Les années rouge et noir
Gérard Delteil
Le Seuil, 2014
Une honnête chronique sociale de la France de l'après-guerre à la fin des années 70
Gérard Delteil, auteur prolifique s’il en est, signe ici une chronique sociale des Trente Glorieuses. De la fin de la guerre aux années 70, on suit le cheminement personnel, professionnel et politique de différents personnages incarnant chacun une figure archétypale de la société de cette époque : Anne Laborde, ancienne résistante, gaulliste convaincue qui fera carrière dans les ministères; son frère Jean-Pierre, qui choisit l’autre camp et deviendra par la suite un membre actif de l’extrême droite française; Alain Véron, frère d’un militant communiste assassiné en 1944, qui, un peu malgré lui, s’engagera pour des causes telles que l’indépendance de l’Algérie et la reconnaissance de l’homosexualité; Aimé Bacchelli, l’ancien collabo qui, après une période de purgatoire, réussira à devenir un homme d’influence; enfin Petit Louis, l’ouvrier communiste et cégétiste qui sera de toutes les grèves et de toutes les luttes, espérant le Grand soir...
A travers cette vaste fresque, l’auteur met en lumière les stratégies des différents chefs de file syndicaux et politiques, les choix et les compromis; il évoque les conditions de la création du SAC et de l’OAS; il nous rappelle la violence du climat qui régnait à Paris au moment de la guerre d’Algérie; on voit aussi apparaître les prémices des traitements de données informatiques, d’une forme de management totalement cynique tout droit venue des Etats-Unis... bref les balbutiements de ce qui fait notre quotidien d’aujourd’hui.
C’est donc un panorama très complet et sans fausse note que nous offre Gérard Delteil. Cette chronique se lit sans aucune difficulté et, pour les plus anciens, ne doutons pas qu’elle fera remonter plus d’un souvenir à la mémoire. Le tout dans une facture très - à mon goût, je serais tentée de dire un peu trop - classique. Personnellement, il me semble que le roman aurait gagné en intensité à être un peu moins lisse, un peu plus nerveux... Il reste cependant un témoignage intéressant et bien documenté, qui peut valoir la peine d’être lu si l'on souhaite se replonger dans cette période.
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