Olivia de Lamberterie
Stock, 2018
Prix Renaudot Essai 2018
Une journaliste - connue pour ses chroniques littéraires - qui publie un livre ? Comme nombre d’entre nous, je concède avoir quelques a priori. En l'occurrence, j’imaginais un roman plus ou moins boursouflé de prétention ou d’une abyssale vacuité, c’est selon, mais signé d’un nom suffisamment connu pour agiter le monde germanopratin... J’avais donc soigneusement détourné mon attention de ce titre. Après tout, dans une rentrée littéraire qui comptait quelque 567 livres, ça en faisait toujours un de moins...
Sauf que d’autres lecteurs, à l’esprit sans doute moins étriqué que le mien, n’hésitèrent pas quant à eux à aller voir de quoi il retournait. Et ce qu’il m’en rapportèrent, soit de vive voix soit au travers de leurs chroniques enthousiastes, m’amena à réviser ma hâtive appréciation. Et puisqu’une lectrice amie - que je remercie ici - se proposait de me prêter son exemplaire, je n'avais décidément plus aucune raison de résister.
Disons d'abord qu'il ne s'agit pas d'un roman. Si Olivia de Lamberterie a pris la plume, ce n'est pas pour répondre aux sirènes d'un éditeur - et je ne doute pas qu'en la matière elle ait été l'objet de nombreuses sollicitations. Non, l'écriture a jailli d'une urgence, d'une volonté supérieure de garder intacts le souvenir, la voix, les traits, la grâce de celui qu'elle chérissait. Son frère Alexandre, de trois ans son cadet, s'est donné la mort en 2015, laissant place à une terrifiante absence.
La douleur ne s'atténue pas avec le temps. Une douleur dont l'auteure fait sa compagne et qu'elle refuse de voir disparaître, craignant que son frère disparaisse alors définitivement et irrémédiablement avec elle. Une douleur telle que les mots des écrivains, ses compagnons de toujours, ne lui sont d'aucun secours. Pour retrouver le chemin de la littérature et rendre ainsi la vie à son frère, Olivia n'a d'autre choix que d'écrire à son tour et de coucher sur le papier les mots qui s'imposent à elle.
Pour cette femme issue d'une famille où l'on tait ses sentiments et ses émotions, cela n'a rien de naturel. Mais les phrases jaillissent, et la sincérité qui les guide ne peut que toucher le lecteur.
J'ai aimé ce portrait sensible et délicat qui définit les traits d'une personnalité sans doute peu encline à entrer dans le moule que la société lui imposait, d'un homme réfractaire, peut-être, à un bonheur qu'il se sentait incapable de goûter égoïstement lorsque tant d'autres en étaient privés.
J'ai aimé, bien sûr, tout ce que l'auteure dit de son rapport aux livres et qui m'a permis de me sentir si proche d'elle.
J'ai aimé ses mots simples et sincères.
Sans doute ne l'écouterai-je plus désormais tout à fait de la même oreille, lorsque je l'entendrai parler des textes qui l'enchantent.
Disons d'abord qu'il ne s'agit pas d'un roman. Si Olivia de Lamberterie a pris la plume, ce n'est pas pour répondre aux sirènes d'un éditeur - et je ne doute pas qu'en la matière elle ait été l'objet de nombreuses sollicitations. Non, l'écriture a jailli d'une urgence, d'une volonté supérieure de garder intacts le souvenir, la voix, les traits, la grâce de celui qu'elle chérissait. Son frère Alexandre, de trois ans son cadet, s'est donné la mort en 2015, laissant place à une terrifiante absence.
La douleur ne s'atténue pas avec le temps. Une douleur dont l'auteure fait sa compagne et qu'elle refuse de voir disparaître, craignant que son frère disparaisse alors définitivement et irrémédiablement avec elle. Une douleur telle que les mots des écrivains, ses compagnons de toujours, ne lui sont d'aucun secours. Pour retrouver le chemin de la littérature et rendre ainsi la vie à son frère, Olivia n'a d'autre choix que d'écrire à son tour et de coucher sur le papier les mots qui s'imposent à elle.
