Entretiens

mercredi 1 juillet 2020

La vie mensongère des adultes

Elena Ferrante

Gallimard, 2020


Traduit de l’italien par Elsa Damien


Nous sommes à Naples, une jeune fille voit son corps se transformer, commence à fréquenter les garçons, se détache de ses parents, connaît ses premiers émois et la rivalité avec ses amies, fait l’expérience des disparités sociales que révèlent les différents quartiers de sa ville... L’Amie prodigieuse ? Non, La vie mensongère des adultes.
Elena Ferrante n’en finit pas de revenir sur ce moment crucial de l’existence, où le monde que les fillettes connaissaient leur devient brusquement moins familier, où tout ce qui apparaissait comme immuable est remis en question, où sortir du cercle familial pour faire son entrée dans le monde s’assortit d’interrogations et de doutes. Un invariant. Que l’on se situe dans les années 50 ou dans les années 80 où se déroule ce nouveau roman, devenir une femme n’est pas chose facile.

Reconnaissons à l’auteure qu’elle sait comme personne traduire toutes les contradictions, toutes les inquiétudes, toutes les espérances, qui guident les comportements souvent déroutants des adolescentes. A la lire, comment ne pas reconnaître parfois celle que l’on a soi-même été ? Elle possède un talent sans pareil pour mettre à nu les tourments d’un âge si particulier. Plus encore peut-être que dans l’oeuvre qui l’a rendue mondialement célèbre, en se concentrant sur un seul personnage, elle entre dans la psyché de son héroïne pour en percer les moindres mystères.

Mais en reprenant les mêmes éléments - la ville de Naples, la fascination exercée par ceux qui détiennent le savoir, le rapport au monde universitaire... -, Elena Ferrante semble rester captive de sa saga et s'employer à la réécrire sans en égaler ni le charme ni l’ampleur.
Certes, je ne me suis pas ennuyée à lire l’histoire de Giovanna et j’ai apprécié toute la finesse d’analyse dont l’auteure est dotée, mais trop de parenté oblige à une comparaison qui n’est pas forcément en faveur de ce nouvel opus.

Espérons que l'écrivaine saura dans l’avenir tourner définitivement la page de L’Amie prodigieuse pour mettre son indéniable talent au service d’une nouvelle oeuvre originale.



  






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14 commentaires:

  1. Ton avis confirme ceux que j'ai déjà lu... ne mérite pas l'achat en grand format, je pense.

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  2. C'est exactement cette intuition qui m'a empêchée de me précipiter. Je le lirai mais il n'y a pas urgence :-)

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  3. Comme je n'ai encore rien lu d'elle, inutile de noter celui-là ..

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    1. C'est sûr qu'en ce qui me concerne je préfère la tétralogie. Mais ce livre-là n'est pas mauvais, loin s'en faut. C'est juste qu'on a une impression de redite. Donc, si on n'a pas lu la saga de L'Amie prodigieuse, il me semble qu'on peut l'apprécier.

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  4. Merci de ton avis. Je craignais cet écueil, et l'auteure n'a pas su l'éviter.

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    1. Quant à moi, j'y suis allée les yeux fermés. Je ne m'attendais pas à tant de proximité...

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  5. pas tentée, j'ai eu du mal à finir le T4 de"L'amie prodigieuse" alors basta :-)

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  6. Je n'avais pas l'intention de le lire, ça tombe bien ! Je n'ai pas lu non plus sa série de l'amie prodigieuse, car elle ne me tente pas.

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    1. C'est vrai ? Elle est pourtant vraiment bien. Très riche et très intéressante, selon moi :-)

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  7. Tu es moins sévère que moi... je trouve qu’il y a des éléments qui sonnent faux ici... le charme n’a pas opéré sur moi, j’ai trop eu l’impression qu’elle voulait reprendre sans en avoir l’air une recette qui avait marché (y compris l’histoire du bracelet qui fait écho à la poupée de la saga) sans réussir à trouver des ingrédients qui avaient autant de goût. Tout cela m’a paru vraiment fade...

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    1. Trop de proximité, c'est sûr. Il faut qu'elle arrive à passer à autre chose...

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