dimanche 5 avril 2020

Miss Laila armée jusqu’aux dents & De rien ni de personne

Manu Joseph

Philippe Rey, 2020


Traduit de l’anglais (Inde) par Bernard Turle




Dario Levanto

Rivages, 2020


Traduit de l’italien par Lise Caillat




Le vendredi qui précéda le confinement, alors que nous pressentions que les mesures qui avaient été prises en Italie allaient bientôt s’appliquer chez nous, je fis un ultime passage chez ma libraire préférée (que j’embrasse et que j’ai hâte de retrouver) pour faire l’acquisition de quelques livres, en nombre plus important que d’habitude : du français, de l’étranger, du roman historique, privilégiant la diversité et l’évasion. Plus ceux que j’avais récupérés à droite à gauche, cela devait me permettre de voir venir...

Un abandon et deux livres plus tard, je dois bien admettre que cette période que je prévoyais faste en lecture est bien loin de ce que j’avais pu envisager ! Le télétravail, surtout lorsqu’il n’a pas été préparé, est tout sauf fun, comme semblent encore le croire certains ! Ajoutez à cela toute la logistique des courses pour une famille composée notamment de deux ados, qui exige dans le contexte actuel de déployer des trésors de stratégie qu’il faut sans cesse réajuster ; l’encadrement du travail desdits ados ; casez au milieu de tout ça un peu d’exercice physique pour éviter de finir comme un vieux chamallow et vous obtenez des journées incroyablement denses... et des douleurs dorsales qui vous privent du plaisir de vous installer dans votre canapé pour vous emparer de votre livre... Il m’aura donc fallu rien moins que deux semaines pour arriver au terme des quelque 217 malheureuses pages que compte le roman indien que je m’étais choisi.

Et que m’en reste-t-il ? Rien. Ou pas grand chose. Mais je n’incriminerais pas le livre, auquel je me suis accrochée comme une naufragée le ferait à une planche pour ne pas couler. Phrase après phrase, paragraphe après paragraphe, relisant parfois deux ou trois fois le même passage que mon esprit se refusait à saisir, j’avançais dans une intrigue qui ne parvint jamais à me happer. 
Il faut dire qu’il y était notamment question d’un homme prisonnier des restes d’un immeuble effondré à la suite d’un tremblement de terre, et imaginer une jeune femme médecin se frayer un passage en rampant dans les décombres pour essayer de l’atteindre afin de lui poser une perfusion en attendant qu’il puisse être délivré était dans le contexte actuel particulièrement oppressant... 

J’ai alors enchaîné avec le court roman d’un auteur italien mettant en scène un jeune garçon dans les quartiers défavorisés de Palerme. Un roman d’apprentissage : l’un de mes péchés mignons ! Et pourtant, là non plus, pas d’émotion, aucune vibration, électrocardiogramme désespérément plat... La découverte par Rosario du monde des adultes n’avait ni la finesse ni la maîtrise dramatique d’un Ammaniti écrivant le génialissime Je n’ai pas peur.. Il faut dire qu’entre un père menant une double vie et vendant sous le manteau des substances illicites, et une mère totalement asservie, les ficelles étaient un peu grosses...

Je me rends compte que cet article ressemble davantage à un épanchement intime qu’à un véritable commentaire littéraire. J’espère que vous ne m’en voudrez pas, mais il est important pour moi de ne pas lâcher prise, de conserver au moins ici un semblant de normalité, de garder le contact et de continuer à parler livres avec vous. D’ailleurs, il me reste quelques réserves (sans compter ma liseuse, et le numérique offre aujourd’hui un horizon aussi vaste qu’enivrant), et je ne désespère pas de revenir par ici avec un regain d’enthousiasme !

En attendant, portez-vous bien et, surtout, prenez soin de vous !

6 commentaires:

  1. Allez, tu vas bientôt croiser la route d'un roman passionnant qui te redonnera goût à la lecture.

    RépondreSupprimer
  2. Et oui, moi aussi j'ai cru un moment que cette période allait être propice à la lecture. Que nenni ! Je mets une dizaine de jours pour lire 300 pages ! Pfff...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. On a perdu tous nos repères et pas mal de certitudes... pas facile. Ça reviendra !

      Supprimer
  3. Même chose pour mois...en 4 semaines, 1 livre et demi...J'avais pourtant ressorti de ma PAL tout un tas de livres prometteurs...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Moi, j'avais fait plein d'emplettes... et j'en ai laissé tomber plusieurs avant la fin... Mais ça repart un peu !

      Supprimer