Entretiens

dimanche 29 mars 2015


La décision

Britta Böhler

Stock, 2014


Traduit de l'allemand par Corinna Gepner

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Avec ce roman bref et concis, Britta Böhler évoque le statut de l'écrivain dans des questions qui restent terriblement d'actualité.

Février 1936. Thomas Mann vit en Suisse depuis 3 ans. 
Alors qu’il était parti pour effectuer un simple voyage d’agrément, la situation politique de son pays s’est brutalement dégradée : après l’incendie du Reichstag, Hitler obtient les pleins pouvoirs ; la propagande et les violences anti-juives se multiplient.

L’écrivain ne peut raisonnablement rentrer chez lui. Sa maison a été confisquée. Le danger est trop grand. Il se résout péniblement à rester en Suisse. Temporairement, croit-il - ou l’espère-t-il : l’Allemagne saura retrouver la raison. Mais plus le temps passe, plus le doute s’immisce en lui. Ce qu’il découvre dans les journaux, jour après jour, le plonge dans le désarroi. Le peuple allemand devient fou. Le grand homme ne reconnaît plus son pays et se réfugie alors de plus belle dans l’écriture. N’est-ce pas dans la solitude et le silence qu’il a jusqu’ici rédigé ses chef-d’oeuvre ? 
Pourtant, il le sait, de ce gouvernement ne sortira rien de bon, ni pour l’Allemagne ni pour le monde. S’il le sait, a-t-il le droit de se taire ? N’a-t-il pas le devoir au contraire d’alerter ses concitoyens ? Sous la pression de sa femme et de ses aînés - dont on sait à quel point ils s’opposèrent au régime -, il se sent finalement obligé de prendre position et rédige une lettre condamnant la politique de l’Allemagne. 

Britta Böhler concentre son roman sur trois jours durant lesquels la publication de la missive est suspendue. Rendant compte de tous les questionnements de Thomas Mann, de ses doutes, de ses peurs, elle interroge le statut de l’écrivain. Il ne s’agit ni plus ni moins que des questions qui se posent à tout écrivain, en toute époque, mais bien évidemment de façon beaucoup plus pressante lorsqu’on se trouve dans une situation politique instable ou lorsque la démocratie et les libertés sont menacées.
L’écrivain doit-il observer sans prendre parti ? Doit-il se consacrer à son oeuvre sans se préoccuper d’autre chose ? Condamner son pays, est-ce le trahir, l’abandonner ? Ou, à l’inverse, est-ce l’aider à prendre conscience des événements pour tenter d’enrayer la catastrophe ? Doit-il se mettre en danger, se privant alors peut-être de la possibilité d’écrire ? A-t-il le droit de faire courir des risques à sa propre famille ? Aura-t-il la force de supporter l’opprobre qui s’abattra sur lui ?

Aujourd’hui comme hier, chaque artiste apportera ses propres réponses. 

Au terme de ces trois jours d’incertitude, Thomas Mann finit par résoudre ses contradictions et prendre la décision qui s’imposait, trouvant ainsi une certaine paix avec lui-même : sa responsabilité n’est pas uniquement artistique. L’artiste, pense-t-il, ne peut se retrancher dans son monde intérieur. Lorsqu’un gouvernement brûle les livres, la sphère intellectuelle ne peut se séparer du politique. Et puisque son pays a tourné le dos à toute forme de culture, sa responsabilité est précisément de continuer à la faire vivre, où qu’il se trouve. Comme le chantait sa fille Erika dans ses spectacles:
«De rencontre en rencontre, de lieu en lieu, l’émigrant emporte à ses semelles et dans son sac tout son pays et un bout de sa patrie.»

vendredi 27 mars 2015

Juliette dans son bain

Metin Arditi

Grasset 2015




Philosophie de comptoir et psychologie de supermarché constituent les ingrédients de ce roman sans éclat...

