Jean Echenoz
Minuit, 2025
Est-ce le même auteur qui est à l’origine de ce livre sur Ravel, si fin et si profond, que j’ai lu l’année dernière et de l’objet qui nous est proposé aujourd’hui ? S’agit-il bien de cet écrivain présenté comme l’une des figures majeures de notre littérature contemporaine, célébré il y a quelques années par une exposition au centre Pompidou ? J’ai peine à le croire, tant ce Bristol m’est apparu indigent.
De quoi y est-il question ? D’un médiocre cinéaste réalisant un médiocre film. Un peu léger, pensez-vous ? C’est sans doute ce qu’a dû songer l’auteur lui-même en décidant d’y adjoindre une vague intrigue policière. Malheureusement, celle-ci n’ayant guère plus de consistance, sa résolution se perd dans les méandres de bavardages sans substance…
Mais, me direz-vous, en littérature l’essentiel réside dans la forme. Ainsi la force d’un style peut-elle transmuer le sujet le plus ténu en véritable chef-d’oeuvre ! Certes, mais il ne suffit pas pour cela d’accumuler les mots savants et inusités comme Echenoz semble beaucoup s’amuser à le faire. Grand bien lui fasse, mais infliger ses fantaisies au lecteur risque de laisser celui-ci sur le bas-côté : fatigué de consulter vainement son dictionnaire, il finit par renoncer à chercher le sens de mots échouant à conférer la moindre épaisseur à ce texte…
Je sais qu’Echenoz a ses aficionados : soit ils me disent que ce roman est un incident de parcours - cela arrive aux meilleurs - soit ils m’expliquent ce qu’ils y trouvent. Pour le moment, qu’il s’agisse de la pleine page que Le Monde des livres a consacrée à l'auteur ou des quelques déclarations laudatives que j’ai pu lire ici où là, elles ne m’ont guère convaincue…
J'ai lu deux romans d'Echenoz, (dont Ravel) et je n'ai accroché à son style ni à l'un, ni à l'autre. Sur Ravel j'ai préféré de loin le roman de Michel Bernard. Je pense que ce n'est pas un auteur pour moi.
RépondreSupprimerEn dépit de Ravel, je ne suis pas sûre qu'il soit pour moi non plus : j'en avais lu un troisième qui n'avait pas dû m'enthousiasmer outre-mesure, puisque j'en ai oublié le sujet et jusqu'au titre ! Et comme je ne l'avais pas chroniqué, je serai bien en peine de l'identifier...
SupprimerJ'aime le style Echenoz, alors je lirai celui-ci aussi, mais plus tard
RépondreSupprimerJe sais qu'il a ses amateurs...
SupprimerUn incident de parcours ? Alors Envoyée spéciale et Vie de Gérard Fulmard en étaient aussi ! Ils m'ont semblé écrit par-dessus la jambe, et j'ai ignoré l'auteur depuis, alors que j'avais adoré Courir.
RépondreSupprimerMais tu es pire que moi !
Supprimer:-D
Alors je conçois que l'on ne soit pas sensible ni au style ni à l'univers d'Echenoz, mais dire que c'est écrit "par-dessus la jambe" me semble totalement incorrect pour qui prend le temps de regarder correctement ses textes, la façon dont ils sont construits, la précision... il y a derrière un énorme boulot d'écriture.
SupprimerPas un bon cru de cet auteur, alors. Je reste donc avec mon excellent souvenir de Ravel.
RépondreSupprimerJe serais tentée de t'encourager à le faire ;-)
SupprimerOui, il a sans doute deux séries dans ses écrits, pour l'instant j'aime tout! Le sérieux ou le barré. Désolée... ^_^
RépondreSupprimerNe le sois pas !
SupprimerEn fait c'est l'occasion qui s'est présentée, et je trouvais assez marrante l'idée d'un type qui en voit un autre tomber par la fenêtre sans que ça le trouble le moins du monde. Et commencer l'année avec quelque chose de léger, pourquoi pas.
RépondreSupprimerPour le reste, j'ai la faiblesse de penser pouvoir compter parmi "les gens qui s'intéressent un tant soit peu à l'art de l'écriture"... Mais pour ma part, je sens terriblement ici l'exercice de style, la jouissance à faire montre d'une certaine forme de virtuosité qui me laisse complètement de marbre. Je laisse à d'autres le plaisir de goûter cette prose. Mais pour moi la littérature ce n'est pas seulement l'art de faire de belles phrases (si tant est que l'on trouve celles-ci belles, mais c'est un autre débat). La beauté pour moi ne peut exister si elle est creuse et sans épaisseur. Un texte est beau lorsqu'à travers une forme singulière d'expression il me fait voir les choses autrement, il me transporte, il me faut de la profondeur, il faut que ça laisse une empreinte (et il me semble, au vu de tes chroniques que je lis depuis maintenant de nombreuses années, que tu attends aussi tout cela). Et là, pour moi, il n'y a rien derrière ces phrases. C'est désespérément vide.
Après, je n'ai rien contre la junklittérture (au sens où on parle de junkfood) : un bon shoot de plaisir - que chacun trouve où il veut. C'est juste qu'il ne faut pas me vendre ça comme de la haute gastronomie...
Comparer Echenoz à de la junklitterature... ma foi, il est vrai que nous sommes passés à l'ère libertarienne où l'on peut tout dire, mais développer une discussion sur cette base équivaudrait à tenter de convaincre un complotiste que la terre n'est pas plate. Les bras m'en tombent.
RépondreSupprimerJ'étais sûre que cela te ferait réagir ! Mais tu m'avais bien cherchée en laissant entendre que je ne m'intéressais pas au style d'un auteur... ou que j'étais incapable d'en discerner les qualités, si on voulait interpréter ton propos de manière un peu moins tranchante ;-)
RépondreSupprimerMais je dois dire que ta réponse n'est pas beaucoup plus amène...