Entretiens

samedi 7 septembre 2013


Les évaporés

Thomas B. Reverdy

Flammarion 2013



 


Avec ce livre, Reverdy nous invite à un voyage au Japon. A travers le regard d'un Américain et d'une Japonaise revenant dans son pays après plusieurs années d'absence, il nous offre un tableau riche et non dénué d'intérêt, mais aussi un roman manquant un peu de densité.


J’avoue qu’il m’est assez difficile de faire une critique de ce livre. Il fait partie de ceux, en demi-teinte, que j’ai lus sans déplaisir, mais aussi sans enthousiasme et dont je sais déjà que je l’oublierai très vite. Comme une sorte de zone grise en somme. Ce n’est déjà pas si mal, me direz-vous: il y a tant de romans indigestes ou insipides impossibles à lire jusqu’à leur terme...

C’est le sujet qui m’a interpellée. J’ignorais totalement que le phénomène des disparitions volontaires fût développé au Japon, au point que ceux qui font ce choix de disparaître du jour au lendemain portent un nom : celui d’ «évaporés». Pour surprenante que cette démarche puisse paraître, du moins à nos yeux d’Occidentaux, elle semble relativement banale au pays du soleil levant.
C’est du moins ce que nous apprend l’auteur. Et c’est par le biais de ce phénomène que Reverdy a choisi de nous parler de ce pays, dans lequel il a lui-même séjourné, y trouvant matière à nouer les fils d’une sorte d’enquête policière et d’une quête personnelle d’identité.
Il use du ressort du décalage culturel pour dérouler le fil de son récit. Il associe donc une héroïne japonaise - la fille de celui qui a choisi de se retirer du monde - à un protagoniste américain - l’ex-petit ami de cette dernière, un obscur détective privé. Toutefois, on tombe assez vite dans le cliché : belle et délicate, Yukiko incarne l’archétype de la Japonaise, tandis que Richard, caractère fruste et physique ingrat, concentre tous les attributs du parfait yankee. Les deux individus formant un couple hautement improbable. 
C’est néanmoins l’occasion de brosser le portrait d’un pays reposant sur des fondements ancestraux, mais aussi meurtri par les catastrophes, naturelles ou non, comme celle de Fukushima. 

Dans ce livre, Reverdy mêle des pages de réflexions intéressantes et pertinentes sur le Japon, son histoire, ses composantes sociales, mais il se perd par moment dans des clichés ou dans des considérations gratuites, qui donnent juste l’impression qu’il se regarde écrire. Par exemple «C’est un paysage désolé. Une désolation. Evidemment, ça ne veut rien dire. Un paysage ne pense pas, il ne peut pas être «désolé». Et même vous qui êtes là et qui le regardez, à vrai dire vous ne pouvez pas être «désolé» pour un paysage, seulement pour les gens qui vivaient là et dont il ne reste rien. Vous songez qu’il n’y a pas de catastrophe naturelle. Juste des tragédies humaines, provoquée par la nature à qui tout cela est bien indifférent.» (p.181).
Sa peinture de la région ravagée par la catastrophe nucléaire offre parfois des pages d’une grande sensibilité.

Toutefois, au final, je reste sur un sentiment mitigé, celui d’avoir lu un texte inégal, non dénué de qualités, mais manquant certainement de puissance.








10 commentaires:

  1. Jusqu'à maintenant j'avais vu surtout des billets élogieux... mais ce roman m'intrigue je vais sans doute le lire pour me faire mon propre avis! Bienvenue dans le challenge!

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    1. Merci !
      En effet, ce livre a beaucoup de bonnes critiques, et je lui reconnais des qualités. Mais il ne m'a pas emportée. Des images et des réflexions très intéressantes sur le Japon - malgré les clichés - mais je n'ai pas été vraiment convaincue par les principaux protagonistes...
      Le mieux en effet est de te faire ton propre avis !

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  2. Bonjour Delphine.
    Je partage ton impression sur ce roman que j'ai trouvé plaisant à lire mais qui -à mon avis- ne mérite pas de déchaîner autant de passion. Personnellement je le conseille si l'on veut passer un bon moment de lecture mais pas comme un livre révolutionnaire !
    Bon challenge !

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  3. Bonjour Lili M
    Ah ça me rassure, à voir toutes ces critiques je commençais à me dire que j'étais passée complètement à côté de ce roman !!!

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  4. J'ai un titre plus ancien de cet auteur sur ma pile à lire, votre avis me refroidit... alors que justement, je me proposais de le lire en cette rentrée littéraire, en écho à cette nouvelle publication. A voir, alors!

    Et je découvre votre blog, grâce à Sophie - je vais l'explorer un peu.

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  5. Bonjour
    Mon avis n'est pas négatif, je peux être bien plus tranchante que cela ! Ce n'est pas un mauvais livre. Simplement, il croule sous les commentaires ultra-élogieux et cela me semble, personnellement et pour les raisons que j'ai exposées, un peu démesuré.
    Mais bien des personnes ont beaucoup apprécié ce livre...
    N'hésitez pas revenir en dire quelques mots si vous le lisez !
    A bientôt

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  6. Je n’ai pas du tout aimé ce livre. Cela manque de profondeur, les clichés sont insupportables. Seuls les destins de Kaze et Akaiu m’ont plu. Et l’écriture... j’ai eu mal aux yeux !

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  7. bonjour,
    à la lecture des différents commentaires je m'aperçois que je partage le sentiment général
    un roman qui se lit sans déplaisir et qui donne à voir une certaine sociologie du Japon au travers des 2 personnages Kaze et Akaiu qui auraient peut-être mérités plus de développement , en revanche les 2 autres personnages sont inconsistants
    bonne lecture quand même
    Célestine

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  8. On est à quelques pages seulement du coup de cœur mais on regrette quelques longueurs, quelques énumérations un peu fastidieuses : la belle et fluide prose de Thomas B. Reverdy gagnerait à un petit dégraissage pour être tout à fait maîtrisée et en parfait accord avec un sujet aussi âpre que celui qui est évoqué dans ces pages.
    Finalement et contrairement à ce que l’on pouvait craindre, les pages sur la région dévastée par le tsunami et ruinée par la radioactivité s’avèrent les plus intéressantes : bien écrites et plutôt réalistes, évitant les couplets écolos redoutés, elles nous dépeignent le monde d’après.
    C’est pas joli-joli et ceux qui croyaient encore nos sociétés les plus modernes et les plus avancées peut-être au moins capables de gérer ce genre de catastrophes seront bien déçus. C’est désespérant.
    Bien plus que le cataclysme lui-même, contre lequel malheureusement on ne peut rien, l’incurie de nos sociétés est affligeante : on ne vous en dit pas plus pour ne pas trop dévoiler de l’intrigue et pour vous laisser le plaisir de la lecture, mais les évaporés …
    Un regard de plus d’un occidental sur ce Japon extrêmement oriental, mais un regard extrêmement sombre et désabusé. Et un Japon qui ressemblerait bien à un miroir …

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  9. Je suis d'accord pour dire que ce livre a des qualités, mais, apparemment, j'ai été davantage encore que toi gênée par ses défauts.
    Merci pour ce joli commentaire.

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