Entretiens

lundi 20 août 2018

La purge

Arthur Nesnidal

Julliard, 2018




A lire Arthur Nesnidal, je ne regrette pas d’avoir quitté naguère, au terme de deux semaines édifiantes, la classe d’hypokhâgne où j’avais été admise pour gagner les bancs de la fac ! Il m’est tout de suite apparu que ce type d’enseignement et surtout cette approche très académique et élitiste n’étaient pas pour moi...

Ce jeune auteur aura quant à lui tenu nettement plus longtemps... ce qui lui aura au moins permis de trouver la matière d’un premier roman ! Au fil de brefs chapitres, le narrateur égrène les divers aspects de la vie de ce type d’établissement, comme autant de saynètes finissant par composer un tableau... pour le moins effrayant. Fatuité des enseignants, condescendance de l’encadrement administratif, conditions de vie plus que rudimentaires auxquelles sont soumis les pensionnaires sommés de se gaver de connaissances ultranormées plutôt que d’apprendre à réfléchir par eux-mêmes, tout cela contribue à la reproduction d’une élite autoproclamée ne manifestant que mépris pour qui n’en ferait pas partie.

Certes, d’autres élèves auront sans doute un point de vue radicalement différent. Mais l’auteur n’a pas cherché à signer un essai. Il offre au contraire un texte très personnel à travers le regard et l’expérience de son personnage principal. En cela j’ai pu retrouver quelque chose de Vallès, comme je l’ai lu quelque part. Tous deux dépeignent en effet la même atmosphère carcérale et un semblable pédantisme professoral dans un un style original.
Celui de Nesnidal ne manquera certainement pas de surprendre - comme du reste le fit en son temps celui de Vallès. Riche de formules enlevées, d’un vocabulaire parfois délicieusement désuet, d’assonances, de phrases empreintes d’un rythme poétique, il présente une saveur toute particulière qui n’a pas été sans me rappeler la langue du XIXe siècle. 
Tous les ingrédients étaient donc réunis pour me séduire et me convaincre de la qualité de ce tout jeune auteur, dont je suivrai à n’en pas douter les pas.



17 commentaires:

  1. contrairement à l'auteur, je garde un excellent souvenir de mes années de prépa (prépa EC)...malgré la charge de travail :bonne ambiance dans la classe, proximité avec les enseignants, richesse des cours, ouverture d'esprit, stimulation intellectuelle...et surtout, ce sont deux années qui m'ont vraiment appris à travailler efficacement, ce qui m'a beaucoup servi dans la suite de mes études et dans ma vie professionnelle!

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    1. Justement, à la fac j'ai appris à travailler par moi-même, à m'imposer une discipline et à être très autonome. Des compétences qui m'ont aussi été très précieuses dans ma vie professionnelle ;-)
      Chacun trace son sillon de la manière qui lui semble la plus appropriée...

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  2. Pas encore lu (dans la liste des 1ers romans mais j'ai l'impression qu'on ne l'a pas reçu)... c'est vraiment un roman ou un récit ?

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    1. C'est vraiment un roman. Avec un style très personnel. Tu me diras si vous ne le recevez pas...

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  3. Le sujet ne m'intéresse pas outre mesure mais le style peut me plaire.

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    1. Ce roman m'a convaincue tant - et peut-être plus encore - par son style personnel et singulier que par son sujet.

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  4. Très intéressant les commentaires éclairent aussi apprendre par soi-même ou par un enseignement normatif, disciplinaire ( au sens de M Foucault) ne pas confondre avec la discipline d'apprentissage qui relève de l'esprit critique...un livre que je vais lire avec beaucoup de plaisir et d'attention

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    1. Deux écoles, effectivement. Pour ma part, j'ai fait le choix qui me convenait le mieux et, avec le recul, je suis vraiment convaincue d'avoir fait le bon. J'essaie de transmettre à mes enfants ce fameux sens critique et cette autonomie. D'ailleurs, en ce moment où nous avons pas mal de trajets en voiture, nous écoutons tous les quatre les cours dispensés par Michel Onfray et retransmis sur France Culture. Si je ne suis pas d'accord avec tout ce qu'il dit, sa critique de la pensée unique, son recul et sa voix dissonante dans le discours ambiant est tout à fait rafraîchissants. Et les enfants sont passionnés !!!

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  5. Il me tente beaucoup, je le commence très bientôt

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    1. pas pu le terminé, écriture trop sophistiquée..

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    2. Un style très particulier, en effet... que j'ai pour ma part apprécié :-)

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  6. Un sujet qui ne m'intéresse pas du tout, je vais faire l'impasse sans regret.

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    1. Les commentaires se suivent et ne se ressemblent pas :-))

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  7. Je pensais avoir laissé un commentaire hier, mais il n'a pas l'air d'être passé. Je disais que c'était un monde qui ne me parlait pas du tout, mais pourquoi pas, s'il arrive à ma bibliothèque. C'est une autre réalité.

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    1. Un autre monde, presque une autre dimension... Et un tout jeune auteur intéressant !

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  8. j'ai apprécié l'écriture de l'auteur, mais la manière dont il aborde le thème m'a laissée sur ma faim...

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    1. Pourquoi donc ? Je trouve qu'il fait une peinture certes très personnelle, mais très éloquente de ce type d'enseignement... :-)

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