dimanche 3 juin 2018

Le grand écrivain

Jean-François Merle

Arléa, 2018



Le titre de ce roman pourrait apparaître trompeur. En effet, c’est moins des affres de l’écriture que des vicissitudes du petit monde de l’édition dont il est question ici. Précisons d’emblée que l’auteur en connaît parfaitement les rouages, étant lui-même éditeur. Et comme c’est un milieu qui m’est aussi un petit peu familier, j’avoue m’être fort amusée !

Il faut dire que son héros a tout d’un aimable pied nickelé. Après avoir effectué diverses missions au sein d’un obscur hebdomadaire économique et avoir écrit un premier livre rapidement tombé dans l’oubli, le voici prié par son éditrice Dolorès (!) de remettre dans les meilleurs délais le manuscrit de son second roman... ou de restituer le montant de l’à-valoir touché à la signature du contrat. 
Las ! Ce sympathique jeune homme a bien noirci quelques pages de son écriture, mais il ne s’agit guère plus que d’une succession de premières phrases qui, pour être à n’en pas douter glorieuses, n’en ont pas moins débouché sur le néant...

Qu’à cela ne tienne. Puisqu’il a depuis bien longtemps dilapidé le fruit de son œuvre à venir, le voici investi d’une mission de la plus haute importance : aider un écrivain nobélisable, lui aussi quelque peu en panne d’inspiration, à rédiger ses mémoires. 
C’est qu’il garde le silence depuis longtemps, le bougre. Bien trop longtemps au goût de Dolorès, qui voit son aura dangereusement faiblir au sein d’une vénérable maison elle-même dans une situation économique épineuse. Il faut donc aider le grand André Maillencourt à accoucher de son œuvre. Coûte que coûte. 

Le prestigieux écrivain et le jeune novice vont ainsi unir leurs efforts... pour le meilleur et pour le pire de la création littéraire!

Si ce roman se lit avec gourmandise, ce n’est évidemment pas en raison de tout ce qu’il révèle de l’édition aujourd’hui, trop souvent dominée par des considérations plus économiques et commerciales que littéraires et artistiques. Mais c’est bien parce que l’auteur a l’élégance de ne jamais se départir d’une bonne dose d’humour et d’un ton d’une exquise légèreté pour faire passer le goût amer de la pilule.  
Il ne nous aura en tout cas pas fait passer celui de lire, bien au contraire !



13 commentaires:

  1. Oh génial... j'avais vu un papier sur ce bouquin il y a quelques mois, dans Le Monde et j'avais très envie de le lire. Et puis j'ai oublié(il faut dire que les livres s'accumulent...). Alors merci de me le remettre en mémoire, je vais essayer de le caser cet été !

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    1. Je pense que ce devait plutôt être il y a quelques semaines, non ? Le roman est sorti le 16 mai dernier :-)
      Cela ne change du reste rien à l'affaire. Mais tu es loin d'être en retard !

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    2. Mon dieu... ces journées à RG dilatent le temps ;-), je ne vois que ça (mais en tout cas c'était dans Le Monde)

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  2. Les dessous de l'édition, c'est souvent croustillant... et on peut dire adieu à nos illusions (si on en a encore !).

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    1. Les miennes se sont envolées depuis longtemps, mais j'avoue que la manière qu'a l'auteur de présenter les choses est tout à fait savoureuse !

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  3. Pourquoi pas, on se doute bien que la popote n'est pas toujours très claire dans l'arrière-cuisine ! Et l'humour est la bonne approche.

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    1. Parfois, il vaut mieux se contenter de savourer les plats :-))
      Et celui-ci est tout à fait délicieux !

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  4. on ne t'arrête plus ! tu lis plus vite que ton ombre :-)

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    1. Ah oui ? Moi j'ai surtout l'impression de ne pas pouvoir lire le quart de ce que j'aimerais découvrir... Mais comme toi, je pense !

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  5. Jamais entendu parler mais ça a vraiment l'air très chouette !

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    1. Et qui te changerait des bad guys déjantés que tu affectionnes ;-)

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  6. Ylan m'en a parlé avec beaucoup d'enthousiasme! très envie de le lire!

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    1. Voilà qui ne me surprend pas ;-)
      Ravie que vous vous revoyiez depuis le Salon du livre :-)

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