Entretiens

lundi 22 juillet 2013

Les lisières

Olivier Adam

Flammarion, 2012



Dans ce roman éblouissant, l'auteur pose sur le monde un regard sans concession, obligeant le lecteur à modifier sa propre vision du quotidien.

L'été dernier, avec Les lisières, j'ai ouvert pour la première fois un livre d'Olivier Adam.
J'en avais bien évidemment entendu parler et savais qu'il ne s'agissait pas de littérature d'évasion, mais bien d'une confrontation directe, et peut-être brutale, avec le réel. En tout cas, je m'attendais à une certaine forme de violence et de dureté. Je m'y étais donc préparée.

Dès les tout premiers mots, j'ai pourtant été littéralement happée par l'univers du narrateur et profondément touchée par la mise à nu qu’il offrait.
Certes, le héros nous parle d'un monde que nous ne connaissons que trop bien, puisqu'il s'agit de notre propre quotidien. Comme dans un miroir, nous reconnaissons nos propres difficultés à vivre dans une société ô combien implacable et cynique.
Alors comment être envoûté par ce roman ? Pourquoi ne pas immédiatement le refermer et le rejeter loin de soi ?
Parce que tout l'intérêt de ce livre, selon moi, est de montrer un individu essayant à tout prix, malgré sa souffrance, de redonner du sens à ce qui n'en a plus pour tout simplement trouver un sens à sa vie. Et n'est-ce pas ce que nous tentons tous plus ou moins de faire ?
Pour cela, il présente la réalité en en retirant tous les voiles dont on l'habille habituellement afin de la rendre supportable. Le narrateur pose un regard cru, sans fard, sans artifice sur notre monde et met ainsi au jour toute son absurdité. 

Cela pourrait paraître insupportable. Et c’est vrai que par moment on est estomaqué. Mais il y a un ton: l’autodérision est toujours là. Ce qui pourrait passer pour de la complaisance est sauvé par ce regard sans concession que le narrateur est capable de poser jusque sur lui-même. C’est précisément ce qui le rend si attachant. 

Et puis, sans vouloir révéler la fin, l’horizon semble au bout au compte pouvoir s’éclaircir. Après nous avoir fortement bousculé et nous avoir contraint à nous interroger sur nous-même, l’auteur a finalement l’élégance de nous donner des raisons d’espérer. 

4 commentaires:

  1. Je ne sais pas pourquoi je fais un blocage sur cet auteur ! J'ai l'impression que tous ses livres sont sombres et désespérés !!! J'ai celui-ci sur ma PAL depuis plus d'1 an et bien que plusieurs de mes amis m'encouragent fortement à le lire, je ne me décide pas à le commencer...

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  2. C'est vrai que c'est sombre, mais désespéré, je ne dirais pas cela, pour les raisons que j'ai exposées dans mon billet. L'horizon semble au bout du compte se dégager. Quoi qu'il en soit, il s'agit vraiment d'une écriture intéressante et personnelle qui mérite d'être découverte. J'ai hâte de découvrir ce que tu en penses si finalement tu te décides à le lire, ce que je te souhaite !

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  3. Je suis une grande fan de Olivier Adam, surtout ses romans courts, j'aime son univers sombre et déprimant :-) et pourtant "Les Lisières" m'est tombé des mains! Je n'ai pas pu le terminer car trop long...Mais ce que tu en dis avec cette fin, je crois bien que je pourrais le reprendre! :-)

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    1. En ce qui me concerne, c'est mon préféré !
      J'espère que tu le reprendras et que tu l'aimeras.

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