Serge Joncour
Flammarion, 2016
Prix Interallié 2016
Joncour nous revient avec un roman à l’ambiance intimiste. Hautement réconfortant.
Il y a deux ans, j’avais tellement aimé L’écrivain national que je ne pouvais passer à côté du nouveau livre de Serge Joncour. J’avais en effet été époustouflée par sa capacité à entremêler réel et fiction pour jouer avec son lecteur. Il change aujourd’hui de registre pour nous proposer un roman à la facture plus classique.
Il s’agit plus précisément d’une histoire d’amour entre deux individus que tout devrait opposer : classes sociales, modes de vie, centres d’intérêt, Ludovic et Aurore ne partagent rien, si ce n’est un sentiment de solitude, voire d’abandon de la part de leur propre famille. Ludovic est un fils d’agriculteurs venu vivre à Paris après la mort de sa femme, survenue trois ans auparavant. Aurore est quant à elle une styliste reconnue, dirigeant son entreprise, mariée à un brillant et riche homme d’affaires américain. Tous deux habitent dans le même immeuble - mais pas du même côté de la cour. Aurore loge côté rue, façade rutilante et vastes appartements loués à la journée aux touristes fortunés, tandis que Ludovic est relégué à l’arrière, dans un bâtiment vétuste et sombre où cohabitent les loyers 48...
Ces deux êtres vont pourtant se rencontrer et être irrésistiblement attirés l’un par l’autre. Aurore, qui souffre du manque d’attention que lui témoigne désormais son mari et qui se débat dans de graves difficultés économiques pour maintenir son activité à flot, trouve en Ludovic, ce colosse terrien que rien ne semble pouvoir ébranler, un réconfortant refuge. Quant à Ludovic, il est séduit par la grâce et la fragilité de cette jeune femme qu’il a immédiatement envie de protéger.
Résumée ainsi, l’intrigue pourrait paraître mièvre et quelconque. Pourtant, Joncour installe une atmosphère ouatée au cœur de ce Paris trépidant et froid qui nous est familier. A travers ses deux héros en quête mutuelle de chaleur humaine, il personnifie deux mondes. L’un est rural, évoluant au rythme de la nature et parfaitement étranger à l’effervescence urbaine qui engendre anonymat et absence de communication. Il est local et ne s’est étendu que par accident à la capitale. L’autre est en perpétuelle effervescence et son domaine ne connaît nulle frontière : vacances ou affaires, tout se joue aux quatre coins de la planète. Mais dans l’un comme l’autre univers s’exerce une forme de violence et règne l’exclusion.
Une même soif d’écoute et d’entraide anime les deux héros. Ils apparaissent l’un pour l’autre comme une bouée à laquelle ils éprouvent le même besoin de s’accrocher pour ne pas sombrer. Car quelle que soit la force que l’on possède, qu’on la tire d’une imposante stature physique ou de la fortune qui permet de faire face aux difficultés, il arrive un moment où cela ne suffit plus. Vient en effet un moment où l’on a simplement besoin de se reposer sur quelqu’un pour y puiser une force vitale.
Joncour prête ainsi vie à des personnages très attachants, qui nous invitent à ralentir le rythme et à renouer avec des valeurs simples. Un roman plein d’humanité, très agréable à lire et qui fait du bien.
Moi aussi j'avais beaucoup aimé "L'Ecrivain National" et j'avais très envie de lire celui-ci, mais je dois dire que le résumé m'avait un peu refroidi, ça sonnait très "le mec de la tombe d'à côté"! je suis rassérénée par ton billet :)
RépondreSupprimerJe n'ai pas lu Le mec. Mais je suis d'accord avec toi, si je n'avais pas eu un a priori (très) favorable sur Joncour, la quatrième ne m'aurait probablement pas incitée à elle seule à le lire.
SupprimerIl me fait drôlement penser à son avant-dernier titre, "L'amour sans le faire" que j'avais beaucoup aimé. Deux êtres qui se rapprochent, dans ce cas, liés par une relation très fort,sans être de l'amour (si mes souvenirs sont bons, il s'agit de beaux frères, belles soeurs). Très tentant ce nouveau titre que tu décris joliment :) Je n'ai pas lu L'écrivain national par contre.
