Judith Perrignon
L’Iconoclaste, 2015
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Une merveilleuse ode au poète.
Quel magnifique hommage que celui rendu par Judith Perrignon !
Hommage rendu à l’auteur des Misérables, bien entendu, mais par-delà cette figure tutélaire, hommage rendu à la figure du Poète, à ses mots et à leur incommensurable pouvoir.
On a du mal à imaginer aujourd’hui l’ampleur de l’émotion qu’a pu susciter la mort d’un écrivain. Il faut pourtant essayer de se représenter les milliers d’individus se rendant sur le seuil de la maison d’Hugo, l’immense cortège du peuple accompagnant une dernière fois celui qui avait su le comprendre et le défendre, l’infinie tristesse qu’avaient en partage tous ceux qui lui étaient reconnaissants de la dignité qu’il leur avait accordée et du respect qu’il leur témoignait.
Judith Perrignon nous remet tout cela en mémoire. Ce faisant, elle évoque avec talent tout ce que ce décès a cristallisé. Né en 1802, Victor Hugo a traversé son siècle, tout entier fait de sursauts révolutionnaires, de tentatives de restauration d’un régime que l’on croyait pourtant avoir décapité, d’oppositions violentes, de combats farouches en faveur du progrès social... le tout soldé bien souvent par de véritables bains de sang.
L’enterrement du grand homme constitua un enjeu que l’on a un peu oublié : Hugo est aujourd’hui une icône telle qu’il ne fait plus débat. Pourtant, républicains ou socialistes, bourgeois bon teint ou ouvriers, chacun voulut voir dans le poète un héraut de sa cause... Même l’Eglise tenta jusqu’au dernier instant de le ramener dans son giron !
Qu’importe. Après la disparition de l’homme, ses mots perdurent. Dégagés de la tutelle de leur auteur, les mots du poète s’imposent dans toute leur souveraineté. Ils se diffusent et font germer les idées. Ces mots transmis par un père, appris à l’école ou découverts dans un livre, accomplissent leur oeuvre et accompagnent les hommes jusque dans les moments les plus cruels de l’Histoire. Ils les soutiennent, les aident à vivre et finissent, parfois, par remporter des victoires, comme lors de l’enterrement de la guillotine.
Les hommes auront beau effectuer des mouvements de recul, se replier sur eux-mêmes ou se réfugier dans l’obscurantisme, les mots sublimes du poète resteront toujours là, à leur portée, prêts à les guider sur la voie de l’intelligence, de l’empathie et de la liberté.
Un grand merci à Judith Perrignon pour ce très beau texte qui m’a permis de me replonger dans la littérature et l’histoire de ce XIXe siècle si cher à mon cœur (et un coup de chapeau aux éditions de L'Iconoclaste pour le soin apporté à la couverture et plus généralement à la fabrication du livre) !
Il fait partie des livres de la rentrée que j'ai envie de découvrir. Et j'aime bien l'écriture de Judith Perrignon.
RépondreSupprimerJe viens de la découvrir, Aifelle, et je partage ton appréciation : c'est une très belle écriture.
SupprimerJe n'avais pas trop aimé Les faibles et les forts, en particulier sa construction qui n'apportait rien à mon goût... Je suis toutefois tentée par cet hommage à Victor Hugo.
RépondreSupprimerN'ayant pas lu d'autres livres de cet auteur, je ne peux pas me prononcer... Je ne peux que répéter que ce livre-là est selon moi très bon.
Supprimerj'ai bien l'intention de le lire car cet homme malgré tous ses défauts représente aussi le meilleur de l'humanité
RépondreSupprimerEt oui, une forte personnalité, avec ce que cela peut comporter de qualités... et d'aspects plus discutables. Mais en tout cas un grand écrivain et un grand homme. Si tu t'intéresses à lui, je te conseillerais bien également un livre magnifique : Trois grands fauves d'Hugo Boris. Il s'agit des portraits saisissants de trois icônes : Hugo, donc, ainsi que Danton et Churchill. Un texte d'une qualité littéraire rare.
Supprimerhttp://delphine-olympe.blogspot.fr/2013/09/trois-grands-fauves-hugo-boris-belfond.html
(Il est désormais en poche, chez Pocket)
J'ai adoré "Les faibles et les forts" et je suis absolument certain de lire celui-ci d'ici peu ;)
RépondreSupprimerRien à ajouter, alors ! J'irai bien sûr te lire lorsque tu publieras ton commentaire ;-)
Supprimerwhaouh, ça a tout pour me plaire!
RépondreSupprimerAlors n'hésite pas !
Supprimerje n'en fais pas une urgence mais je note.
RépondreSupprimerPas évident de tout lire ;-)
SupprimerJ'étais un peu mitigée sur son précédent roman mais elle parle très bien de celui-ci.
RépondreSupprimerJe ne l'ai pas beaucoup entendue... Seulement sur France Culture dans Les bonnes feuilles, mais je trouve l'émission moins bonne cette année : plus de place à la lecture des premières pages par l'écrivain et moins pour la discussion...
SupprimerC'est un livre de cette rentrée littéraire ? Punaise, c'es trou je n'en ai pas du tout entendu parler, alors que bon Perrignon n'est pas une inconnue non plus...Très belle chronique Delphine ;-)
RépondreSupprimerBen oui, Galéa, c'est bien un livre de la rentrée ! Y a pas que La Grande Librairie dans la vie ;-)
SupprimerBon je dis ça, mais rien que pour tes chroniques, j'aimerais que cette émission devienne quotidienne !
Je n'ai jamais lu de roman de Judith Perrignon mais j'avais beaucoup aimé le récit qu'elle a écrit à quatre mains avec Marceline Loridan-Ivens.
RépondreSupprimerJe lirai également celui-ci, puisque tu en parles si bien
C'était une découverte pour moi. C'est le sujet qui m'a attirée, mais j'ai été plus que charmée par le traitement littéraire qui en est fait.
SupprimerSans être un coup de coeur, j'ai beaucoup aimé ce roman de Judith Perrignon. Au-delà de l'hommage au poète, ce roman décrit bien ce climat de tensions politiques et sociales du Paris de cette fin de 19e siècle mais aussi la capacité de toute une population à se rassembler pour un symbole.
RépondreSupprimerEffectivement, Virginie, et c'est bien ce qui rend ce livre particulièrement intéressant et réussi.
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