samedi 17 juin 2017

La veuve des Van Gogh

Camilo Sanchez

Liana Levi, 2017


Traduit de l’espagnol (Argentine) par Fanchita Gonzalez Batlle


Van Gogh : Vincent, Théo, Johanna et les autres

Van Gogh, je suis comme tout le monde, j’adore ! Comme beaucoup, je connais la relation très forte qui l’unissait à son frère Théo, avec lequel il échangea une correspondance nourrie. Et puis, bien sûr, j’ai en tête le mythe de l’artiste maudit, qui vécut dans une extrême précarité, n’ayant jamais vendu de son vivant, alors que ses toiles prirent une valeur considérable après sa mort...
Van Gogh, c’est comme Rimbaud ou Mozart. Ce sont des icônes dont on connaît - plus ou moins bien - les œuvres, et dont la figure nous est familière. Leur vie tumultueuse et l’incompréhension, voire le rejet dont ils firent l’objet de la part de leurs contemporains, enflamment notre imaginaire, non moins que leur personnalité hors du commun. 

Pourtant, lorsque sort un film ou un roman qui retrace leur existence, on s’aperçoit bien souvent que l’on n’en a que des images déformées, sublimées. Bref, que le monstre sacré s’est substitué à l’homme et à l’artiste qu’ils furent.
Camilo Sanchez, dont c’est le premier roman, a voulu essayer de retrouver l’homme derrière la légende.
Mais, puisqu’on ne regarde pas le soleil en face, il a choisi de poser ses yeux sur Théo et surtout sur la femme de celui-ci, Johanna, qui ne rencontra guère plus de trois ou quatre fois son beau-frère. Mais elle avait de quoi s’interroger sur cet homme auquel son mari ne survécut pas plus de six mois. Après la disparition des deux frères, c’est par la lecture des quelque 650 lettres que Vincent envoya à Théo qui les conserva jalousement qu’elle put comprendre quelle était la nature de leur relation. Surtout, elle découvrit peu à peu ce qui habitait l’artiste, sa manière de travailler et de percevoir le monde. A l’aide aussi de l’une des sœurs Van Gogh, dont elle se rapprocha, elle apprit quelques secrets de famille. Plus encore que du vivant de Vincent, Johanna se sentit une proximité avec lui, son regard sur sa peinture évolua, au point qu’elle se sentit dépositaire d’une mission : celle de sauvegarder et faire reconnaître son œuvre.

Camilo Sanchez restitue ainsi, par petites touches, un portrait sensible de l’artiste, un portrait qui n’occulte pas la dimension sulfureuse du personnage, mais que l’on ne perçoit que comme un lointain écho, évitant ainsi d’en altérer les traits. 

Et puis, il nous invite à entrer dans l’intimité d’une femme courageuse et déterminée, à laquelle il rend un bel hommage. Elle fut certainement, après son époux, la plus zélée des défenseurs de l’œuvre de Vincent et sans doute lui doit-on beaucoup dans la connaissance que nous avons de lui.

16 commentaires:

  1. Très tentant, j'aime bien l'idée d'un point de vue externe sur l'artiste. Mais je l'aime tellement ce peintre que ses oeuvres me suffisent.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, c'est vrai qu'on peut regarder les oeuvres de Van Gogh sans appareil critique. Mais ça reste néanmoins intéressant d'avoir quelques éléments. Et puis c'est surtout un texte qui m'a touchée.

      Supprimer
  2. Quelle bonne idée de s'intéresser à Johanna qui est un personnage très intéressant que l'on ne fait que croiser dans les romans consacrés au sublime artiste et à son frère. Je l'ai repéré celui-ci, tu penses... Reste à trouver un petit créneau pour le caser (dit-elle en regardant la pile des 1ers romans de septembre qui s'étire... s'étire... :-) )

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. En même temps, il n'est pas bien épais... Tu devrais facilement pouvoir lui faire une petite place ;-)

      Supprimer
  3. J'ai lu La valse des arbres et du ciel, de Guenassia, qui remet en cause la thèse du suicide de Van Gogh (théorie acceptée par les historiens, je précise) et j'ai en vue de lire C'était mon frère..., de Judith Perrignon. Je note donc ce titre avec beaucoup d'intérêt !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ah, je ne savais pas que Judith Perrignon avait écrit un livre sur Van Gogh! Je le note à mon tour, merci.

      Supprimer
    2. Oh si Delphine, il est superbe ! Et si tu ne l'as pas encore lu : Vincent qu'on assassine de Marianne Jaeglé (cent fois meilleur que le Guenassia)

      Supprimer
    3. Le Guenassia ne me disait rien (je me souviens de ton article, et de toute façon, je n'accroche pas avec cet auteur). En revanche, je reste sur la magnifique impression de Victor Hugo vient de mourir, donc ce que tu dis ne m'étonne pas.

      Supprimer
  4. Moi je ne connais que les oeuvres les plus connues de VG, et si j'étais au courant de la relation fusionnelle qu'il avait avec son frère, j'ignorais l'existence de Johanna, j'adore ta phrase sur le soleil qu'on ne regarde jamais en face, j'aime vraiment l'idée de cet angle de vue. Bref j'ai encore beaucoup à apprendre de ce looser magnifique finalement.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Eh oui, comme je le disais, il fait partie de ces figures que l'on croit connaître... En tout cas, ça me fait bien plaisir de te revoir par ici !!!

      Supprimer
  5. je vois que tu l'as aimé aussi...

    RépondreSupprimer
  6. L'angle d'attaque a le mérite d'être original. J'ai visité le musée Van Gogh d'Amsterdam il y a quelques semaines ce roman pourrait être un bon prolongement pour moi ;)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Mais oui, absolument ! Personnellement, je ferais bien l'inverse : je prolongerais bien cette lecture par une visite du musée Van Gogh d'Amsterdam ;-)

      Supprimer
  7. Il me tente beaucoup, celui-là... j'ai fait limite un pélerinage Van Gogh en France l'an dernier!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est un roman incontournable, alors ;-)
      J'espère qu'il te plaira.

      Supprimer