Entretiens

vendredi 21 août 2020

Le dit du mistral

Olivier Mak-Bouchard
Le Tripode, 2020



Amoureux de la Provence, voici un roman qui devrait vous séduire ! Ce qui ne veut pas dire que les amateurs de contrées plus septentrionales ne pourront pas l’apprécier. Mais il est vrai qu’il vous immerge dans les paysages et l’atmosphère de ce pays cher à Giono plus sûrement que le plus précis et le plus complet des guides touristiques.


Installé au coeur du Luberon, un homme voit un soir d’orage débouler son voisin, monsieur Sécaillat, un vieux paysan avec lequel il n’entretient aucune relation. Celui-ci tient pourtant à tout prix à lui montrer les dégâts qu’a produits la violence des éléments : en s’effondrant, un mur de pierre sèche a mis au jour des éclats de poterie. Que faire ? S’il signale sa découverte aux autorités, un chantier de fouilles archéologiques sera ouvert, et il ne sera plus maître chez lui. Le jeune homme, qui s’était naguère rêvé archéologue, voit là une occasion en or et lui propose de dégager eux-mêmes les vestiges antiques, sans rien en dire à quiconque. Ça tombe bien : sa femme est sur le point de partir pour une mission de plusieurs mois au Japon ; quant à celle de monsieur Sécaillat, atteinte d’Alzheimer, elle n’a plus toute sa tête...


Jour après jour, les deux complices creusent, nouant à cette occasion une relation mi-amicale, mi-filiale, favorisée par madame Sécaillat qui prend le jeune homme pour son fils, mort prématurément dans un accident de la route. A l’aide de tutoriels et de diverses informations glanées sur la Toile, ils parviennent à reconstituer des objets qu’ils déposeront nuitamment sur le seuil du musée local. Mais lorsqu’ils tombent sur une figure féminine sculptée dans un pan de mur, les choses prennent un nouveau tour. De sa bouche s’écoule un filet d’eau qui semblerait indiquer l’existence d’une source, celle-là même que le père du vieux paysan avait autrefois vainement cherchée. Et cette eau, que le vieux couple boit quotidiennement, pourrait bien posséder des vertus insoupçonnées... Quant au narrateur, depuis qu’il plonge dans le bassin qu’ils ont aménagé, il est l’objet d’étonnant phénomènes... 


Puisant aux sources des légendes locales, de l’histoire antique et des textes de Giono et Bosco, l’auteur révèle toute l’âme provençale au travers d’une histoire d’amitié contée avec un soupçon de surnaturel qui lui confère la grâce et la poésie des récits ancestraux. 


9 commentaires:

  1. Un soupçon de surnaturel n'est pas fait pour me déplaire et puis la Provence ...

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    1. Un surnaturel parfaitement dosé, et qui m'a replongée dans mon enfance, lorsque je passais mes vacances en Provence, lisant les "Contes et légendes" de cette région, mais aussi Les Lettres de mon moulin et Pagnol... Un vrai bonheur !

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  2. Cela semble tentant (Giono, la Provence) mais j'ai du mal à accepter les fouilles archéologiques sauvages et non scientifiques... (pour des raisons personnelles, disons)

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    1. Ne t'inquiète pas, Catherine, c'est juste un procédé romanesque ! D'ailleurs, dans ce roman, tout n'est que magie et légende... ;-)

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  3. Ah la Provence ! Forcément, il peut me plaire ce roman. Je le note.

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    1. Je vois que, comme moi, tu es amoureuse de cette région :-)

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  4. J'ai beaucoup aimé la première partie, celle de la découverte. Un peu moins la fin.

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    1. Ah ? Quant à moi, je l'ai aimé de bout en bout, pour son ambiance et son côté subtilement onirique.

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  5. Moi je peux commenter ;-)
    Une vraiment belle surprise ce roman ; j'étais un peu inquiète car je n'ai pas beaucoup lu les auteurs provençaux (à part Pagnol dans ma jeunesse) et ne connais pas particulièrement le coin mais les doutes ont été très vite balayés pour faire place au plaisir de lecture.

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