Entretiens

vendredi 12 janvier 2024

Ce que je sais de toi

Eric Chacour
Philippe Rey, 2023



Ce roman aura été l’une des stars de notre calendrier de l’Avent 2023. Apparaissant jour après jour (mis à part le 14 décembre, si vous vous souvenez quel en avait été le thème !), il a été tour à tour livre le plus émouvant, le plus impressionnant, à l’écriture éblouissante ou encore celui qu’on aimerait voir tout le monde lire. Comment résister à un tel assaut de louanges ? Il a inévitablement fini par s’inviter dans ma PAL. Et voilà comment, alors que 2023 tirait sa révérence, je me suis retrouvée au Caire, dans les années 1980, aux côtés de Tarek…


Ce jeune homme brillant a assez naturellement marché sur les pas de son père prématurément disparu en devenant comme lui médecin. C’est toute son existence, depuis son enfance jusqu’à son mariage puis son départ pour le Canada que déroule l’auteur. Si le chemin semble tracé d’avance pour ce garçon paisible et docile, une rencontre va pourtant le conduire à effectuer une sortie de route. Le voici désormais pris dans un conflit de loyauté le contraignant à choisir entre sa famille et les sentiments qu’il voit naître en lui. 


Evidemment, quand on vous martèle qu’un livre est extraordinaire, l’attente est très élevée… tout comme le risque de ne pas la voir comblée ! Certes le roman d’Eric Chacour aborde les questions du choix et de la transgression avec beaucoup de sensibilité et de délicatesse. Mais je serais tentée de dire, presque trop : si le silence de la famille est à mes yeux parfaitement crédible - d’autant qu’il se double d’une bien cruelle décision -, le contexte social et culturel m’a semblé quant à lui un peu édulcoré.


Tout comme certains événements m’ont paru faire l’objet d’un traitement trop rapide, notamment au début du roman : ainsi de la disparition de la fiancée quatorze année durant qui réapparaît aussi inopinément qu’elle s’était éclipsée. Pourquoi ? Comment ? Nous ne le saurons pas et cela ne contribue en rien à l’économie du récit. 

J’ai par ailleurs été un peu gênée par le choix du mode narratif à la deuxième personne du singulier (mais il est vrai que je n'en suis jamais très fan) - qui trouve toutefois sa justification dans la dernière partie du roman.


Mais c’est surtout la personnalité du héros qui n’a pas permis d’emporter ma conviction : velléitaire, Tarek subit constamment les événements sans jamais chercher à prendre l’ascendant sur eux. Pire, il semble ignorer toute forme de sentiment et se contenter de donner son assentiment à ceux qu’il inspire lui-même, sans connaître la moindre flamme. Dès lors, je n’ai à aucun moment eu la moindre empathie pour le personnage.


Néanmoins, il faut mettre au crédit de l'auteur une construction tout à fait habile. Mais il m’aura fallu attendre la dernière partie du récit, lorsqu’on découvre l’identité du narrateur, pour trouver un peu de piquant à ce récit à mes yeux un peu trop lisse. 



12 commentaires:

  1. Je suis comme toi, à force de lire toutes ces louanges je me dis qu'il faudrait y jeter un œil... mais mon instinct me dit que la déception peut être au coin de la rue... bref, suis toujours pas décidée 🙃

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    1. Laisse peut-être un peu le soufflé retomber... C'est vrai que de le voir tous les jours a attisé ma curiosité alors qu'il ne me tentait pas particulièrement au départ. Aurais-je eu la même perception si une attente forte n'avait pas été créée, je l'ignore... Je pense tout de même qu'il ne m'aurait pas pleinement séduite.

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  2. Plutôt que lisse ,je dirais subtil . Ce roman se hume comme un parfum, il libère ses notes, s’incruste dans notre peau , pour laisser une trace différente sur chaque personne

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  3. J'ai beaucoup aimé, un peu sceptique au début (ce tutoiement agace, c'est clair), j'ai adoré la seconde partie !

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  4. Je viens de lire un avis nettement plus enthousiaste sur un autre blog, mais de toute façon, je ne suis pas très attirée par l'histoire. Je vais m'en tenir là.

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    1. Je ne l'étais pas particulièrement non plus. Comme quoi, c'est pas mal de suivre son instinct parfois ;-)

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  5. Que de poncifs dans ce roman : un homosexuel en Egypte, cela ne pouvait pas fonctionner. J'aurais aimé que le personnage de la mère pauvre soit plus développé. Une lecture abandonnée.

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  6. Je n’ai pas encore cédé à la lecture ( même pas dans ma malle-à-lire) un peu à cause de ces retours dithyrambiques ( esprit contrariant ? ).. votre retour ne m’y engage pas.

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