Tariq Ali
Sabine Wespieser, 2014
Traduit de l’anglais par Bernard Schalscha et Patrick Silberstein
☀
Un roman qui retrace l'histoire du XXe siècle pour nous inviter à construire le XXIe.
Si mon attention a été attirée sur ce livre, c’est que celui-ci a fait l’objet d’une rencontre tout à fait passionnante entre l’auteur et Edwy Plenel - à laquelle je n’ai pas manqué de me rendre -, dans ma librairie préférée (Millepages à Vincennes, pour ne pas la nommer, car je ne me lasserai pas de le répéter : jamais Amazon n’apportera à un lecteur ce qu’un libraire est capable de lui offrir, mais c’est une autre histoire!)
Pour situer le contexte de cet ouvrage, initialement paru en Angleterre en 1998, je dirais d’abord quelques mots sur Tariq Ali. Né à Lahore, il a été une figure prépondérante de l’extrême gauche antilibérale anglaise dans les années 1960; essayiste et romancier, il est notamment aujourd’hui éditeur à la New Left Review.
Or, le roman revient sur ces idées qui ont façonné le monde du XXe siècle, à une époque où les gens pouvaient être animés et portés par un idéal et où le collectif avait un sens.
Nous sommes en Allemagne, quelques années après la chute du Mur de Berlin. Vlady, le héros de cette histoire, écrit une lettre à son fils pour essayer de rompre un autre mur qui s’est dressé entre eux, celui de l’incompréhension mutuelle. Karl s’est installé à Bonn pour tenter de faire carrière au sein du SPD, le parti social-démocrate. Il se défie des idéaux pour lesquels ses propres parents se sont battus, qui n’ont engendré que la mort et l’écrasement des individus, et qui ont été responsables de l’une des pires horreurs de l’Histoire.
C’est un fait que Vlady ne peut nier, lui dont la famille a vécu une tragédie que le livre va peu à peu mettre en lumière. Mais le monde qu’il voit se dessiner aujourd’hui, un monde où la violence, pour être plus feutrée et moins idéologique, n’en est pas moins présente, ne lui semble guère enviable. Un monde qui a l’argent pour seul horizon. Un monde où les individus sont opprimés par un capitalisme qui a d’autant moins de complexes qu’il prône un individualisme prétendant fermer la porte à tout risque de déviance utopiste.
En revenant sur l’histoire de ces individus, Tariq Ali embrasse celle de tout un siècle et réaffirme la nécessité de retrouver du lien social et de formuler des idées qui permettent aux hommes de construire ensemble un monde où chacun puisse trouver sa place. La tâche est ardue, certes, mais elle vaut la peine qu’on s’en empare.
Je l'ai feuilleté en librairie samedi et j'ai pensé qu'il devait être drôlement intéressant. Tu as de la chance d'avoir la librairie "Mille Pages" à proximité.
RépondreSupprimerC'est un livre riche, en effet, qui invite nous invite à la réflexion, à ne pas renoncer à se battre. Et le débat organisé par cette excellente librairie était tout à fait passionnant. Plenel est vraiment quelqu'un que je qualifierais de lumineux !
SupprimerJe suis d'accord pour dire que les libraires sont indispensables ! :)
RépondreSupprimerEt ils ont grandement besoin de notre soutien, en ce moment !
Supprimer