lundi 12 octobre 2020

Héritage

Miguel Bonnefoy

Rivages, 2020



De la fin du XIXe siècle aux années 1970, c’est près d’un siècle d’histoire de part et d’autre de l’Atlantique que déploie Miguel Bonnefoy… en quelque 200 pages ! De quoi donner le tournis ? Il est certain que l’auteur mène son récit tambour battant. Chacun des chapitres qui le composent relate l’histoire de l’un des protagonistes, qui se passent ainsi le relais, permettant d’avancer dans la compréhension des relations qui les unissent comme dans la chronologie des événements. 


Nous sommes à la veille de la Première Guerre mondiale et nous faisons tout d’abord connaissance avec Lazare Lonsonier, dont le père avait jadis quitté la France après que ses terres avaient été ravagées par le phylloxéra. Comme tant d’autres, il avait alors embarqué pour la Californie dans l’espoir d’y trouver les conditions d’une vie meilleure. Les circonstances en auront décidé autrement, qui le contraindront à s’arrêter au Chili. Il s’y établit, s’y maria, y fonda une famille, léguant au passage à cette dernière l’image mythique d’une France lointaine et le nom d’un oncle aimé. 

Un conflit mondial, puis un second, inciteront ses descendants à rejoindre les troupes de cette patrie de coeur, les marquant de cicatrices indélébiles telles que seule la fréquentation de l’horreur peut en laisser. Une douloureuse expérience que la génération suivante connaîtra à son tour avec la dictature de Pinochet, à travers le personnage d’Ilario Da.


Je confesse bien volontiers que ce parti pris narratif - qui implique en outre de fréquents retours en arrière et quelques redites exigées par les changements de point de vue - a d’abord suscité chez moi une certaine perplexité. Tout cela allait certes très vite. Trop vite peut-être pour que je puisse m’attacher aux personnages. 

Toutefois, en recourant à des motifs se faisant écho, l’auteur donne peu à peu de l’épaisseur à sa trame et nous propose finalement un édifice reposant sur de solides fondations. Plus j’avançais dans ma lecture, plus je me laissais happer par ce récit d’une indéniable originalité qui, en dépit de son rythme trépidant, restitue un grand luxe de détails et laisse également place au réalisme magique, dans la plus pure tradition latino-américaine. Le tout formant une surprenante mais non moins vibrante fresque du siècle écoulé.

13 commentaires:

  1. Un peu trop court à mon goût. C'était mon premier livre de l'auteur, et je suis restée sur ma faim.

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    1. Je peux comprendre qu'on trouve ça un peu court, et je ne sais pas, sur le long terme, ce qui me restera de ce roman. Mais j'ai trouvé sa construction intéressante.

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  2. Malgré la vive sympathie que m'inspire l'auteur j'avais abandonné l'un de ses précédents romans... et puis décidément, les atmosphères latino-américaines ne parviennent toujours pas à me séduire. Désolée Miguel ;-)

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    1. Eh oui, que veux tu, ton coeur restera toujours british et le mien latino ;-) Mais j'aime bien quand tu t'adresses aux auteurs depuis chez moi :-)

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  3. Une lecture qui me tente de plus en plus.

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    1. Comme quoi, ce qui déplaît aux uns séduit les autres... :-)

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  4. il est dans ma PAL aussi après avoir lu pas mal de chroniques enthousiastes...
    le fait qu'il soit court ne me dérange pas car je suis plongé dans "Apeirogon" roman dense dans tous les sens du terme :-)

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  5. J'avoue que j'ai un problème avec cet auteur, à cause de ce que tu signales : ça va trop vite pour moi, je trouve que c'est survolé et je reste sur ma faim. J'en ai testé deux et je crois que je vais m'arrêter là !

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    1. C'était mon premier ! Mais si l'auteur recourt constamment à ce parti pris narratif, ça peut finir par lasser, effectivement.

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  6. Il m'attend, ce sera mon de cet auteur, à voir si je vais y trouver mon compte ou en garder un goût de trop peu...

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  7. Bon, j'en ai un autre de lui dans ma liseuse, je commencerai donc par celui que je possède... un jour.

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