J’avais eu, déjà, très envie de lire le précédent roman de cet auteur, Le Turquetto. Mais les tentations sont si nombreuses... l’occasion ne s’était finalement pas trouvée. Alors, lorsque je suis tombée sur Juliette à la bibliothèque, convaincue par une quatrième de couverture alléchante, je n’ai pas hésité !

«Intrigue policière», «satire sociale», «portrait d’un homme ambigu tiraillé entre le succès et l’isolement, le talent et l’ambition, le cynisme et l’humanité» : l’éditeur semblait me promettre rien moins qu’un Balzac qui aurait décidé d’écrire pour la Série noire...

Las ! Si l’écriture fluide et efficace rend la lecture aisée, j’avoue que l’intrigue ne m’a pas franchement passionnée et, surtout, que les personnages m’ont paru singulièrement inconsistants et caricaturaux. Voyez le héros : un homme immensément riche auquel on a enlevé sa fille apparaît dans toute sa fragilité, comme n’importe quel individu qui vivrait cette douloureuse épreuve. Sa vulnérabilité est d’autant plus aiguë qu’il souffre d’une maladie cardiaque nécessitant une lourde intervention chirurgicale... Quant à sa femme elle l'a clairement épousé pour le seul charme de son compte en banque.
L’intrigue est construite de telle manière que l’on découvre peu à peu les différentes étapes qui l’on conduit à la fortune et l’on est censé s’interroger sur sa droiture et son honnêteté. Peut-on s’enrichir sans trahir ? Mais aussi : peut-on posséder le sens des affaires et une réelle sensibilité artistique ? Questions un rien simplistes que je vous laisse le soin de méditer si le coeur vous en dit...

Bon, nous avons tous nos petits moments de faiblesse et, si j’en crois les différents avis lus sur ce livre et les précédents d’Arditi, je ne dois pas m’en tenir à cette lecture. Il faudra décidément que je lise Le Turquetto qui est, paraît-il d’une autre teneur !

samedi 21 mars 2015

Le dernier gardien d’Ellis Island

Gaëlle Josse

Notabilia, 2014




A travers les mémoires imaginaires du dernier gardien d'Ellis Island, l'auteur rend un hommage appuyé à tous les anonymes qui révèrent un jour de l'Amérique.

Gaëlle Josse signe avec ce récit une belle réflexion sur l’exil et l’arrachement à son pays, sur la douleur et sur l’espoir.
Imaginant à la veille de la fermeture du centre d’Ellis Island l’histoire de son dernier directeur et celles de quelques-uns des migrants qui croisèrent sa route, elle confronte l’espoir démesuré des uns et l’extrême méfiance des autres.

L’Amérique. Rien qu’à entendre prononcer ce nom, combien ont rêvé d’une vie meilleure, où tout serait possible, n’ayant pourtant aucune idée de ce à quoi ice pays pouvait ressembler ? Combien ont quitté famille, amis, traditions pour se jeter vers l’inconnu ? Combien ont cru pouvoir s’arracher à la misère ?
Italiens, Irlandais, Polonais, Hongrois... tous ceux qui, au tournant des XIXe et XXe siècles, prirent la décision de tout quitter, ignoraient qu’ils devraient d’abord passer un drastique examen de passage avant de pouvoir franchir la Porte d’or. Ce n’est qu’à la descente du bateau, au terme d’une longue et terrible traversée, qu’ils pressentaient que l’aventure pourrait se terminer avant même d’avoir commencé...

Dans un style sobre qui laisse toute la place aux émotions, Gaëlle Josse exprime avec une grande justesse la peur de l’inconnu et du rejet, l’humilité mais aussi la dignité, la détresse mais aussi la détermination de tous ces individus qui, bien que dans un profond dénuement, voulurent apporter à cette terre le meilleur d’eux-mêmes: leur savoir-faire, leur gratitude et une énergie hors du commun, fondée sur la chance qu’ils croyaient de pouvoir tenir enfin les rennes de leur existence...

