Entretiens

samedi 29 juin 2024

La religieuse

Denis Diderot
Publié en 1796



Ces jours-ci, la lecture, il faut bien reconnaître que c’est pas ça…Saisie par une angoisse et un dégoût croissant à mesure que s’approche l’échéance électorale, je suis assez peu réceptive aux textes qui d’ordinaire m’enchantent. La perspective de la rentrée littéraire me laisse de marbre, et mon esprit est tout entier tourné vers les médias et les réseaux sociaux qui, même si j’y cherche plutôt information, analyse et matière à réflexion, m’abreuvent ad nauseam d’invectives, de courtes vues et de propos intolérables.


Il me faut pourtant cette nourriture, cet oxygène plus nécessaire que jamais. C’est donc naturellement que je me tourne vers les classiques, vers ces textes fondamentaux et fondateurs, à la fois refuge et source d’inspiration. Revenir aux Lumières s’impose comme une évidence. Et pourquoi pas un auteur que je n’avais jamais lu ? Diderot, l’homme de L’Encyclopédie, oeuvre humaniste s’il en est, et sa Religieuse que je me promettais de lire depuis si longtemps déjà…


En donnant voix à la jeune Suzanne, Diderot dresse un violent réquisitoire contre un ordre social attribuant des droits différents selon que l’on est un enfant légitime ou non et faisant de la famille un lieu d’oppression, et bien sûr contre les institutions religieuses qui asservissent et humilient les individus, à l’opposé des préceptes sur lesquels elle prétendent se fonder. Il fait ainsi entendre une femme assignée au silence en raison de son sexe et de sa naissance. En dépit de ces injonctions, elle osera pourtant prendre la parole pour révéler au grand jour l’arbitraire et l’hypocrisie dont elle est victime, et fuir la condition qui lui est imposée.


En choisissant la forme d’un récit à la première personne, Diderot fait un procès sans appel et oblige le lecteur à recevoir cet implacable témoignage. Sans doute est-ce l’une des raisons du scandale qu’il suscita à sa sortie, et même au-delà (Arte proposait récemment un passionnant documentaire évoquant la postérité de cette oeuvre et de ses adaptations cinématographiques, qui reçurent un accueil non moins teinté d’hostilité).


Paru il y a plus de deux siècles, ce texte semble avoir encore beaucoup à nous dire. Encore faut-il être prêt à en recevoir les mots.


2 commentaires:

  1. L'écriture du philosophe a malheureusement vieilli, je trouve. J'ai lu un autre de ses ouvrages récemment et le style ne m'avait pas emballé. Mais le propos reste percutant.

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  2. Je rejoins Alex, j'ai voulu relire Jacques le Fataliste et je n'ai pas réussi ! Manque de persévérance sans doute, mais je n'ai vraiment pas accroché. (sinon, même état d'esprit que toi avant les élections... et même encore maintenant ...)

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