En ces temps difficiles, ma bibliothèque reste ma meilleure alliée, même si je n'en fais pas le même usage que d'habitude... En ce dimanche confiné, je me me suis amusée à écrire un texte à l'aide des titres qu'elle héberge.
Essayez, vous verrez, c'est très ludique !
Et sinon, vous pouvez aussi essayer d'attribuer à chaque auteur le ou les titres qui lui reviennent. Rien à gagner, si ce n'est quelques instants de distraction. Ce qui est bon à prendre, non ?
Comment tout a commencé?
Le jour d’avant, les enfants de Venise entraient dans le néant quotidien. Une fois nos illusions perdues, nous deviendrions à notre tour des otages intimes : la rentrée n’aura pas lieu, apprit-on d’abord. Le bruit du monde s’effaça progressivement : l’écho infini des montagnes commença par s’éteindre, puis on ne perçut plus que l’ombre du vent.
Nous devions procéder à l’invention de nos vies, que l’insouciance avait désertées...
Il est avantageux d’avoir où aller songèrent certains, qui quittèrent la rue Monsieur-le-Prince pour gagner un jardin en Australie. Pour vivre une saison en enfer, je restai dans le ventre de Paris. Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon...
Par les écrans du monde, nous voyions les manèges s’arrêter et le Corcovado se dépeupler. Où étiez-vous tous ? Aucune tentative d’évasion ? C’eût été peine perdue : l’adversaire se trouvait à l'extérieur monde.
Il ne nous restait qu’à apprendre la patience du franc-tireur : observer la danse de l’araignée, esquisser les pas d’une samba triste, marcher droit, tourner en rond, se remémorer les jours enfuis, penser à tout ce qu’on ne s’est jamais dit, s’abîmer dans les contemplations et convoquer les illuminations... on inventera bien quelque chose pour tenir jusqu’à l’aube, dans la nuit recommencée encore et encore. Mais lorsque se feront sentir les morsures de l’aube, trembler en dénombrant ceux qui manquent à l’appel...
Il nous fallut apprendre à vivre au jour le jour. Quand sort la recluse, par la ville hostile, elle écoute la chanson de la ville silencieuse et s’interroge : comment vivre en héros ? En rentrant dans le cercle fermé, sans connaître la tristesse du samouraï ni perdre la tête, vivre les heures souterraines et rester vivant. Surtout pas pleurer ! Et pour cela laisser grandes ouvertes les windows on the world.
Mais tout n’est pas perdu : et soudain, la liberté, nous exclamerons-nous à la fin de l’histoire. Alors nous ferons une partie de badminton, nous irons jusqu’à Tombouctou ou en Amazonia, nous embarquerons pour l’America, nous irons autour du monde ou simplement bar des flots noirs. Nous emplirons nos poumons d’une bouffée d’air pur et organiserons la fête du siècle !
Mais lorsque sonnera l’heure d’écrire le journal de l’année du désastre, il nous faudra interroger nos civilizations et tout ignorer du rififi à Wall Street pour changer le sens des rivières. Proscrire les liaisons dangereuses et accueillir les échoués. L’invention du monde nouveau: c’est à ce prix que mon sommeil sera paisible. Pour que puissent vivre leurs enfants après eux.
J’aimerais dire que je n’ai pas peur, vivre d’autres vies que la mienne, ne pas me sentir piégée, dans l’ombre du brasier... Comme chacun, j’attends la fin de cet hallucinant phénomène futur.
Mais je vais bien, ne t’en fais pas !
Avec la complicité de :
Alain Absire, Olivier Adam, Laura Alcoba, Niccolo Ammaniti, Paul Auster, Honoré de Balzac, Frédéric Beigbeder, Tonino Benacquista, Jeanne Benameur, Stéphane Benhamou, Laurent Binet, Jean-Philippe Blondel, Leopoldo Brizuela, Emmanuel Carrère, Didier Castino, Stéphanie Chaillou, Sorj Chalandon, Choderlos de Laclos, Jonathan Coe, Victor del Arbol, Jean-Paul Delfino, Delphine de Vigan, Patrick Deville, Luca Di Fulvio, Paolo Di Paolo, Jean-Paul Dubois, Vlad Elsinger, Carole Fives, Miguel Angel Hernandez, Khaled Hosseini, Victor Hugo,Fabrice Humbert, Kathrine Kressmann Taylor, Philippe Joanny, Caroline Laurent, Bertrand Leclair, Hervé Le Corre, Murielle Magellan, Amulya Malladi, Pascal Manoukian, Nicolas Mathieu, Jay McInerney, Michel Moutot, Celeste Ng, Arturo Perez-Reverte, Arthur Rimbaud, Olivier Rolin, Carlos Ruiz Zafon, Lydie Salvayre, Giorgio Scianna, Luis Sepulveda, Lilja Sigurdadottir, Fanny Taillandier, Sylvie Tanette, Karine Tuil, Paul Vacca, Zoé Valdes, Fred Vargas, Emmanuel Venet, Wendy Walker, Emile Zola