dimanche 10 janvier 2021

Grande dorsale

Nicolas Defoe
JC Lattès, collection La Grenade, 2021



Je suis intimement convaincue qu’il n’existe en littérature ni bon ni mauvais sujet, et rarement de thèmes inédits. Seulement un regard différent, une voix singulière qui donnent tout son prix à un texte. En choisissant d’évoquer la dictature argentine sous l’angle d’une mystérieuse intrigue trouvant son origine dans un tatouage réalisé de nos jours en France sur le dos d’un quadragénaire, on peut dire que l’auteur de ce roman proposait une approche tout à fait inattendue. 


Du jour au lendemain, un avocat bon teint décide de se faire tatouer, ce qui ne laisse pas de surprendre son entourage. En guise de motif, il choisit un autoportrait réalisé par sa fille lorsqu’elle était enfant. Pour l’aider à supporter la douleur, le tatoueur lui propose un antalgique… qui a pour effet de l’endormir. Et lorsqu’il se réveille, il a dans le dos un visage qui ne correspond aucunement à celui qu’il avait commandé, mais celui d’une jeune fille maquillée à la manière des crânes mexicains pour la fête des Morts. Inutile de préciser que le tatoueur s’est évaporé…

Néanmoins fière de son père, Rose publie des photos du tatouage sur Instagram. Quelque temps plus tard, une femme lui adresse un message privé car elle reconnaît dans ce portrait sa propre fille portée disparue en Argentine…

C’est je début d’une enquête qui va conduire ce père de famille de Buenos Aires à Corrientes, dans le nord de l’Argentine, et le ramener vers les heures les plus noires de l’histoire de ce pays.


Le plus surprenant, c’est que ça fonctionne ! Parce que, franchement, je serais quand même curieuse d’apprendre comment une telle idée est venue à l’auteur, tant elle pouvait sembler fantaisiste. Mais en jouant sur une vivace tradition avant tout mexicaine, mais également propre à certaines régions d’Argentine, l’auteur plonge délibérément son lecteur dans l’univers culturel du pays qu’il souhaite évoquer et élabore une trame fictionnelle qu’il déroule plutôt bien. 

On pourra certes relever ici ou là quelques facilités narratives et regretter que le contexte historique ne soit pas davantage développé, mais ce premier roman inaugure plutôt agréablement ce nouveau label des éditions Jean-Claude Lattès dédié justement à la recherche de jeunes voix littéraires originales, emmené par Mahir Gouven, qui avait lui-même remporté le Goncourt du Premier roman en 2017, avec le très remarqué Grand frère. Espérons qu’il nous offrira de belles découvertes !

4 commentaires:

  1. Une enquête qui pourrait me plaire. Merci pour la découverte.

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  2. C'est assez original comme point de départ c'est vrai. Mais pourquoi pas, si je le vois à la bibli.

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    1. Effectivement, cela m'a suffisamment intriguée pour que je tente le coup, et je n'ai pas regretté : cette lecture fut très plaisante.

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