Quand nous étions révolutionnaires
Roberto Ampuero
JC Lattès, 2013
Roman traduit de l'espagnol par Anne Plantagenet
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Avec ce texte, l'auteur nous livre un témoignage sincère, loin de toute caricature, sur la perte des illusions révolutionnaires.
Ce livre nous emmène tout droit à Cuba, au début des années 1970. Le héros de ce roman largement autobiographique est un jeune Chilien âgé d’une vingtaine d’années. Militant communiste, il se voit contraint de fuir son pays au lendemain du putsch de Pinochet. Animé par l’ardent désir de voir le socialisme triompher en Amérique latine, il se réfugie en RDA où il souhaite étudier.
C’est à Leipzig, à la Karl Marx Universität qu’il lit Marx et Lénine, et c’est là surtout qu’il tombe amoureux d’une certaine Margarita, la fille du commandant Ulises Cienfuegos, l’un des compagnons de route de Fidel Castro. Voilà comment il se retrouve à La Havane, le coeur gonflé d’amour et la tête pleine d’un idéal révolutionnaire.
Hélas, on s’en doute, ce qui nous est conté, c’est la façon dont, confronté à la réalité de la vie des Cubains - avec son lot de manque de nourriture, de privation de liberté, de censure - ce Chilien va perdre peu à peu toutes ses illusions.
Ce qui est particulièrement intéressant dans ce livre, c’est que l’on suit le cheminement psychologique d’un homme. Il est au départ animé d’une telle foi en la Révolution et en l’idéal socialiste qu’en dépit de ce qu’il découvre en RDA, puis à Cuba, il peine à accepter cette réalité. Il cherche longtemps des explications, des justifications pour ne pas voir s’écrouler ce qui donne un sens à sa vie. Ainsi, si le régime de la RDA n’est pas bénéfique pour son peuple, c’est parce que celui-ci n’en a pas été l’acteur, mais qu’il lui a été imposé par les Russes ; l’intransigeance de Fidèle Castro trouve quant à elle sa raison d’être dans le combat sans merci que se livrent le socialisme et les dictatures d’extrême-droite souvent soutenues par les Américains.
Mais la faim, la privation de liberté, les privilèges accordés à une caste dirigeante finiront par avoir raison de ces utopies.
Ce livre est convaincant car il ne s’agit pas d’une condamnation d’emblée du régime, mais avant tout d’une tranche de vie qui s’ancre dans un contexte historique. Les personnages jouent leur vie et l’on comprend comment ont pu naître certains espoirs. Enfin, comme le mentionne la quatrième de couverture, tout cela est exprimé « avec esprit, entre mélancolie et humour ».
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