Mais l’Amérique n’était pas prête à en recevoir tant. Il lui fallait trier le bon grain de l’ivraie. Recevoir une main d’œuvre prête à travailler avec acharnement, oui ; accueillir des individus atteints de maladie, trop faibles pour être utiles ou, pire, pouvant porter le germe d’idées subversives, non. Au moindre doute, on était impitoyablement renvoyé vers sa misère.

Les quelques centaines de mètres carrés d’Ellis Island, face à la statue de la Liberté, cristallisaient ces espoirs, alors qu’ils n’étaient qu’une sorte de purgatoire où l’on était jugé, jaugé, parfois marqué comme une bête par un symbole indiquant si l’on était apte à entrer sur le territoire ou pas. Cette île, qui apparaissait comme un phare, n’était trop souvent qu’un leurre où venaient se fracasser les illusions.

Aujourd’hui encore, célèbre à travers le monde, Ellis Island symbolise l’histoire de tous ces êtres qui, pour des motifs politiques ou économiques, sont contraints de quitter leur pays et tout ce qui constitue leur identité - leur environnement, leur langue, leurs coutumes, leurs pratiques religieuses, leurs habitudes alimentaires... - pour simplement sauver leur peau et pouvoir vivre.
Ces destins, ces visages que nous décrit Gaëlle Josse avec une touchante sobriété sont ceux de ces sans-papiers qui travaillent illégalement chez nous, ceux de ces Mexicains qui tentent de passer la frontière américaine, ceux de ces Africains qui traversent la Méditerranée sur des embarcations surpeuplées pour atteindre Lampedusa, ceux encore de ces Cubains qui tentent de rejoindre Miami parfois à la nage... Cette histoire n’en finit hélas pas de se répéter.
Gaëlle Josse nous rappelle que ces anonymes dont l’existence est régulièrement évoquée dans nos journaux et bulletins d’information sont autant de personnes qui préfèrent affronter l’inconnu que de rester dans la piètre condition qui est la leur. Leur choix n’en est pas un. Il convient de ne pas l’oublier.

Retrouvez des citations de l'auteur.

Les avis tout aussi enthousiastes d'Aifelle, Clara et Yv.

vendredi 13 mars 2015

Un hiver à Paris

Jean-Philippe Blondel

Buchet-Chastel, 2015



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Un très beau livre, qui parle avec élégance et retenue d'une forme de violence admise et valorisée.

A voir la couverture de ce livre, avec son ciel laiteux dominant des immeubles parisiens, on s’attend à entrer dans un monde parfaitement ordonné empreint d'un confort feutré.
Or derrière cette apparente tranquillité se cache une violence inouïe. Sans pathos, sans acrimonie, avec au contraire une élégante réserve, Jean-Philippe Blondel lève le voile sur un moment de rupture dans un univers considéré comme le nec plus ultra de notre système éducatif : celui des classes préparatoires.

J’avoue avoir été fortement remuée dès les premières pages de ce livre, tant tout ce qu’il présente soulève en moi de révolte et d’indignation ! Car Blondel nous dépeint un monde où règnent la suffisance, l’appartenance de castes, l’humiliation, la domination et son pendant, la soumission consentie. Il s’agit d’un système d’enseignement basé sur l’acceptation de ces «valeurs», sous peine de s’en trouver exclu d’une manière plus ou moins brutale et radicale, pouvant conduire jusqu’au suicide, comme c’est le cas ici.

