François-Henri Désérable
Gallimard 2025
Se glisser dans les pas du Che : plus d’un adolescent en a eu le fantasme, François-Henri Désérable l’a fait. Attention, il ne s’agissait nullement de reprendre le flambeau de la Révolution mais de suivre l’itinéraire que le jeune Ernesto avait tracé avec son ami Alberto Granado en 1952, alors qu’Il n’était qu’un jeune étudiant en médecine avide de voir du pays. Il ne se doutait sans doute pas que ce voyage allait profondément modifier sa vision du monde et le conduire vers l’engagement que l’on sait.
Lorsqu’il entreprend cette traversée de l’Amérique latine, Désérable a une trentaine d’années et rien d’autre que des fourmis dans les jambes et la furieuse envie de découvrir le monde. Il embarque avec lui un ami hispanophone qui rebroussera bientôt chemin pour passer les oraux d’un concours. Désérable poursuivra quant à lui sa route, avec pour seul viatique le récit que Guevara avait lui-même fait de son Voyage à motocyclette.
Tout le charme de ce texte réside précisément dans la modestie de son intention : il ne s’agit en aucune façon de faire une hagiographie - pas même une biographie - du Che ; non plus que de prétendre dresser un état des lieux de l’Amérique latine - ce qui serait bien présomptueux. Désérable procède par touches successives en mettant l’accent sur certains de ses souvenirs (le voyage date déjà de plusieurs années) qui contribuent à restituer une image de chacun des pays qui constituent le chapitrale du livre, image qu’il fait entrer en résonance avec les idées reçues que l’on peut en avoir et qu’il partage peut-être avec les autres voyageurs qu’il croise sur son chemin.
Mais tout comme dans L’usure d’un monde qui relatait sa traversée de l’Iran, c’est surtout l’élégance de sa plume et sa posture qui donnent tout son charme au récit. L’esprit de l’écrivain est volontiers facétieux, et l’on s’amuse du burlesque des situations dans lesquelles il s’est parfois trouvé et qui auraient pourtant pu tourner au drame. Il y a dans son regard un mélange d’acuité, de poésie et d’humour qui confère à son texte une couleur unique et un remarquable pouvoir évocateur : pour un peu, on aurait presque l’impression d’être à ses côtés !
Tout ceci est fort sympathique mais j'ai tout de même hâte qu'il se remette à la fiction (ça vient, nous a-t-il dit lors de son passage au Mans ;-))
RépondreSupprimerJe ne sais pas, j'aime beaucoup ses récits de voyages, même si d'une certaine manière L'usure d'un monde ne m'avait pas tout à fait convaincue. Et j'avais adoré Un certain Mr Piekielny, qui n'était pas complètement de la fiction, alors que je n'avais vraiment pas été convaincue par Mon maître et mon vainqueur (et je n'ai pas lu les deux premiers).
SupprimerMalgré la belle plume de l'écrivain, ce titre-ci ne me tente pas.
RépondreSupprimerSon prochain titre, alors, peut-être ? ;-)
SupprimerJ'ignorais cette dernière sortie... je me suis arrêtée à Mon maître et mon vainqueur.
RépondreSupprimerQue je n'avais pas trop apprécié, en ce qui me concerne... Entre-temps il y a eu un autre récit de voyage : L'usure d'un monde.
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