RépondreSupprimerJe te conseil L'écrivain national. C'est un roman très différent. Je trouve que c'est une grande qualité chez un écrivain que de savoir se renouveler et ne pas écrire toujours le même livre.
SupprimerUn roman qui est dans ma liste pour cette rentrée littéraire et ton avis me conforte dans le souhait de le lire. Un roman qui, au vu de ta description, a l'air doux et apaisant malgré le mal-être premier de ces personnages.
RépondreSupprimerOui, il y a une atmosphère très particulière dans ce roman. C'est comme une parenthèse de douceur, comme si le temps ralentissait. Cela fait du bien.
SupprimerUne de mes prochaines lectures...
RépondreSupprimerCela ne m'étonne pas Joëlle. J'irai bien évidemment te lire.
SupprimerJe n'ai pas été tentée par "l'écrivain national", par contre le thème de celui-ci me parle davantage. Je retiens, même si je me sens loin de la rentrée littéraire pour le moment.
RépondreSupprimerElle devrait pourtant bien vite te rattraper ;-)
SupprimerCe titre-là aurait, je pense, plus de chances en effet de te plaire que le précédent.
Je ne connais pas cet écrivain mais ce que tu en dis invite à la découverte.
RépondreSupprimerLe thème ainsi que ce joli titre pourraient bien faire passer ce livre entre mes mains.
Heureuse de te l'avoir fait découvrir !
SupprimerJe l'ai lu aussi, je l'ai bien aimé, mais je n'ai pas autant accroché que toi (un peu du mal à rentrer dans le romans, quelques longueurs), néanmoins une belle découverte
RépondreSupprimerPour ma part, je suis immédiatement rentrée dedans. C'est une question de sensibilité personnelle...
SupprimerIl est dans mes envies de la rentrée celui-ci, et l'ambiance qui transparaît au fil de ta chronique me plaît bien et me conforte dans mon choix... Ce sera mon premier Joncour (et oui !)
RépondreSupprimerC'est toujours un merveilleux moment de découvrir un auteur. Mais là, je ne t'apprends rien ;-)
SupprimerNoté dans mes achats futurs!
RépondreSupprimerCela ne me surprend guère, Clara !
SupprimerJ'avais beaucoup aimé "L'écrivain national", avec lequel j'avais découvert l'auteur (dont les romans ne m'avaient pas tentée jusque là), donc je poursuivrai peut-être avec celui-ci (même si, une histoire d'amour, c'est moins original, ce que tu en dis est tentant).
RépondreSupprimerComme toujours, tout dépend du traitement...
SupprimerJe n'avais pas été hyper emballée par "L'amour sans le faire", il m'avait manqué un tout petit quelque chose, donc celui-ci n'est pas dans ma priorités (et en plus il figure dans presque toutes les listes des romans indispensables de la rentrée et ça m'agace !)
RépondreSupprimerEn effet, ce roman-là ne manquera probablement pas de lecteurs...
SupprimerIl risque de rafler pas mal de prix celui là, sur ma liste du coup, il m'intrigue ! ;-)
RépondreSupprimerEn tout cas, je pense qu'il va rencontrer pas mal de lecteurs, et c'est bien là l'essentiel.
SupprimerPour ceux, celles qui veulent en lire plus sur L'amour sans le faire, L'écrivain national et ce dernier roman, voir sur le site de La revue Traversées, les chroniques de Nadine Doyen et l 'entretien avec l'auteur pour L'écrivain national.Vous n'hésiterez plus,et vous les recommanderez à votre tour.
RépondreSupprimerMerci Delphine pour cette chronique. Tu m'as convaincue de lire Joncour....une magnifique découverte pour accompagner ma rentrée.
RépondreSupprimerOh ça me fait vraiment plaisir ce que tu me dis là, Faten ! J'ai hâte qu'on puisse se retrouver pour parler de nos lectures… et de bien d'autres choses. On a un sacré retard à rattraper !
SupprimerAh oui ! tes billets m'encouragent tous les jours à consacrer du temps à la lecture. trop bon :)
RépondreSupprimerRose de confusion je suis. Tu sais que rien ne peut faire davantage plaisir à une blogueuse que de tels mots !
Supprimer