Le héros de Blondel, Victor, est un jeune provincial qui a été pris dans une classe préparatoire littéraire d’un lycée parisien. Il est en khâgne, c’est à dire en deuxième année, lorsqu’il se rapproche d’un élève de première année (hypokhâgne) ayant un profil comparable au sien. Il est à même de saisir les affres que connaît le jeune homme : le déracinement, la solitude, le mépris des autres élèves, majoritairement issus de la petite ou plus grande bourgeoisie parisienne, dont il ignore les codes. L’humiliation, que certains professeurs ont érigée en méthode pédagogique, est alors d’autant plus difficile à supporter. La charge écrasante de travail prive de pouvoir s’épanouir ailleurs, - libérer son esprit au cinéma, dans des lectures personnelles ou dans de simples déambulations. La crainte de donner à voir sa détresse consécutive aux mauvaises notes et à la difficulté de créer des liens creuse la distance avec la famille. Lorsque tous les éléments sont réunis, l’abîme peut se révéler vertigineux...

Alors on peut dire que Blondel rend compte d’un cas extrême. Certes. Heureusement, oserais-je dire. Mais il n’empêche que ce système n’est pas sans risque sur certains individus, très jeunes, en train de se construire. Pour avoir, peut-être, pressenti cette violence, alors que j’avais l’âge de Mathieu, j’ai claqué la porte d’un de ces établissements pour me tourner vers la fac, quelques jours seulement après la rentrée.
En outre, ce système prétend former nos élites et ce sont ces personnes-là que nous retrouvons à la tête de notre pays, qu’elles occupent des fonctions politiques ou économiques. Et on retrouve dans nombre d’entreprises des comportements calqués sur cette mentalité. Cet entre-soi, ce sentiment de supériorité qui produit les petits chefs avides d’humilier et écraser leurs subalternes pour en faire de serviles exécutants au lieu de favoriser l’expression de leurs compétences. Tout comme l’odieux professeur de français a poussé le jeune Mathieu à sauter dans le vide, alors même qu’il était un brillant et entreprenant jeune homme.

Et le pire reste bien que tout cela soit accepté, que chaque élément de la chaîne participe sciemment à faire perdurer les choses - avec la dose de cynisme que cela suppose et que Blondel ne manque pas d’épingler.

Pourtant, on peut aussi se réjouir qu’un système aussi contraignant et formateur - au sens de formater - puisse paradoxalement faire naître la créativité et le désir d’accomplissement par des voies personnelles. Car le narrateur ne saute pas dans le vide : il choisit d’emprunter la voie de l’écriture pour «tisser un filet au-dessus du gouffre». Sa vie peut alors commencer, dit-il.
Et, en mettant en mots ce moment fondateur, le narrateur, qui se confond à la fin du roman avec l’auteur par un très joli effet de miroir, nous offre le magnifique récit que nous tenons entre les mains: un récit délicat, humain, qui transcrit avec finesse la manière dont chacun accepte de tenir son rôle pour permettre à la pièce de se jouer jusqu’au bout et en tirer les bénéfices attendus. Quels que soient les incidents de parcours.

Quoi qu’il en soit, pour Blondel, le choix de la littérature fut assurément le bon.


Découvrez des citations de l'auteur.

Vous pouvez également découvrir l'auteur lors de son passage à La Grande Librairie, sur France 5.

Retrouvez enfin les avis enthousiastes de Clara et Brize.



dimanche 8 mars 2015


Temps glaciaires

Fred Vargas

Flammarion, 2015

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Un bon crû !

Inutile de présenter Fred Vargas : tout le monde la connaît, et elle vend ses livres à plusieurs centaines de milliers d’exemplaires.

En ce qui concerne l’intrigue, l’éditeur a eu l’intelligence de n’en rien révéler sur la quatrième de couverture et je ne vous gâcherai donc pas le plaisir de la découverte. Sachez simplement que Fred Vargas sait comme personne balader son lecteur, l’emmener sur un sentier pour dévier sur un autre chemin et le plonger ainsi dans une certaine perplexité. Les fils de son étonnante intrigue sont noués avec talent, alors même qu’à certains moments j’aie pu penser que c’était un peu tiré par les cheveux... Mais cette maîtresse es énigmes policières sait parfaitement où elle va !

