Entretiens

lundi 20 novembre 2023

Le grand soir

Gwenaël Bulteau
La Manufacture de Livres, 2022



Un polar se situant au tout début du XXe siècle, nous plongeant au coeur des grèves et des manifestations du 1er Mai à l’époque où celui-ci n’avait rien d’une fête mais tout d’un affrontement au cours duquel on pouvait perdre sa vie ne pouvait que susciter mon intérêt. On se battait alors pour la journée de 8 heures, revendication fièrement affichée sur la façade de la Bourse du Travail, à deux pas de la place de la République, le 1er mai 1906. Dans les jours qui précédèrent, nombre de Parisiens aisés fuirent la capitale, craignant le désordre et la révolte. La mobilisation policière fut colossale et les échauffourées, violentes. Il y eut des centaines d’arrestations.


L’année précédente, les funérailles de Louise Michel avaient mobilisé une foule considérable. C’est entre ces deux événements que se déroule l’intrigue de ce Grand soir. A la veille du défilé, la jeune Lucie Desroselles recherche en effet sa cousine Jeanne, une bourgeoise en rupture de ban disparue un an plus tôt, après avoir suivi le cortège funéraire. Celle-ci a-t-elle délibérément coupé les ponts avec sa famille ou bien lui est-il arrivé malheur ? Telle est l’énigme que se propose de résoudre la jeune femme.


Par où commencer ? Peut-être en disant que le personnage de Lucie ne m'a absolument pas convaincue : ni en opposition à son milieu ni en accord avec lui, surgie d’on ne sait vraiment où, sans caractère affirmé, je n’ai pas cru un instant à la possibilité qu’elle puisse effectuer une telle démarche de justicière. Quant aux autres personnages, ils entraînent le roman sur des voies secondaires dont je n’ai pas vraiment saisi l’intérêt. Résultat, l’intrigue se dilue péniblement et lorsque la clé du mystère principal nous est livrée, ça fait pschitt ! Quant à Histoire avec un grand H, on s'en tient à de l'anecdotique qui n'offre rien d'autre que de la confusion. Et il faudra m'expliquer pourquoi l’auteur a voulu intégrer l’épisode des funérailles de Louise Michel, qui ne joue aucun rôle dans l’économie de l’intrigue. L’auteur, qui navigue tout au long du roman d’une région et d’un personnage à l’autre, m’a donné le tournis et, en multipliant les scènes caricaturales, a échoué à peindre le tableau d’une époque où « le grand soir » était un horizon plein d’espoir. Dommage, la promesse était pourtant belle.


11 commentaires:

  1. Comme tu dis, "la promesse était belle", mais là c'est visiblement raté. Dommage.

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    1. A mes yeux, complètement. J'ai trouvé ce récit très confus.

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  2. Comme "le grand soir" : une vaine promesse. Dommage.

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  3. J'avais trouvé la reconstitution historique dans La République des faibles plutôt bien faite, mais trop sombre et un peu inégal en ce qui concerne les dialogues... Globalement pas mauvais, mais je n'ai pas eu envie de lire le suivant, ce qui est toujours un (mauvais) signe.

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    1. Inégal, oui. Je n'ai pas voulu m'appesantir, mais j'ai trouvé en plus l'écriture assez lourdingue.

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  4. Bon, bon, bon... j'ai régulièrement vu passer ce livre ici ou là... je vais continuer à le regarder passer...

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  5. Dommage, en effet, d'autant plus je trouvais cette maison d'édition de plus en plus intéressante...

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    1. Ah mais moi aussi je trouve cette maison très intéressante ! Après, on n'est pas obligé d'absolument tout aimer...

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  6. au moins, il n'allongera pas ma PAL!

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