Marie Vingtras
L’Olivier, 2021
Le voici donc, le livre dont tout le monde parle ! Chaque année il y en a un : le premier roman d’un(e) jeune auteur(e) encore inconnu(e) présenté comme l’événement de la rentrée littéraire. A dire vrai, je préfère en général m’en tenir à l’écart. Trop de bruit, des éloges que je crains excessifs, un emballement auquel je n’ai pas envie de prendre part.
Mais celui-là, je l’avais repéré dès avant l’été, lorsque les réseaux sociaux commençaient à bruisser des titres de la rentrée littéraire. C’est le nom de l’auteure qui a tout de suite attiré mon attention : Vingtras. Celui du héros de la trilogie de Jules Vallès. Même si j’ai appris par la suite que c’était en hommage à Séverine, l’amie et secrétaire de l’écrivain qui signa elle-même certains de ses articles de ce nom, que l’auteure avait choisi ce pseudonyme, la filiation était là. En tout état de cause, elle n’avait pas choisi de s’appeler Marie Rémy, du vrai nom de cette femme hors du commun, mais bien Marie Vingtras.
Soyons clair, même en cherchant bien, on ne trouve pas au milieu de ce blizzard beaucoup de traces de mon cher Vallès - ni de Séverine, du reste. Mais qu’importe. Voici le lecteur projeté en Alaska, au coeur d'une violente tempête. L’un de ces déchaînements de la nature qui invitent l’homme à se tenir à l’abri en espérant que le retour au calme ne sera pas synonyme de découvertes macabres. Ce qui peut bien amener la jeune Bess à braver le danger pour sortir avec le petit Thomas ? Nous ne l’apprendrons que bien plus tard, à la fin du roman. En attendant, la voici qui lâche la main de l’enfant qui disparaît aussitôt.
Trois autres personnages entrent alors en scène, chacun d’eux assumant avec Bess une part de narration au rythme trépidant de l’alternance des chapitres. Trois hommes - Benedict, Freeman et Cole - et une femme dont les histoires respectives semblent bien étrangères les unes aux autres, si ce n’est qu’elles les ont tous réunis dans cette région hostile de la planète. Benedict est un enfant du pays ; Bess est native de Californie ; Freeman est un Noir américain envoyé jadis au Vietnam, avant que son propre fils ne s’engage sur le front irakien ; quant à Cole, il incarne l’archétype du trappeur.
Au départ, je ne vous cache pas que j’ai dû m’accrocher pour suivre les fils de ce récit qui, dans la plus pure tradition du roman choral, passait d’un personnage à l’autre sans offrir au lecteur le moindre repère lui permettant de se situer. Un effet accentué par la brièveté des chapitres. C’est au moment où je commençais à me demander où tout cela allait me mener que l’auteure a soudainement resserré ces différents fils, me procurant ainsi le plaisir de saisir la cohérence de la trame. Des sujets graves s’invitèrent alors, dont je ne vous révèlerai pas la nature afin de ne rien divulgâcher, comme le disent si joliment nos amis québécois.
Le genre du roman choral n’étant pas le plus facile à maîtriser, il faut reconnaître que Marie Vingtras tire plutôt bien son épingle du jeu. Elle parvient en effet à construire une intrigue habile, à laquelle on finit par se laisser prendre. Il me semble toutefois que les thèmes abordés auraient mérité un peu plus de profondeur psychologique, à laquelle Marie Vingtras aura sans doute préféré une certaine efficacité narrative. Un choix littéraire qui permet sans aucun doute de passer un agréable moment de lecture, mais qui risque aussi de laisser une empreinte fugace. Mais c’est aussi ce que fait de ce roman le candidat idéal pour une adaptation cinématographique. Je ne serais pas étonnée de le voir un de ces jours à l’affiche. Et il se pourrait bien alors que je me laisse tenter…
Je l'attends à la bibliothèque, il n'est pas encore arrivé.
RépondreSupprimerJe suis sûre qu'il ne devrait plus tarder... mais il risque aussi d'être très demandé ;-)
SupprimerJe le lirai aussi, quand on en parlera un peu moins... ;-)
RépondreSupprimerC'est une option ;-)
SupprimerIl attend toujours dans ma liseuse...
RépondreSupprimerAh bon ? Mais qu'attend-il donc ? Ou plutôt : qu'attends-tu donc ? D'autres premiers romans lui auraient-ils grillé la priorité ?
Supprimerje crois aussi que ça me plairait, je ne l'avais pas encore repéré pour ma part...
RépondreSupprimerEt moi qui ai l'impression de le voir partout !
SupprimerJe n'en ai lu que des critiques positives et je le lirai un jour, il est d'ailleurs déjà noté dans mon petit carnet. Par contre l'attente à la médiathèque est déjà longue...
RépondreSupprimerEh bien, ça ne me surprend pas vraiment...
SupprimerJe dois le lire pour mon club de lecture. Affaire à suivre....
RépondreSupprimerEffectivement ;-)
SupprimerTu aurais à l'évidence préféré que l'auteur se prénomme Jacques plutôt que Marie ;)
RépondreSupprimerOn ne peut rien te cacher :-D
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