Entretiens

samedi 1 mai 2021

Combats et métamorphoses d’une femme

Edouard Louis
Le Seuil, 2021



Une chose est sûre, depuis son surgissement dans le champ littéraire Edouard Louis dérange. Et ça tombe bien, car tel est précisément son objectif. Avec lui, pas de littérature bien sage, tout en suggestion et en affectation. Il préfère empoigner la réalité et y plonger son lecteur sans chercher à l’épargner.  


Il avait raconté son douloureux parcours personnel dans En finir avec Eddy Bellegueule, évoqué la figure paternelle dans Qui a tué mon père et s’attache aujourd’hui à faire le portrait de sa mère. Une mère qu’il veut regarder non seulement comme un fils, mais comme un homme qui, à ce titre, a pu exercer sur elle une forme d’oppression. Car tout enfant qu’il était, Eddy-Edouard avait le souci de voir les représentations sociales respectées, et ce d’autant plus sans doute qu’il sentait déjà qu’il ne s’y conformait pas lui-même.


Ce récit est étonnant. Que reste-t-il de la littérature quand on va directement à l’essentiel, quand on se refuse à jouer des subterfuges de la fiction, quand on ne pare pas la réalité d’un délicat voile poétique ? 

Il reste une mise à nue des individus, une exposition crue des situations. Il reste des interrogations. Il reste l’observation des mécanismes à l’oeuvre dans une société régie par diverses formes de domination et de violence. 

Certains prétendent que ce n’est pas de la littérature.


Mais que serait alors ce récit de la métamorphose d’une femme ayant réussi, à quarante ans passé, à s’extraire de son milieu, de son origine et révélant toute l’admiration qu’en éprouve son fils ? Que seraient ces pages où, malgré la pudeur des sentiments, l’amour ne cesse d’affleurer ? Que seraient ces silences entre les lignes ? Que seraient ces fugitifs instants de connivence que l’auteur parvient à faire remonter et qui dessinent plus qu’une déclaration d’amour ?

Que serait tout cela, si ce n’est de la littérature ?





13 commentaires:

  1. Je n'ai lu que le premier, qui était un vrai choc et que j'ai beaucoup apprécié. Je lirai celui-ci aussi. J'ai aimé la façon dont il en parlait à la Grande Librairie et ailleurs.

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    1. Je n'avais également lu que le premier, qui était effectivement très violent. Celui-ci l'est aussi, évidemment, dans ce qu'il s'efforce de démontrer, mais transparaît un réel amour de l'auteur pour sa mère. Et cela m'a beaucoup touchée.

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  2. Comme Aifelle, son intervention à LGL m'a donnée envie de le lire. C'est un auteur que j'aime beaucoup écouter en général, que je trouve trsè intelligent et sensible. Pourtant, si j'ai beaucoup aimé "Eddy Bellegueule", je n'ai pas pu dépasser la 30ème page d'Une histoire de la violence, dont le style m'a paru très caricatural.. disons que ça fait 1 partout, ce qui mérite que je lui laisse une autre chance !

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    1. Pour le coup, je n'avais pas été tentée par Histoire de la violence, peut-être parce que j'avais un peu la crainte qu'il soit trop démonstratif, ce que tu sembles confirmer. En revanche, celui-ci est , en dépit de son style, très incarné et, finalement, assez affectif.

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  3. Toujours pas lu ce jeune homme, faute d'envie. Ceci dit, les débats sur ce qui fait ou pas littérature sont vieux comme le monde et risquent de perdurer lorsque le monde aura disparu ;-)

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    1. Oui ! Et, tu t'en doutes, c'est précisément une question que je trouve intéressant de creuser ;-)

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  4. J'avoue ne toujours pas avoir franchi le pas avec cet auteur, je ne sais toujours pas si je le ferai mais il m'intrigue en tous cas...

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    1. Celui-ci peut-être une bonne porte d'entrée, selon moi.

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  5. Peut être lirai-je ce trois (pas lu mes autres)

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    1. En fait, c'est le quatrième. Il y a eu aussi "Histoire de la violence". Personnellement, j'ai trouvé celui-ci particulièrement intéressant par la sensibilité qui s'exprime tout en retenue derrière l'approche politique.

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  6. Je vais commencer par : En finir avec Eddy Bellegueule !

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  7. Son premier m'avait déçu : pas assez d'analyse à mon goût. Mais l'auteur prend de l'âge, et peut-être s'est-il amélioré ?

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