Entretiens

samedi 5 mars 2016

Ap. J.C.

Vassilis Alexakis

Folio (Première édition : Stock, 2007)


Grand prix de l’Académie française 2007


D'Athènes au mont Athos en passant par l'île de Tinos, Alexakis nous donne à voir une image riche, vivante et passionnée de la Grèce.

Vassilis Alexakis écrit depuis des années en français. Si bien, d’ailleurs, qu’on a du mal à croire que ce n’est pas sa langue maternelle, le titre d’un de ses livres, justement, que j’avais lu à sa sortie en 1995, où il évoquait sa relation avec son pays d’origine.
Mais la Grèce, où il est né et qu’il a quittée après le putsch des colonels, reste chère à son cœur et il y fait de fréquents séjours. C’est elle qui est au centre de bon nombre de ses romans, et de Ap. J.C. en particulier. A la lecture de la quatrième de couverture, ce roman m’est apparu comme le guide idéal pour poursuivre l’exploration de la Grèce et de sa littérature.
Le seul prénom de son héroïne était pour moi une invitation au rêve et au voyage : peut-on raisonnablement tourner le dos à un personnage nommé Nausicaa ? Agée de près de quatre-vingt-dix ans, celle-ci charge le jeune étudiant qu’elle héberge, originaire de l’île de Tinos, de faire des recherches sur le mont Athos pour, peut-être, y retrouver son frère aîné dont elle reste depuis près de cinquante ans sans nouvelles.

J’avais déjà entendu parler du mont Athos, cette presqu'île dotée de pas moins de vingt monastères, mais je ne le connaissais pas vraiment. En suivant le héros dans son enquête, au cours de laquelle il lit de nombreux livres, interroge des journalistes, des universitaires et des moines orthodoxes, on découvre peu à peu la physionomie de cette roche située au nord du pays, à quelques encablures de Thessalonique, qu’aurait jetée le géant Athos à la face de Poséidon... ou l’inverse, selon une autre légende.

© levoyageinachevé.com
© levoyageinachevé.com

On découvre surtout le poids d’une communauté sur la vie politique du pays, son influence et ses dogmes, hérités d’un temps que l’on aurait cru révolu. Bénéficiant d’un statut autonome, elle est dispensée de payer des impôts ; il faut un visa particulier pour y accéder, et le nombre de visiteurs y est extrêmement limité, les moines vivant reclus pour se consacrer exclusivement à la prière. En aucun une femme ne saurait pénétrer sur ce territoire, où domine la règle de l’abaton qui en interdit la présence et que ni les gouvernements grecs successifs - même à l’époque des socialistes - ni la commission européenne n’ont pu - ou voulu - proscrire !

Par ses réflexions et ses errances mentales, le héros d’Alexakis nous entraîne dans une Grèce tour à tour millénaire et contemporaine, il en révèle les multiples visages, revient sur différents épisodes de son histoire, ses relations avec Byzance et brosse par là-même un portrait vivant, émouvant et coloré de son pays qu’il aime, mais dont il ne tait ni les failles ni les faiblesses.










18 commentaires:

  1. Tout à fait le genre de livre qui doit inciter au voyage. Cette Nausicaa de 90 ans m'attire car je connais une petite fille qui se prénomme ainsi (son petit frère d'appelle Priam...) ;-)

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  2. "La langue maternelle" m'attend dans ma PAL ; je note celui-ci qui me paraît fort intéressant.

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    1. Il y a vraiment une atmosphère dans les livres d'Alexakis, quelque chose de doux et d'un peu onirique par moments... Et celui-ci est en effet très intéressant sur le plan de l'histoire et du rapport que la société grecque entretient avec celle-ci.

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  3. Voilà qui me tente beaucoup, je l'ajoute à mon programme de l'année :-)

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  4. Le voyage semble passionnant ! Je le garde dans un coin de ma tête pour cette année grecque.

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    1. C'est un beau voyage en effet. Alexakis parvient vraiment à susciter des images, des impressions, des ambiances...

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  5. J'ai découvert tardivement Alexakis avec La Clarinette... Il faut vraiment que je me plonge dans son œuvre. Pourquoi pas avec celui-ci ?

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    1. Et bien, c'est sûrement sur ton blog que j'ai vu récemment un billet sur ce titre. Pour ma part, je n'avais pas accroché à La clarinette. J'ai en revanche apprécié celui-ci pour son ambiance et la richesse du propos.

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  6. Encore la Grèce, c'est une thématique ? :-)
    Je vais tâcher de ne pas me laisser tenter...

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    1. Oui, Papillon, C'est l'année grecque !
      https://www.facebook.com/groups/752851148152069/
      Personnellement, je n'ai pas pu y résister ;-)

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  7. Dire que je n'ai aucun roman grec dans ma pal. Mais tu vas me donner un max d'idées à force ;)

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  8. J'ai beaucoup aimé "La clarinette", un roman plus mélancolique que celui-ci sans doute. Mais le regard d'Alexakis sur son pays natal et ce fameux mont Athos sont de bons atouts pour celui-ci, c'est noté.

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    1. J'avais moins accroché à La clarinette, mais il se dégage toujours quelque chose de subtil et de touchant des livres d'Alexakis. Celui-ci m'a en tout cas convaincue.

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  9. J'ai une tendresse pour cet auteur qui en plus, fait des dédicaces magnifiques (texte et dessin).

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    1. C'est vrai. J'en ai une très jolie et très poétique sur mon exemplaire de La langue maternelle !

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