Flammarion, 2022
Ah ! le plaisir de prendre place dans une salle obscure pour y voir un bon film… Tiens, Autant en emporte le vent, par exemple. Plus de quatre heures de grand spectacle, des stars mythiques, des décors extraordinaires, de superbes costumes, des centaines de figurants…
Et si tout cela n’était rien, comparé à l’histoire même de la réalisation de ce film ?
C’est celle que nous raconte François-Guillaume Lorrain, qui n’en est pas à son coup d’essai puisqu’en 2015 déjà il avait relaté dans un formidable roman le tournage de Stromboli. Pas grand chose de commun ici, si ce n’est la présence de quelques protagonistes à la personnalité bien trempée.
Le producteur d’abord, David O. Selznick. Fils d’un immigré juif ayant quitté sa Russie natale pour gagner les Etats-Unis, il a surpassé les ambitions de son père en créant une société de production qui deviendra l’une des plus puissantes de Hollywood. Il faut dire que Selznick ne fait pas dans la demi-mesure. Quand il se lance dans un projet, il choisit un best-seller de plus de mille pages pour réaliser « le plus grand film de tous les temps ». Et pour ce faire, les dollars coulent à flot… jusqu’à le mener au bord de la faillite. Mais n’anticipons pas !
Clark Gable, ensuite, dont l’imposante silhouette et le charme désinvolte règnent sur la préparation et le tournage du film.
Quant à sa partenaire… Ah, sa partenaire ! Si le rôle de Rhett Butler est immédiatement pourvu, celui de Scarlett est une tout autre affaire. Pas une star féminine du moment qui ne soit pressentie ! Mais aucune ne semble pouvoir être en mesure d’incarner aux yeux de tous la mythique héroïne imaginée par Margaret Mitchell. Avant que Vivien Leigh ne traverse l’Atlantique pour s’imposer devant Selznick, d’incroyables stratégies auront été déployées pour dénicher la comédienne idéale.
N’oublions pas enfin Hattie McDaniel qui, en jouant le rôle de Mammy, se heurte de plein fouet à la communauté noire qui lui reproche de contribuer à assimiler leur image à celle d’une domesticité. Un rôle qui lui vaudra pourtant d’être la première interprète noire à remporter un oscar…
Au-delà de la trépidante aventure de ce film que François-Guillaume Lorrain nous restitue avec un plaisir évident, c’est un ébouriffant tableau de l’industrie cinématographique de l’âge d’or hollywoodien qu’il nous est donné de voir. Et c’est aussi un formidable instantané de l’Amérique des années 30. Trois bonnes raisons de le lire !