Cécile Balavoine
Mercure de France, 2017
Voyage au bout d'une passion
Décidément, après Van Gogh, voici qu’il m’a été donné l’occasion de lire, grâce au groupe des 68 Premières fois, un autre texte inspiré par un monstre sacré. C’est du côté de la musique, cette fois, que l’auteure est allée chercher l’inspiration. Un art qui m’est sans doute moins familier que la peinture, puisque j’avoue fréquenter avec beaucoup plus d’assiduité les musées que les salles de concert. Mais avec Mozart, puisque c’est de lui qu’il s’agit, je me sentais tout de même en terrain connu...
Depuis sa plus tendre enfance, Cécile, la narratrice, a une passion : Mozart. Et quand je dis passion, je devrais plutôt parler de dévotion. Car Cécile ne se contente pas d’écouter Sa musique, dont elle connaît chacune des pièces. Elle a lu toute Sa correspondance, a passé des vacances à Salzbourg, où elle a bien entendu visité Sa maison natale, avant d’y retourner plus tard poursuivre des études. Elle sait à quelle période de Sa vie correspond chaque morceau, dont elle ressent jusque dans sa chair les émotions qui y sont liées. Ne vous étonnez pas de cette graphie : c’est celle qu’emploie l’auteure lorsqu’elle évoque Celui qui occupe constamment son esprit. Car je ne dirais pas que Cécile aime Mozart. Non, elle est habitée par Lui.
Mais cette obsession, elle le sait, est difficilement concevable et compréhensible. Elle a donc appris à la dissimuler. A l’adolescence, lorsqu’on l’interrogeait sur ses goûts musicaux, elle affirmait écouter Police... mais faillit bien un jour se trahir lorsqu’elle alla jusqu’à prétendre qu’en revanche elle n’aimait pas Sting !
Parvenue à l’âge adulte, Cécile semble avoir réussi à imposer une distance entre elle et l’objet de son admiration. Mozart a cessé de hanter ses jours et ses nuits. A l’aube de ses quarante ans, elle a enfin ouvert son cœur à un homme et semble même en passe d’envisager une liaison stable avec lui.
Jusqu’au moment où elle entre en contact avec Maestro.
Dans un cadre professionnel, elle est amenée à interviewer un illustre chef d’orchestre. Bien que l’entretien se déroule par téléphone, entre eux s’opère immédiatement une étonnante alchimie. Ils parlent le même langage, vibrent des mêmes émotions, la musique confère à leur vie une égale intensité. Ils entrent aussitôt en communion, et Cécile retrouve avec Maestro la ferveur qui l’avait un instant quittée...
Etonnante déclaration d’amour à la musique et à l’incarnation du génie artistique qu’est Mozart, ce texte écrit d’une plume trempée dans l’encre de la passion se révèle parfois troublant, tant l’héroïne semble possédée par un feu dévorant. Il y a dans ce texte un caractère mystique qui cherche désespérément à s’incarner. Mais c’est bien la rencontre entre ces deux dimensions qui donne à ce texte sa puissance et son charme singulier.
Et pour ceux qui voudraient prolonger leur lecture, une exposition sur Mozart se tient actuellement à Paris, à la bibliothèque-musée de l'Opéra
De la bombe de Clarisse Gorokhoff, Gallimard
Elle voulait juste marcher tout droit
Le coeur à l'aiguille de Claire Gondor, Buchet-Chastel
de Stéphanie Kalfon, Joëlle Losfeld De la bombe de Clarisse Gorokhoff, Gallimard
Elle voulait juste marcher tout droit
de Sarah Baruck, Albin Michel
La plume de Virginie Roels, Stock
La sonate oubliée de Christiana Moreau, Préludes
La téméraire de Marie Westphal, Stock
La tresse de Laetitia Colombani, GrassetLe coeur à l'aiguille de Claire Gondor, Buchet-Chastel
Maestro de Cécile Balavoine, Mercure de France
Marguerite de Jacky Durand, Carnets Nord
Marx et la poupée de Maryam Madjidi, Le Nouvel Attila
Mon ciel et ma terre de Aure Attika, Fayard
Ne parle pas aux inconnus de Sandra Reinflet, Jean-Claude Lattès
Nous, les passeurs de Marie Barraud, Robert Laffont
Outre-mère de Dominique Costermans, Luce Wilquin
Presque ensemble de Marjorie Philibert, Jean-Claude Lattès
Principe de suspension de Vanessa Bamberger, Liana Levi