Pour cette femme issue d'une famille où l'on tait ses sentiments et ses émotions, cela n'a rien de naturel. Mais les phrases jaillissent, et la sincérité qui les guide ne peut que toucher le lecteur.
J'ai aimé ce portrait sensible et délicat qui définit les traits d'une personnalité sans doute peu encline à entrer dans le moule que la société lui imposait, d'un homme réfractaire, peut-être, à un bonheur qu'il se sentait incapable de goûter égoïstement lorsque tant d'autres en étaient privés.
J'ai aimé, bien sûr, tout ce que l'auteure dit de son rapport aux livres et qui m'a permis de me sentir si proche d'elle.
J'ai aimé ses mots simples et sincères.
Sans doute ne l'écouterai-je plus désormais tout à fait de la même oreille, lorsque je l'entendrai parler des textes qui l'enchantent.
Je ne doute pas de la sincérité de son livre, mais l'auto-fiction, je n'en peux plus ..
RépondreSupprimerMais en fait, là, ce n'est pas de l'auto-fiction. C'est un récit, franc et sincère sur la façon dont elle a vécu la mort d'un être cher. C'Seulement, c'est le récit d'une personne qui a l'habitude de fréquenter les textes, la littérature et à qui, à ce moment-là, ne suffisent plus les mots des autres. Il en résulte un très beau livre.
SupprimerCe n'est pas de l'autofiction, c'est un récit véridique (et elle tient au "véridique". C'est ce que les anglo-saxons appellent narrative non fiction...
SupprimerJ'avoue avoir du mal à saisir la différence entre autofiction et et roman autobiographique, ou récit intime...
RépondreSupprimerBref, c'est sans doute très bien, mais ça ne me tente pas...
En fait, ce n'est pas un roman. C'est bien un récit autobiographique, et je ne crois pas d'ailleurs que le mot roman figure dans ou sur le livre. A aucun moment, me semble-t-il, Olivia de Lamberterie ne s'inscrit dans un espace fictionnel, ce qui est quand même le cas dans l'auto-fiction (comme son nom le laisse entendre ;-)). Ceci dit, je suis d'accord, la frontière est parfois ténue...
SupprimerJe te l'ai dit, ce livre m'a terriblement remuée au point que je n'ai pas écrit de billet par pudeur envers mes propres sentiments. Pourtant, moi non plus je n'avais pas prévu de le lire... Mais tu as raison, impossible dorénavant de ne pas l'écouter différemment dans l'exercice de son métier.
RépondreSupprimerNous n'aurons donc pas le plaisir de lire ton billet ? C'est vrai qu'il n'est pas facile d'écrire sur un livre qui nous a touché au plus intime de nous-mêmes. Comme tu dis, question de pudeur, de difficulté à se mettre soi-même à nu...
SupprimerAlors là, celui-là, je veux le lire. D'abord pour découvrir le premier roman de cette auteure, puis par son sujet. Le fait qu'il y ait du Montréal là-dedans n'est pas, non plus, pour me déplaire!
RépondreSupprimerMais oui, c'est vrai qu'une part du livre se passe par chez toi ;-)
SupprimerJe n'avais pas pensé le lire mais bon si ça se presente donc... ☺
RépondreSupprimerEffectivement, je t'encourage à la saisir... voire à la provoquer, cette occasion ;-)
SupprimerJ'ai eu les mêmes à priori que toi mais maintenant je suis très tentée.
RépondreSupprimer:-))
SupprimerIl est sûrement à la bibli, mais comme Aifelle, je fatigue un peu.
RépondreSupprimerMon esprit est aussi étriqué que le tien, je fais d'office l'impasse sur des romans de ce genre signés par des personnalités "médiatiques". A tort sans doute, mais on ne se refait pas que veux-tu !
RépondreSupprimerEh ben à nous deux, on fait la paire !
Supprimer:-D