Laura Poggioli
L’Iconoclaste, 2025
Lara, la quarantaine, trois enfants, semble vouloir écrire une nouvelle page de sa vie et pousse les portes d’un service d’addictologie pédiatrique pour y effectuer un stage. Ainsi va-t-elle entendre la parole d’enfants et d’adolescents devenus dépendants aux écrans. Les histoires auxquelles elle est confrontée sont conformes à ce que l’on peut en attendre : celles de gamins nourris aux portables et autres tablettes depuis leur plus jeune âge, avec les dramatiques conséquences sur leur développement, leur comportement et leur aptitude à vivre en société qui sont désormais documentées.
A leurs expériences fait écho celle de la narratrice qui fit quelques années auparavant l’objet d’un harcèlement en ligne de la part du médecin de ses enfants qui avait été un temps son amant. Peu à peu, on découvre comment celui-ci était parvenu à imposer son emprise, puis la manière dont il a pu prolonger ses méfaits en prenant le contrôle de l’environnement numérique de Lara.
Ainsi le récit évite-t-il l’écueil de la fracture générationnelle. Certes, par leur surexposition précoce, les plus jeunes sont-ils plus perméables encore que leurs aînés aux ravages des écrans, mais il serait bien présomptueux de croire que quiconque en est à l’abri.
Néanmoins, ce roman n’est pas une diatribe contre les réseaux sociaux, dont on ne saurait aujourd’hui éradiquer l’existence (et le voudrait-on, d’ailleurs ?). Tout au long de son récit, l’auteure s’attache avant tout à cerner la manière dont les technologies numériques agissent sur notre psychisme et s’interroge sur celle dont nous pourrions nous protéger de leurs effets.
Une réflexion pertinente qu’il n’est pas surprenant de voir le champ littéraire investir tant les impacts sur les plans humain, social, environnemental sont colossaux. Encore un chantier qu’il nous faut prendre à bras-le-corps…