Entretiens

dimanche 27 septembre 2020

La grande épreuve

Etienne de Montety

Stock, 2020



En juillet 2016, nous étions frappés par une nouvelle attaque terroriste : vous vous en souvenez sans doute, deux jeunes hommes s’étaient introduits dans une église de la commune de Saint-Etienne-du-Rouvray pour y égorger le prêtre, faisant une autre victime - qui, par chance survécut à ses blessures - parmi les quelques fidèles qui assistaient à l’office. 

Journaliste au Figaro, Etienne de Montety, reçut très vite les dépêches qui informaient du drame. Cinq ans plus tard, il s’en inspire pour écrire un roman où il donne la parole à chacun des protagonistes de l’événement.


Les deux assaillants, le prêtre, le capitaine de la BRI qui donna l’assaut, l’une des soeurs présentes dans l’église : Etienne de Montety imagine l’histoire de chacun de ces personnages et retrace leur parcours depuis leur enfance à ce moment effroyable où ils se trouvent réunis. Mais nulle recherche de sensationnel ici. Ce n’est pas un roman qui se complait à évoquer chaque minute du drame ni à en mettre en scène les détails sordides. Et si l’attentat constitue bien la scène finale du livre vers laquelle le lecteur sait tendre inexorablement, elle n’en est pas pour autant le point d’orgue. L’auteur ne cherche pas une montée en puissance de l’intensité dramatique. Son propos est ailleurs et il prend au contraire le parti d’une écriture apaisée pour s’attacher à comprendre ce qui a amené chacun à la place où il se trouve.


Ce faisant, il s’interroge sur la place de la foi, d’une manière générale mais aussi plus particulièrement chrétienne et musulmane, dans notre société, sur la laïcité et la définition que l’on peut en donner, sur la perte des repères et la place laissée aux discours de radicalisation. 

Grâce au recul et à l’espace qu’offre la littérature, il aborde ces questions en mettant de côté toute réaction émotionnelle et tout esprit partisan. Il en ressort un roman parfaitement construit qui se lit avec intérêt. Et si l’on n’apprend rien de nouveau - on n’est pas ici dans un essai, une enquête journalistique ni la démonstration d’une thèse -, il permet d'affirmer que l’on peut aborder des thèmes brûlants et prompts à déchaîner les passions avec un peu de sang-froid. Et ça, ça ne fait pas de mal de le rappeler. Je dirais même que c'est nécessaire.

5 commentaires:

  1. Réponses
    1. Oui. C'est en tout cas une approche différente de celle que l'on peut généralement découvrir dans les médias.

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  2. C'est le genre de sujet que j'évite : c'est encore quasiment de l'actu...

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    1. Oui, mais traitée d'une manière vraiment opposée à l'actu. Et c'est bien ça qui fait son intérêt selon moi.

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  3. Ce point de vue me parait intéressant, loin de ce qui fait l'actualité aujourd'hui : les informations à sensations fortes cultivées pour faire pleurer et crier dans les chaumières.

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