Précisons - et c’est vraiment une grande qualité pour moi - que bien que les crimes dont il est question puissent paraître particulièrement abjects (notamment pour deux d’entre eux !), Fred Vargas ne se complait pas dans de longues et fastidieuses descriptions qui encombrent selon moi trop souvent la littérature policière. C’est bien par son seul talent de narration qu’elle ferre son lecteur. Notons également que la nature de son intrigue est loin d'être banale ! 

Enfin, on a le plaisir de retrouver ses personnages récurrents : Danglard et sa mémoire hors du commun, le roc Retancourt et, bien sûr, le commissaire Adamsberg. Bref tous les ingrédients sont réunis pour faire de cette lecture un vrai plaisir. Si j’osais la comparaison, je dirais que Vargas est à la littérature ce que la junkfood est à l’alimentation : un vrai shoot de plaisir, une lecture qu’on dévore de manière compulsive jusqu’à la dernière page, même si l’on sait qu’elle ne nous nourrira pas sur le long terme.

Mais le plaisir pur, ça fait du bien de temps en temps, non ?

dimanche 1 mars 2015


Berlinoise

Wilfried N’Sondé

Actes Sud, 2015

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Un joli roman d'apprentissage, ayant pour toile de fond un monde en pleine mutation.

Sur fond de chute du Mur de Berlin, N’Sonde raconte l’histoire d’un amour incandescent. Pas n’importe quel amour : celui que l’on vit à 20 ou 25 ans, avec fougue, quand l’avenir est ouvert et qu’il vous appartient, quand on ne connaît encore aucune entrave.
Ce sentiment d’absolu trouve sa quintessence dans le contexte historique qui l’a vu naître. Berlin est alors en pleine effervescence, la population est en liesse, des visiteurs viennent du monde entier pour participer à l’éclosion de ce qu’on croyait alors être l’aube d’un monde nouveau, un monde sans frontières, où la fraternité aurait toute sa place.

Stan lui-même a quitté la banlieue parisienne, la grisaille de sa vie et le lycée où il enseignait l’allemand pour vivre ce moment à nul autre pareil. Aussitôt arrivé, il découvre l’amour passionné, à des années-lumière de celui morne et sans saveur qu’il avait vécu avec Mélanie. Il ose s’adonner à sa passion, la musique, sur les scènes alternatives qui fleurissent un peu partout à Berlin.

Pour Maya, jeune Est-Allemande à la peau ambrée léguée par son père cubain, ce moment de libération tant désiré s’accompagne pourtant d’une angoisse diffuse qui ne va cesser de s’amplifier au fil des mois. Certes, elle peut désormais circuler où bon lui semble, mais le chômage et l’argent-roi font leur apparition. Citoyens de l’Est et de l’Ouest ont parfois du mal à cohabiter, à se sentir appartenir à une même nation. Une certaine aigreur apparaît, les uns s’estimant lésés par l’afflux des nouveaux arrivants, tandis que les autres se sentent mis en position d’infériorité. Certains cherchent des boucs émissaires : les crimes racistes se multiplient, perpétrés par des groupes ouvertement néonazis.

Stan s’en désole, mais ça ne l’empêche pas de goûter pleinement à ce sentiment de liberté tout neuf qu’il vient de découvrir. Mais pour Maya, c’est insoutenable. Comment aimer lorsqu’on vit entouré et menacé par la haine ? Comment vivre lorsque d’autres meurent sous les coups d’individus dont la violence n’a d’égale que la bêtise ?

N’Sondé traduit parfaitement ce moment du passage à l’âge adulte, moment de rupture, de découverte, de prise de conscience tout à la fois. Moment d’intense fragilité où tout se joue, où l’on se construit, mais où l’on peut tout aussi bien se perdre. La mise en abîme avec la ville de Berlin dans un moment crucial de son histoire donne une force incroyable à ce récit : les individus se construisent toujours, jusque dans le plus intime de leur être, dans un environnement social qui les modèle tout autant que leur histoire personnelle.