Hakan Nesser
Le Seuil, 2014
Un été partagé entre deux adolescents suédois dans les années 60 : l'auteur réussit un très joli roman d'apprentissage.
Quelle heureuse découverte que ce roman ! Je suis tombée dessus par hasard à la bibliothèque. Attirée par le titre, le beau chignon doré de la couverture et une quatrième qui évoquait l’histoire de deux adolescents et un «roman d’apprentissage», il n’en fallait pas plus pour que je le glisse dans ma besace !
En deux soirées, son compte était réglé - à mon grand dam, car j’aurais bien passé un peu plus de temps en compagnie d’Erik et Edmund (mais je vais me venger sur le challenge Pavé de l’été de Brize : plus de 600 pages au programme, voilà de quoi m’immerger plus longuement dans un univers qui sera, je l’espère, à mon goût).
Mais revenons à nos moutons, ou plutôt, en l’occurrence, à nos élans !
Hakan Nesser, que je ne connaissais pas, nous emmène le temps d’un été dans le monde si particulier de l’adolescence, ce moment charnière où l’on quitte l’enfance pour entrer dans celui des adultes : l’éveil à la sexualité, bien sûr, la délicieuse expérience de l’autonomie, la découverte aussi des relations parfois violentes entre les individus, le caractère manipulateur des uns, la vulnérabilité des autres et la sincérité qui existe également.
Au sein d’un environnement fort dépaysant, où l’on peut être renversé par un élan, où l’on déguste des harengs et où l’on se baigne au bord d’un lac, à l’orée d’une forêt, Erik et Edmund, copains de classe, vont partager d’heureux jours en compagnie d’Henry, le frère aîné d’Erik. Si les parents sont absents, c’est qu’ils sont accaparés par leurs difficultés: une mère alcoolique en cure de désintoxication pour Edmund, tandis que celle d’Erik et Henry est hospitalisée, étant atteinte d’un cancer : tout n’est pas rose pour ces jeunes garçons, loin s’en faut. En dépit des revers de l’existence dont ils ont déjà une lourde expérience et dont on découvre peu à peu la profondeur, ils conservent cependant une certaine candeur et une soif de profiter de ce que la vie peut aussi apporter d’exaltant.
Nesser excelle à traduire la coexistence entre des attitudes encore très puériles et des velléités de se conduire en adulte. Il parvient à restituer les interrogations qui sont le propre de ce moment de mue et provoque à plus d’une reprise un touchant sourire chez le lecteur, voire un franc éclat de rire.
Comme dans tout roman d’apprentissage qui se respecte, un événement va venir précipiter ce phénomène de mutation et projeter les jeunes gens plus rapidement que prévu dans l’âge adulte, mettant un terme à cet été de rêve, qui restera à jamais gravé en eux.
Même si j’ai pu regretter une fin peut-être un peu expéditive, j’ai vraiment apprécié la saveur subtile de ce livre et l’atmosphère que l’auteur a su créer avec brio. Un excellent moment au coeur de la touffeur de l’été que nous traversons.
Je ne suis pas très friande des romans d'apprentissage ; je retiens néanmoins celui-là pour l'atmosphère nordique.
RépondreSupprimerAlors je ne sais pas si ça suffira. L'atmosphère nordique est perceptible au travers des noms, de certaines anecdotes et de certains éléments de décor, mais si tu n'apprécies pas particulièrement les romans d'apprentissages, je ne suis pas sûre que tu y trouves ton compte...
SupprimerTout à fait le genre de livre qui pourrait me plaire, je le note !! Merci :)
RépondreSupprimerJe l'ai trouvé dans une bibliothèque parisienne que tu fréquentes peut-être... Je le rapporte la semaine prochaine ;-)
SupprimerJe l'avais noté l'année dernière, je crois... mais le temps passe et les autres envies s'accumulent. J'essayerai de le trouver, toutefois !
RépondreSupprimerOui, je connais ça !
SupprimerLe calme de l'été permet de revenir à des titres restés en sommeil...
Jamais entendu parler de ce livre, mais la couverture est belle et ce que tu en dis est tentant :-)
RépondreSupprimerOui, une réussite cette couverture !!!
SupprimerJe me dis qu'il serait vraiment déraisonnable d'emmener un livre de plus dans ma valise mais celui-ci a l'air bien tentant. Moi aussi, j'aime bien lire des romans d'apprentissage, l'été ;-)
RépondreSupprimerCe serait dommage de manquer ;-)
SupprimerJe dois être honnête, je peine avec les romans d'apprentissage et ceux sur l'adolescence, en général je ne m'y retrouve pas (enfin disons que je ne retrouve pas l'ado que j'étais- ce qui commence à être assez inquiétant finalement ;-))
RépondreSupprimerMais comme toi le titre et la couv auraient pu me convaincre.
"auraient pu". Ne suffisent pas donc ;-))
SupprimerDisons que dans les romans d'apprentissage, je ne me retrouve pas forcément, mais c'est ce sentiment mêlé de curiosité et d'inquiétude face au monde adulte, et cet appétit, ce sentiment que tout est possible et qu'on va réaliser ses ambitions qui n'appartiennent qu'à cet âge que j'aime retrouver. Même si on est souvent rattrapé par la réalité...
je ne l'ai pas lu mais écouté mais je n'ai pas vraiment accroché
RépondreSupprimerJe ne sais pas si je me serais immergée de la même manière en ne lisant pas moi-même. Je n'ai encore jamais tenté l'expérience du livre audio, mais je crains que l'attention ne soit pas la même. Et puis, j'imagine qu'on est forcément plus ou moins influé par la voix et le rythme de celui qui lit... Non ?
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