Entretiens

jeudi 17 octobre 2019

Francis Rissin

Martin Mongin

Tusitala, 2019



Mais qui est donc ce Francis Rissin, qui donne son nom à un épais roman ? Du jour au lendemain, dans les provinces françaises, fleurissent des affiches mentionnant ce simple patronyme. Pas de photo, pas de slogan, pas d’explication. Juste un nom qui va peu à peu imposer sa présence et faire son chemin dans les esprits, laissant le champ libre à toute forme d’interprétation.
Est-il cet homme intègre qui va bannir mensonges et clientélisme de la classe politique ? Est-il celui que tout le monde attendait et qui va enfin sortir la France de son marasme ?

L’auteur multiplie les témoignages pour tenter de cerner la figure de cet être insaisissable plébiscité par une majorité de Français dont il n’hésite pas à flatter les bas instincts. Au fil des chapitres se dessinent les traits d’un homme providentiel, cette fiction surgissant dès que le ciel de l’histoire s’assombrit. Un costume que n’importe qui selon les circonstances peut endosser avant de se muer en despote tyrannique. Un personnage conjointement construit par quelque ambitieux opportuniste et un peuple avide de se sentir enfin écouté.

Je me suis lancée dans cette lecture avec la plus grande curiosité: le buzz (soigneusement orchestré par mon amie Nicole), le thème, et puis le souvenir persistant de ces énigmatiques affiches apparues un temps sur les murs de Paris et sur lesquelles on voyait un visage juvénile et rieur associé à un nom, John Hamon, sans plus de détails...

Si la construction du récit est plutôt habile, levant un à un les voiles sur l’identité du héros tout en l’enveloppant paradoxalement de mystère, si le jeu sur l’espace fictionnel et la manière dont chaque individu peut l’investir, y compris à son corps défendant, m’a semblé tout à fait intéressant, je dois néanmoins dire que j’ai trouvé l’ensemble un peu bavard, un peu long et peut-être un peu trop démonstratif. L’auteur est prof de philo et je dirais que cela se sent. Il joue fort adroitement avec son sujet, mais il m’aura manqué un style, une forme de jubilation littéraire pour savourer pleinement ce texte non dénué de pertinence...

Nicole et Papillon ont quant à elles adoré sans réserve !

Un roman sélectionné par


A crier dans les ruines
, Alexandra Koszelyck, Aux forges de Vulcain
Après la fête, Lola Nicolle, Les Escales
Attendre un fantôme, Stéphanie Kalfon, Joëlle Losfeld 
Cent millions d'années et un jour, Jean-Baptiste Andrea, L'Iconoclaste
Ceux que je suis, Olivier Dorchamps, éditions Finitude
Dénouement, Aurélie Foglia, Corti
Francis Rissin, Martin Mongin, éditions Tusitala
J'ai cru qu'ils enlevaient toute trace de toi, Yoan Smadja, Belfond
L'homme qui n'aimait plus les chats, Isabelle Aupy, éditions du Panseur
L'imprudence, Loo Hui Phang, Actes Sud 
La chaleur, Victor Jestin, Flammarion
Le bal des folles, Victoria Mas, Albin Michel
Le coeur battant du monde, Sébastien Spitzer, Albin Michel
Le corps d'après, Virginie Noar, éditions François Bourin 
Le détachement, Jérémy Sebbane, Sable polaire
Les amers remarquables, Emmanuelle Grangé, Arléa
Les autres fleurs font se qu'elles peuvent, Alexandra Alévêque, Sable polaire
Rhapsodie des oubliés, Sofia Aouine, éditions de La Martinière
Tous tes enfants dispersés, Beata Umubieyi Mairesse, Autrement
Un été à Islette, Géraldine Jeffroy, Arléa
Une fille sans histoire, Constance Rivière, Stock

19 commentaires:

  1. En tout cas ça m'a donné une de mes meilleures lectures de la rentrée, et une jolie surprise.

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  2. Le bouquin le plus original de cette rentrée, et un moment de lecture jubilatoire, pour ma part.

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  3. Bon, je ne vais pas en rajouter ici, je me répands assez comme ça... ;-)

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  4. Le billet de Nicole est (beaucoup)plus enthousiaste que le tien et me donne vraiment envie de découvrir ce personnage!

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    1. Nicole a donné envie de lire ce roman à toute la blogosphère !
      (Et je suis sérieuse quand je dis ça)

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    1. Pédagogique, non, je ne dirais pas cela, d'autant qu'il y a une vraie recherche narrative. "Démonstratif" serait peut-être plus approprié, selon moi. Et puis je n'ai pas trouvé cela très recherché d'un point de vue stylistique. Mais j'ai surtout trouvé cela trop long.

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  6. Je l'ai noté chez Papillon et je compte bien le lire dès que je l'aurai à la bibliothèque. On verra dans quel camp je me situe ;-)

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  7. Donc, il ne reste plus qu'à le lire pour savoir dans quel camp on se situe... Bah, il ne lui reste plus qu'à se trouver à la bibliothèque . Mais pour l'instant je ne suis pas attirée plus que ça. Je suis tellement souvent déçue par les romans encensés par le plus grand nombre ...

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    1. Oui, alors là, il n'y a pas de plus grand nombre, il y a moi et les quelques dingues que j'ai réussi à contaminer... On est très loin du Bal des folles, ou du Cécile Coulon...

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    2. Sur babelio, pour l'instant, il n'a que des critiques positives, ce qui est rare, il y a toujours une personne pour dire le contraire.

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  8. Noukette m'en avait dit le plus grand bien au salon Fnac. Mais maintenant que je lis tes bémols je suis un peu refroidi. Bavard et démonstratif, ça me calme !

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    1. Bon, après ce n'est que mon avis personnel. Ce roman a beaucoup d'adeptes...

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    2. J'en ai dit le plus grand bien sans l'avoir lu mais je suis drôlement tentée ! Et c'est un coup de cœur de mes libraires qui ont toujours bon goût ;-)

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