Gérard Philipe avait la beauté du
diable, mais il n’eut pas à vendre son âme pour la conserver éternellement.
Fauché par un cancer foudroyant dans sa trente-septième année, il restera à
jamais le séduisant Julien Sorel ou le fougueux Fanfan la Tulipe. Et si ses
traits, sa grâce et son délicat timbre de voix ne durent jamais, hélas, subir
les assauts du temps, son aura et son engagement n’eurent pas davantage
l’occasion de pâlir.
Pour évoquer cette figure mythique
et magnétique, sans doute fallait-il un écrivain doué de pouvoirs singuliers :
Jérôme Garcin est un sorcier. Pas seulement parce qu’il parvient à redonner vie
à cet homme ou parce qu’il nous fait la faveur de nous laisser entrer dans le
cercle de ses intimes, mais bien parce qu’en nous faisant entendre le moindre
battement de son cœur, en nous offrant le spectacle de ses rêves et de ses
pensées dans les derniers jours de sa vie, il nous amène à espérer que la rage
de vivre et de jouer la comédie puissent avoir raison de la mort.
Telle est la puissance des mots,
telle est la grandeur de la littérature, lorsqu’elle est servie avec élégance
et virtuosité. Jérôme Garcin fait battre notre coeur de lecteur à l’unisson de
celui du comédien. Et l’on choisit de croire avec lui - auquel sa femme avait
décidé de cacher la vérité de son mal - à des lendemains radieux, à un avenir
tout entier dédié au théâtre et aux grands textes du répertoire.
Ce récit tout en retenue et en
délicatesse m’a submergée d’émotion. Sans doute parce que ce n’est pas le
personnage auréolé de gloire qui transparaît dans ces pages, mais un homme
affrontant la maladie, soutenu par une épouse qui l’accompagne vers la mort. Un
récit gorgé de vie et de lumière, en dépit de sa funeste issue.
En général, j'apprécie les textes de Jérôme Garcin (bien plus que son animation du Masque et la Plume !), alors je lirai sûrement celui-ci aussi.
RépondreSupprimerEh bien quant à moi, c'est la première fois que je le lisais et, franchement, c'est une découverte !
SupprimerAu contraire d'Aifelle ci-dessus, j'aime le journaliste et je me suis toujours tenue éloignée de ses livres. En plus, même si j'avais une grande admiration pour Gérard Philipe, je m'interroge sur l'intérêt d'un tel bouquin...
RépondreSupprimerAlors, je suis comme toi, j'aime beaucoup le journaliste (même si l'équipe du Masque peut parfois me faire enrager :-)
SupprimerC'est vrai qu'on peut se poser la question de l'intérêt d'un tel livre - si l'on n'est pas un(e) fan inconditionnel(le) du comédien. Et je me la suis posée moi-même.
En fait, c'est un peu le hasard qui a mis ce livre sur mon chemin et dès les premières lignes, j'ai été happée par son univers et son style. En fait, comme je le dis en quelques mots à la fin de mon billet, plus que la biographie d'une star, c'est une expérience humaine qui nous est livrée, celle de l'affrontement de la mort et de la maladie. Et cela parle à tout le monde.
En outre, en arrière-fond, c'est toute une époque qui est évoquée, celle de l'après-guerre, où le monde se composait de deux blocs parmi lesquels il fallait choisir, c'est la question de l'engagement de l'artiste qui transparaît également.
Et puis, il y a le plaisir de la lecture, tout simplement ! J'ai vraiment ressenti des émotions très intenses, à la lecture de ce récit. Et ça, c'est quand même le meilleur de ce que peut nous offrir la littérature, non ? :-)
Ah ! Mais oui. C'est l'argument ultime ! Et qui me donne très envie de découvrir la plume littéraire de Jérôme Garcin, du coup :-)
SupprimerUltime argument ultime : le livre est assez court et se dévore en tout cas très vite (trop vite !): il est donc sans danger pour ta PAL :-))
SupprimerUn acteur dont je sais au final peu de choses. Et ce que tu dis de l'émotion suscitée par ta lecture me tentent.
RépondreSupprimerEh bien je te souhaite d'avoir autant de bonheur à le lire que j'en ai eu.
SupprimerJe fais confiance à Jérôme Garcin pour ce genre d'exercice, sans problème. Je ne l'ajoute pas à ma liste uniquement parce que je ne me sens pas assez attirée par la figure de Gérard Philippe (vu l'échec avec Rien est noir où effectivement la figure de Frida Kahlo ne m'attirait pas non plus, je suis prudente)
RépondreSupprimerJe n'étais pas attirée par Rien n'est noir non plus - il faut dire que je ne suis pas fan de Frida Kahlo, l'artiste, car la femme a eu une vie qui mérite sans doute qu'on s'y intéresse. Et puis Claire Berest ne m'a pas franchement convaincue dans la présentation de son ouvrage...
SupprimerEn l'occurrence, concernant Le dernier hiver, c'est vrai que j'avais de la sympathie à la fois pour le personnage et pour l'auteur. Et, franchement, je ne regrette pas d'avoir tenté l'aventure !
Je l'ai entendu en parler à La Grande Librairie. Nul doute que ce livre doit être hommage mais j'avoue ne pas du tout me sentir attiré par un énième roman biographique.
RépondreSupprimerAh ! Merci du tuyau, Amandine ! Je ne savais pas que Garcin était passé à LGL. Vite, le replay !
Supprimer:-)
mais demandez a votre éditeur " Le temps d'un soupir" d'Anne Philippe .....
RépondreSupprimerA mon libraire, plutôt :-)
SupprimerJe vous remercie en tout cas du conseil.
OUI, je me suis trompée, je vous demande d'être amie, parce que je vois que vous lisez beaucoup, et moi aussi !!
SupprimerJe viens d'y répondre !
SupprimerNul doute que nous aurons de nombreux sujets d'échange :-)
Je me souviens de cet acteur tellement particulier et sensible. Ce doit être un très beau récit.
RépondreSupprimerSplendide !
SupprimerJe ne connais pas bien Jérôme Garcin mais ton émotion est palpable et me donne envie de le découvrir davantage.
RépondreSupprimerOui, c'est assez rare d'éprouver une émotion d'une telle intensité à la lecture d'un livre. Tant mieux si j'ai réussi à la restituer. :-)
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