Entretiens

jeudi 23 février 2023

Sortir au jour

Amandine Dhée
La Contre Allée, 2023



Si vous êtes de ceux qui pensent que la mort n’est rien d’autre que ce qui clôture l’existence et qu’elle doit être regardée sans dramatisation excessive, alors ce court récit qui tente de l’apprivoiser pourrait bien vous séduire. Si, au contraire, la mort vous tourmente, si votre propre disparition ou celle de vos proches est la source d’une indicible angoisse, alors, surtout, ne passez pas à côté !


La mort, la jeune mère de famille qui prend ici la parole, la craint au plus haut point. Qu’il s’agisse de celle de son enfant, de son grand-père élevée au rang de mythologie familiale, de celle qui survient par accident, par maladie, de celle des artistes qui accompagnent nos existences, de celle d’inconnus fauchés par la guerre ou par une catastrophe naturelle qui nous est relatée dans les médias, ou encore de celle qui est mise en scène dans les contes de fée afin que les enfants se familiarisent avec elle, la mort lui semble tapie partout. Et puis, de toute façon, vu l’état de la planète, à plus ou moins brève échéance « on va tous crever » !


Partant de là, elle a, comme chacun d’entre nous, sa propre vie à conduire - mais aussi des enfants à élever. Alors ? Alors, il faut apprendre à dompter la peur, à vivre avec cette idée de la perte ou de la fin sans que celle-ci entrave chacun de nos pas. La rencontre avec une thanatopractrice, bien éloignée de l’image de sinistre croque-mort que l’on pourrait s’en faire, va l’aider à poser un autre regard sur ce que l’on appelle désormais pudiquement « la fin de vie ». 


L’auteure alterne de brefs chapitres dans lesquels elle donne tour à tour la parole aux deux jeunes femmes, l’une côtoyant quotidiennement la mort, la seconde ne cessant de se la représenter. Sa prose élégante se hisse sur une ligne de crête entre émotions contenues et un humour délicatement empreint de cynisme. L’équilibre est subtil, mais parfaitement maîtrisé, et c’est précisément ce ton qui permet d’ouvrir la voie à une réflexion que nous n’avons pas toujours l’audace de mener. C’est lui aussi qui donne tout son éclat au roman.

8 commentaires:

  1. A priori, ça ne me disait rien et puis je l'ai entendue à la Grande Librairie et elle m'a donné envie de le lire.

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    1. Je ne savais pas qu'elle était passée à LGL ! Même si je ne regarde toujours pas cette émission, j'étais sûre qu'on gagnerait au change avec Trappenard. Lui, au moins, il sort des sentiers battus ! (Et moi je vais regarder le replay.)

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    1. Compte tenu du traitement, le ne faut vraiment pas avoir peur !

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  3. Oui... sans doute intéressant, mais j'ai plutôt tendance à fuir ce genre de texte. J'imagine que cela dépend du vécu et des sentiments de chacun face à la mort.

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    1. C'est certain. Mais il me semble que l'auteure l'aborde d'une manière à la fois sensible et décalée qui permet de passer outre de légitimes résistances.

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  4. J'ai aimé aussi mais je ne suis pas objective, j'adore tout ce qu'écrit Amandine Dhée.

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    1. C'était mon premier. Mais je suis sûre que si elle s'était plantée, tu aurais sans doute eu de l'indulgence et pensé simplement que ce n'était pas son meilleur livre...

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