Entretiens

jeudi 13 octobre 2022

Lorsque le dernier arbre

Mickael Christie
Albin Michel, 2021


Traduit de l’anglais (Canada) par Sarah Gursel




Mais pourquoi attendons-nous de nos enfants qu’ils mettent un terme à la déforestation et à l’extinction des espèces, qu’ils sauvent la planète demain, quand c’est nous qui, aujourd’hui, en orchestrons la destruction ?


Excellente question s’il en est et qui résume assez bien le roman de cet auteur canadien. Il a en effet choisi de déployer son intrigue sur plusieurs générations, entre les années 1908, 1934, 1974, 2008 et 2038, qui sont des moments charnières pour chacun des protagonistes. A travers l’histoire d’une famille, l’auteur part ainsi de la situation qu’il imagine pour le futur, caractérisé par le Grand Dépérissement - expression qui dit assez la gravité de la situation - avant de remonter dans le temps et de faire des allers-retours entre les époques afin de saisir la manière dont les événements se sont enchaînés pour finir par rendre notre milieu naturel parfaitement hostile.


Le roman débute donc avec Jacinda, une étudiante en botanique lourdement endettée, qui a réussi à se faire embaucher en qualité de guide forestière au sein de la Cathédrale arboricole de Greenwood, l’un des rares espaces de la planète où survit encore une forêt, transformée en un luxueux complexe hôtelier destiné aux riches touristes en mal de chlorophylle. Partout ailleurs, l’air est devenu irrespirable, saturé de poussière, décimant la population qui n’a pas les moyens de s’en protéger.


Si Jacinda a atterri dans un tel endroit, ce n’est peut-être pas complètement le fruit du hasard. Bien qu’elle ignore tout de ses origines - n’ayant pas connu son père et ayant perdu sa mère alors qu’elle n’était encore qu’une enfant -, elle va découvrir peu à peu qu’elle descend d’une famille de bûcherons… qui n’est peut-être pas étrangère à l’existence de la réserve où elle est employée. Et nous voilà projetés dans un ample roman riche de nombreuses ramifications. Entre la Grande Dépression, les deux guerres mondiales et les mouvements activistes de la fin du XXe siècle et du début du XXIe, l’auteur nous raconte la manière dont l’industrie du bois a opéré une massive déforestation avec les dramatiques conséquences qui en résultent.


C’est la table ronde sur la crise climatique organisée par le récent festival America à laquelle participait Michael Christie - ainsi que le formidable Antoine Desjardins qui m’a donné envie de lire ce roman, et je n’ai pas été déçue. Christie a su développer son propos à travers une intrigue foisonnante et des personnages d’une belle consistance. Aucun temps mort dans ce roman de près de 600 pages qui maintiennent constamment l’attention du lecteur en alerte. Un vrai plaisir de lecture... même si ce qui est relaté n'a vraiment rien de réjouissant !

15 commentaires:

  1. J'ai l'intention de le lire depuis sa sortie et la table ronde n'a fait que renforcer mon envie. Au point où on en est, je vais attendre le poche, plus facile à emmener partout.

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  2. Totalement d'accord, un vrai coup de coeur ce roman, qui aurait pu continuer encore des pages et des pages.

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    1. Exactement ce que je me suis dit ! Et pourtant, il arrive bien souvent que les paginations copieuses me fassent l'effet inverse...

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  3. Je ne peux qu'approuver ton avis ! Ce n'est pas si facile d'écrire un vrai roman, avec plein de personnages et de rebondissements, et en même temps, un plaidoyer écologique.

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    1. C'est vrai qu'il maîtrise fort bien l'art du romanesque. Je guetterai son prochain roman !

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  4. Ah comme je l'ai aimé ce roman ! Ravie que tu aies succombé au charme de Michael Christie... Je l'ai écouté aussi au festival mais pas à la même table ronde que toi.

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    1. Je crois qu'il a pleinement rentabilisé son déplacement et qu'il en a fait plusieurs, effectivement ;-)

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  5. Non seulement je vais lire ce livre mais je vais en faire un usage pédagogique car le roman est bien un des vecteurs de la prise de conscience qu'elle soit écologique ou autre...ce que la science ne parvient pas à faire seule.

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    1. Tout à fait d'accord ! Et comme je ne serais pas étonnée d'apprendre que la personne qui se cache derrière ce commentaire est ma mère, je précise que j'ai emprunté le livre à la bibliothèque et ne pourrai donc pas le prêter :-))

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  6. PS. La sortie poche est programmée pour février 2023.

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    1. Il me semble que j'avais vu mars... Enfin c'est prévu pour le premier trimestre 2023 en tout cas.

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  7. Ravie que tu aies succombé toi aussi à ce roman qui a comblé un paquet de lecteurs depuis sa sortie. Je me souviens l'avoir lu pendant l'été avant sa parution et de m'être enthousiasmée toute seule sur mon canapé, hyper pressée d'en parler tellement j'avais envie de le faire lire. C'est vrai que cette discussion était convaincante et donnait envie de les lire si ce n'était pas le cas. L'amie qui m'accompagnait est repartie avec Indice des feux (elle avait déjà lu celui-ci) :-)

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    1. Oui, oui, oui, j'avais vu ça :-) Et est-ce que tu as lu celui de la troisième auteure présente, depuis ?

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    2. non, programme bien trop chargé ;-)

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