dimanche 21 juin 2015

Noir et Or


Michèle Gazier & Pierre Lepape

Le Seuil, 2015




Deux auteurs pour un ratage...

Mais comment diable Michèle Gazier a-t-elle pu écrire un tel livre ? Elle dont j’avais tant aimé les premiers romans, Nativités ou Un cercle de famille, si personnels et aux personnages dont l’histoire et la psychologie étaient si riches qu’ils m’avaient touché au plus profond de mon être.
Ici, point de profondeur, point de finesse. Une héroïne grossièrement campée et qui n’échappe à aucun poncif : une jeune femme issue d’un milieu modeste, d’origine algérienne par sa mère, qui parvient par son intelligence, ses très brillants résultats scolaires - et une plastique non moins remarquable - à entrer à Sciences Po et à poser un pied dans les milieux du pouvoir et de la finance, dont les portes auraient dû selon toute probabilité lui rester fermées...
Juliette comprend tout mieux et plus vite que tout le monde, se montre capable d’imaginer d’improbables montages pour déguiser des opérations de fraude publique, séduit tous les hommes qui l’approchent, foule aux pieds le peu de scrupules qu’elle pourrait avoir et reste d’une imperturbable froideur. Elle est incapable de s’attacher à quiconque - parents, amis, amants - et ne songe qu’à son ascension sociale. 

S’agissait-il d’un ouvrage de commande ? Michèle Gazier et Pierre Lepape ne semblent pas avoir été passionnés par leur sujet. Ils ne laissent même pas à leur héroïne le temps d’évoluer, ils ne l’étoffent en aucune façon. Au bout de quelque 160 pages et après seulement deux stages dans un ministère et une banque, voilà Juliette rattrapée par une sombre histoire d’amant éconduit qui l’amène à sa chute. 
Emballé, c’est pesé. Rideau. La petite, promise à un si glorieux avenir, n’est finalement pas tombée de bien haut...
Quant à ce pauvre Stendhal, appelé en renfort pour tenter de convaincre de la force du propos, je préfère n’y même pas faire allusion. Sur les thèmes de l’ambition et de la revanche sociale, de grands classiques du XIXe siècle brillent d’un éclat bien plus vif que les ors dépeints ici...

Je précise que j’ai lu ce livre dans le cadre d'une opération Masse critique. Je remercie donc néanmoins avec chaleur Babelio et les Editions du Seuil, dont j’apprécie par ailleurs souvent la production.



3 commentaires:

  1. Hé oui c'est ce qui arrive quand on se laisse aller à la facilité du style ambiant !!
    le style people paye plus

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  2. Un gros ratage, ça arrive. J'espère que ta prochaine lecture sera meilleure ;)

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    1. Je te remercie, Jérôme, elle l'est : le dernier Victor del Arbol, un bon gros pavé bien ficelé, comme on les aime !

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