samedi 13 février 2021

Avant elle

Johanna Krawczyk
Héloïse d’Ormesson, 2021



Il ne va pas être facile d’évoquer ce roman sans révéler le ressort de l’intrigue sur lequel il repose. C’est pourtant ce que je vais tenter de faire, afin de ne pas nuire à l’effet de surprise qu’il réserve au lecteur.


Carmen, dans la trentaine, mariée et mère d’une petite fille, est née d’un couple de réfugiés argentins. Après avoir fui son pays, son père s’était enfermé dans un silence qu’il n’est jamais parvenu à rompre. La séquestration, les séances de torture subies sous la dictature… le traumatisme était trop grand pour pouvoir y mettre des mots. Quant à sa mère, elle avait choisi de se donner la mort avant d’honorer la promesse qu’elle lui avait faite de lui raconter leur rencontre.

Afin de mieux comprendre ses parents et de connaître ce qu’avait pu être leur histoire, Carmen n’a eu d’autre choix que de mener des études qui l’ont conduite à devenir une spécialiste de l’Amérique latine. Mais l’absence de transmission et ses nombreuses interrogations restées sans réponses ont toutefois conduit la jeune femme au bord de l’abîme.


Aussi, lorsqu’au lendemain du décès de son père, elle découvre les sept cahiers dans lesquels il a consigné toute sa vie, elle tient enfin la possibilité de découvrir son histoire familiale. Mais est-il toujours bénéfique de lever le voile sur ce qui vous a été caché ?


L’auteure nous donne à lire les pages de ce journal en les entrecoupant des réflexions et des réactions de Carmen qui espère ainsi combler les vides de l’existence de cet opposant à la dictature qu’était son père. Sous la plume de ce dernier, les noms des bourreaux aujourd’hui bien connus prennent corps révélant à la fois les dimensions de cet effroyable régime sous un angle intime, mais aussi la manière dont l’histoire peut parfois être réécrite.


C’est vrai, ce roman se lit d’une traite. Mais, c’est vrai aussi, on voit quand même assez vite arriver le pot-aux-roses. En tout cas si l’on s’intéresse un tant soit peu à l’histoire contemporaine de l’Argentine et si l’on a déjà lu quelques ouvrages à son sujet. Mais si cette histoire ne vous est pas familière, alors ce roman vous révélera l’une des facettes les plus noires et les plus cruelles de cette dictature, dont les conséquences restent aujourd’hui encore très douloureuses au sein de la population.



Un livre sélectionné par Les 68 Premières fois

Premiers romans :

  • Avant elle, Johanna Krawczik (Héloïse d’Ormesson)
  • Avant le jour, Madeline Roth (La Fosse aux ours) 
  • Bénie soit Sixtine, Maylis Adhémar (Julliard)
  • Ce qu’il faut de nuit, Laurent Petitmangin (La Manufacture de livres)
  • Danse avec la foudre, Jeremy Bracone (L’Iconoclaste)
  • Grand Platinum, Anthony Van den Bossche (Le Seuil)
  • Il est juste que les forts soient frappés, Thibault Bérard (L’Observatoire) 
  • Indice des feux, Antoine Desjardins  (La Peuplade)
  • L’enfant céleste, Maud Simonnot (L’Observatoire) 
  • Le doorman, Madeleine Assas (Actes Sud)
  • Le Mal-Epris, Bénédicte Soymier (Calmann-Levy)
  • Les après-midis d’hiver, Anna Zerbib (Gallimard)
  • Les cœurs inquiets, Lucie Paye (Gallimard) 
  • Les grandes occasions, Alexandra Matine (Les Avrils)
  • Les Monstres, Charles Roux (Rivages)
  • Les orageuses, Marcia Brunier (Cambourakis) 
  • Nos corps étrangers, Carine Joaquim  (La Manufacture de livres)
  • Sept gingembres, Christophe Perruchas (Le Rouergue)

Deuxièmes romans :

  • Le sanctuaire, Laurine Roux (Le Sonneur) 
  • Les nuits d’étéThomas Flahaut (L’Olivier) 
  • Over the Rainbow, Constance Joly (Flammarion)
  • Tant qu’il reste des îles, Martin Dumont (Les Avrils)

4 commentaires:

  1. Je suis assez d'accord avec toi sur le côté attendu de l'histoire.Mais, même si j'ai déjà lu sur le sujet, je me suis laissée prendre facilement.

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    1. Bon, je l'ai lu d'une traite, le temps d'une journée. Je suis loin d'avoir passé un mauvais moment. Mais le fait que j'aie en tête d'autres lectures sur la même période a sûrement un peu nui à ma lecture...

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  2. J'ai lu surtout beaucoup d'articles sur cette période de l'histoire. Si je me décide à lire un roman, je pense qu'il y a mieux sur le sujet.

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  3. Je ne te sens pas pleinement convaincue.

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