Abha Dawesar
Heloïse d’Ormesson, 2016
Traduit de l’américain par Laurence Videloup
Entre deux cultures, une jeune femme tente de tracer son propre chemin.
Poursuivant la préparation de ce qui sera ma toute première venue au festival América de Vincennes, en septembre prochain, j’ai à nouveau pioché parmi les auteurs invités. J’avoue n’être pas spécialement férue de littérature américaine - bien que j’en lise régulièrement - si bien que je me suis pleinement laissée guider par le hasard et le feeling pour orienter mon choix. Comme je suis au contraire particulièrement friande de culture indienne, lorsque j’ai trouvé le livre d’Abha Dawesar à la bibliothèque, je n’ai pas hésité une seconde.
Cette auteure, née à Delhi en 1974, vit aujourd’hui aux Etats-Unis, où elle a fait ses études. C’est dire si la rencontre - voire la collision - de deux cultures lui est un sujet familier. Un sujet qu’elle a placé au centre de son dernier roman.
Uma est une jeune femme comme bien d’autres, qui partage un petit appartement avec son amoureux, Thomas, occupe un emploi stable, sort avec ses amis... Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, jusqu’au moment où elle tombe enceinte. Thomas irradie de bonheur à l’annonce de cette nouvelle pourtant inattendue. Pour Uma, c’est une autre histoire : comment annoncer cet événement à ses parents, alors même qu’ils ignorent l’existence de Thomas, eux qui ne rêvent que de la marier à un Indien qu’ils choisiront eux-mêmes.
Soudain, le fragile équilibre qu’avait réussi à se construire Uma s’effondre. Thomas la presse d’affronter ses parents, d’autant qu’elle pourrait être porteuse d’une maladie génétique susceptible d’atteindre à son tour le bébé. Un dépistage de chacun des membres de la famille se révèle donc incontournable...
Mais Uma panique. Les souvenirs d’enfance remontent à sa mémoire. Abha Dawesar distille dans son récit de nombreux épisodes de l’enfance de son héroïne, éclairant ainsi progressivement sa personnalité. Elevée au sein d’un couple dont la relation repose sur un étonnant cocktail d’amour et de violence, ayant été témoin des étreintes de ses parents comme des agressions de son père à l’égard de sa mère, Uma n’a d’autre choix que de les fuir pour enfin échapper à leur emprise.
Abha Dawesar évoque cette difficulté de manière très fluide, sait rendre son héroïne attachante et le tout est assez agréable à lire, même si je ne ferais pas de ce roman un indispensable.
Au-delà des fossés culturels qui peuvent certes exister, mais cependant aussi être fort bien dépassés, ce roman évoque surtout la difficulté à s’émanciper d’une tutelle parentale qui peut parfois se révéler extrêmement pesante et invalidante. Prendre son envol pour chercher sa voie propre : une étape nécessaire à laquelle chacun se trouve un jour ou l’autre confronté…
Abha Dawesar sera présente au festival America de Vincennes, qui se tiendra du 8 au 11 septembre