jeudi 6 juin 2019

A pile ou face

Jeffrey Archer

Les Escales, 2019


Traduit de l'anglais par Oscar Perrin


« L’auteur aux 270 millions de lecteurs » ? Et moi qui ne connaissais même pas son nom ! Bon, ce n’est pas forcément l’argument auquel je suis le plus sensible, mais à la veille du pont de l’Ascension je cherchais un bouquin facile et captivant, un roman à la Dumas en somme. Une référence justement évoquée par le New York Times et opportunément rappelée par l’éditeur en quatrième de couverture... 
Aucune hésitation ! Pour ce long week-end de quatre jours, j’allais donc prendre un billet pour l’URSS, fin des années 60.

Aleksandr Karpenko, jeune garçon brillant, rêve de se procurer une place pour la demi-finale de foot qui va bientôt opposer sa ville natale, Leningrad, à Moscou. Mais sauf à être un apparatchik, aucune chance d’en obtenir une, comme le lui rappelle son père au moment de partir pour les docks où il travaille et où il s’attache surtout, dans la clandestinité, à fonder un syndicat de travailleurs. Ces paroles sont les dernières qu’il adressera à son fils puisque quelques heures plus tard une lourde charge lui tombe malencontreusement dessus, le tuant sur le coup...

Aleksandr et sa mère Elena décident de fuir le pays. Grâce à la complicité du frère de cette dernière et au prix d’un risque démesuré, ils vont pouvoir se dissimuler dans le chargement d’un cargo pour gagner un pays de l’ouest. Deux bateaux sont à quai, deux possibilités s’offrent à eux : l’Angleterre ou l’Amérique. Un dilemme que les personnages vont résoudre à pile ou face. Un dilemme que l’auteur va quant à lui choisir de ne pas trancher, puisqu’il va imaginer leur histoire dans chacun des deux pays par le simple jeu de l’alternance des chapitres.

Passé la légère perplexité produite par une relecture de la traversée maritime des personnages avec de légères variantes, on s’attache rapidement à en connaître l’issue. Moyennant l'attribution au héros de deux diminutifs différents pour les deux versants de l'histoire, on prend très vite ses repères et on n’a aucun mal à suivre les aventures des personnages dans chacun des deux pays. Deux aventures qui, tout en se faisant écho, vont progressivement s’éloigner l’une de l’autre en fonction du contexte socio-historique propre aux deux Etats. 

Drôle d’idée, me direz-vous, que de faire cohabiter deux formes possibles de l’intrigue ? Oui, mais cela fonctionne étonnamment bien. D’abord parce que c’est une expérience peu commune que de pouvoir entrer dans la cuisine d’un auteur et de voir ainsi comment d’une situation donnée peuvent découler différents récits. Ensuite parce que Jeffrey Archer a un incontestable talent de conteur, et on tourne très rapidement les pages du livre pour connaître la manière dont Alex-Sasha va accomplir le destin auquel il semble promis. Rebondissements, revers de fortune, personnages aussi perfides que Milady sont les savoureux ingrédients de ce roman. Et même si certains coups de théâtre apparaissent parfois un peu cousus de fil blanc, je n’ai pas boudé mon plaisir, jusqu’au twist final qui m’a cueillie par surprise et fait largement sourire ! 
En ce qui me concerne, ce roman a donc parfaitement rempli son office. Peut-être sera-t-il de votre côté le candidat idéal au fameux pavé de l'été…    


   



6 commentaires:

  1. Je ne connais pas son nom non plus .. L'histoire des deux versions différentes, je ne suis pas sûre que ça me plairait. Aifelle

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    1. C'est un parti pris surprenant. Personnellement, j'ai apprécié l'expérience :-)

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  2. Alors là, tu me surprendras toujours... je ne me serais jamais attendue à te voir lire et chroniquer Jeffrey Archer... (personnellement, j'ai lu un de ses plus grands succès populaires dans une édition France Loisirs de ma mère il y a fort longtemps... très romanesque, à grand spectacle... Disons que ça allait avec l'époque mais que je n'y reviendrais pas aujourd'hui :-) )

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    1. Ha ha ha ! Je le prends comme un compliment !
      Ecoute, chaque lecture est une question de moment et d'attente. J'avais envie à ce moment-là d'un livre qui m'embarque dans une histoire, sans prise de tête et sans prétention. Il a fait le job, avec ce petit truc en plus de la double narration que j'ai trouvée non dénuée d'intérêt.
      Après, je ne te cache pas que je n'en lirais pas des dizaines de cet ordre et, je te rassure, j'ai enchaîné sur d'autres livres très différents... mais peut-être aussi surprenants ;-)

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  3. effectivement, un roman qui pourrait être plaisant à lire sur la plage !

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