Le dernier lapon
Olivier Truc
Points Seuil, 2013
Prix Quais du polar 2013
Prix Mystère de la critique 2013
☀
Premier roman d’un journaliste français correspondant permanent en Suède, ce polar a le mérite de nous faire voyager dans une région du monde plutôt méconnue : la Laponie. Bien sûr, lorsqu’on évoque ce nom, l’imagination va bon train. Surgissent d’immenses étendues neigeuses, des troupeaux de rennes, des aurores boréales... Mais que sait-on vraiment de ce qui se cache derrière ces images d’Epinal ?
C’est ce que s’attache à nous faire découvrir Olivier Truc, au travers d’une intrigue policière mêlant le meurtre d’un éleveur de rennes et le vol d’un précieux tambour traditionnel de chaman. Tout au long de quelque 450 pages, nous sommes conviés à suivre les pas d’un policier sami - autrement dit lapon - nommé Klemet et de sa jeune coéquipière Nina, dans les steppes enneigées.
L’histoire et les conditions d’existence d’un peuple sont ainsi retracées : on apprend tout des convoitises suscitées par les immenses richesses minières de ce territoire, qui ont amené les Suédois à coloniser les Lapons. Cela ne s’est évidemment pas fait sans douleur, et l’on apprend aussi qu’il a pu y avoir des luttes entre autonomistes samis et partis d’extrême-droite. L’auteur met en lumière les tensions existant entre les tenants d’une certaine tradition et ceux qui souhaitent profiter des apports modernes. Il dépeint également avec force détails les rites et le folklore de ce peuple vivant dans des conditions extrêmes. C’est là toute la force de ce roman, très documenté. Olivier Truc nous donne à entendre les joïk, les chants traditionnels, il nous fait entrer sous les gumpi, l’habitat des Samis... Il excelle à peindre le tableau vivant du Grand Nord.
Il y a quelques morceaux de bravoure, comme lorsque les habitants guettent le retour du soleil, apparaissant pour quelques minutes à peine, après les interminables semaines de nuit polaire.
Tel est le cadre, fort instructif et dépaysant, de ce roman.
En ce qui concerne l’enquête policière, j’avoue ne pas avoir été totalement captivée. Le rythme est assez lent, les éléments peinent à se mettre en place et j’avoue avoir mis un certain temps à rentrer pleinement dans l’histoire. Il me semble que le roman aurait gagné à être un peu plus resserré. En bref, j’ai connu des polars plus haletants.
Toutefois, il ne s’agit que de mon avis personnel, et je me dois de faire écho aux nombreux lecteurs qui ont apprécié le sel de cette intrigue et qui se sont exprimés sur la Toile, sur le site de Babelio ou ailleurs.
Alors, si vous êtes tenté par un petit tour en terre polaire, à vous de vous faire votre propre idée !
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