. Ce que tu en dis m'intéresse. Et pour l'instant, je n'ai pas du tout entendu parler de ce roman. Merci.

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    1. C'est un premier roman : pas facile de se faire une place au soleil...

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  2. Voilà un roman qui aborde des thèmes qui m'intéressent beaucoup !

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    1. Oui, il commence de manière assez légère, mais ce petit jeu se fait peu à peu jour et finit par être tout à fait séduisant.

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  3. Ah oui, ça t'a plu ? J'ai abandonné au bout de 60 pages...

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    1. Ah, décidément... Mais peut-être aurais-tu dû poursuivre ? J'ai mis un petit peu de temps à entrer dedans.

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  4. Les thèmes me plaisent aussi mais il faut que ça doit bien ficelé...

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