Carine Fernandez
Les escales, 2017
A l’aube du XXIe siècle, le vieux Medianoche goûte enfin une existence paisible. Veuf, il peut désormais fumer comme bon lui semble et savourer la compagnie de son chien Ramon sans que quiconque y trouve à redire. Les jours se succèdent, invariablement, dans la touffeur de l’été espagnol. Aussi lorsque sa sœur, qu’il n’a pas revue depuis des années, lui écrit une lettre pour lui annoncer le décès de son mari et son arrivée prochaine, il préfère éviter la cohabitation en quittant sur-le-champs son bourg des environs de Tolède. Avec son chien, il prend le premier car pour Montepalomas, le village de son enfance, où il n’était plus retourné depuis la guerre civile.
Ce voyage fait évidemment resurgir des souvenirs qu’il avait choisi d’ignorer. A l’image de son village, qui a été enseveli sous les flots depuis qu’un barrage a été construit, l’histoire de Medianoche, comme celle de tous les Espagnols, a été soigneusement enfouie sous une chape de silence. On ne parle pas de aquello, de ça. Ou bien tout bas, dans un murmure coupable...
Des massacres, des trahisons, de la torture, des camps, Medianoche n’a jamais rien dit, pas même à son fils. Tant que Franco régnait en maître, mieux valait ne pas montrer qu’on avait soutenu la république. Après la mort de celui-ci, il n’y a plus ni vainqueurs ni vaincus. L’amnésie serait le meilleur terreau de la démocratie...
Mais comment réellement oublier quand une partie de soi vous a été arrachée, quand il faut continuer à vivre alors qu’un frère jumeau a été sommairement exécuté ?
Dans ce roman, Carine Fernandez revient sur les années sombres de l’histoire de l’Espagne pour tenter de lever le voile qui a été pudiquement posé sur le pays. Nombreux sont aujourd’hui les écrivains espagnols à vouloir évoquer ce passé pour le regarder en face et dire ce qu’il s’est réellement déroulé.
Carine Fernandez, auteure française, participe à ce dessein avec un roman à la fois sobre et sensible, à l'écriture fluide et très accessible.
Lisez également le billet de Kathel
Ce beau billet devrait attirer encore des lecteurs vers ce roman, tant mieux pour eux !
RépondreSupprimerComme le tien avait suscité mon désir de lecture... ;-)
SupprimerTrès intéressant... Une seule question: ce n'est pas trop larmoyant?
RépondreSupprimerAh non, pas du tout ! Si c'est ça qui t'inquiète, tu peux y aller sans crainte.
SupprimerLe sujet m'intéresse et je l'ai déjà noté. C'est heureux que les jeunes écrivains s'emparent du passé.
RépondreSupprimerOui, et sur le sujet, j'avais notamment beaucoup aimé Plus jamais ça, de l'Espagnol Andres Trapiello.
SupprimerDéjà vu chez Kathel, tu enfonces le clou.
RépondreSupprimerJ'avais noté ce roman quelque part. A voir, si je le trouve à la bibliothèque je le prendrai peut-être. Le sujet m'intéresse bien en tout cas. :)
RépondreSupprimerComme moi, alors ! Je lis volontiers les romans sur ce sujet. :-)
SupprimerLa guerre d'Espagne a été le sujet de romans magnifiques, celui-ci a l'air très bon.
RépondreSupprimerIl se lit très bien, en tout cas.
Supprimer(Je ne sais pas si mon premier commentaire est passé!)
RépondreSupprimerJe disais que malheureusement c'est une période que je connais fort peu, ce roman peut être une bonne alternative!
Effectivement. Pas tant sur les événements eux-mêmes et leur chronologie, mais sur les traces qu'ils ont laissées sur la société espagnole.
SupprimerAhhh mais oui je me souviens qu'à sa sortie il me tentait beaucoup celui-ci (et puis d'autres sont passés avant ...). J'aime de plus en plus ces récits qui nous replonge dans l'Histoire surtout quand ils traitent d'événements ou de périodes souvent survolés, jadis, dans notre jeunesses d'étudiant (Espagne, Chili, Cuba ...). Je me le note cette fois.
RépondreSupprimerReplongent ... Jeunesse ... (Ouh là la barre des 23h est passée...)
SupprimerMais oui, nous avons de toute évidence les mêmes centres d'intérêt !
Supprimer(Et ne t'inquiète pas, je connais souvent le même effroi que toi UNE FOIS que j'ai appuyé sur "Envoyer" ;-)